Du destin tragique de chefs d’état qui croient avoir droit de vie et de mort sur leurs sujets, alors qu’ils doivent gouverner des républiques et non régner sur leurs peuples.
TRIBUNE – Des chefs d’état africains conseillent leurs propres conseillers qui en deviennent des griots qui ne leur disent que ce qu’ils veulent entendre.
Est-ce parce que ces chefs d’état se prennent pour des rois ?
Ou bien que leurs conseillers aient le goût de l’esclavage ?
Probablement un mélange des deux qui fait que des décisions et postures ridicules, clairement sans lendemain, sont prises à la stupéfaction de tout analyste sérieux.
C’est surtout cela qui crée un désert conceptuel et prospectif autour de certains chefs d’état, qui ont appris à n’avoir qu’un seul dribble, pour continuer de s’accrocher au pouvoir, à tout prix.
Mais si un chef d’état qui n’a qu’un seul dribble est stoppé par un seul tacle que ses conseillers-esclaves-courtisants ont peut-être vu venir et n’ont pas eu intérêt à lui signaler, il n’est plus vraiment le maître du jeu.
Ayant perdu le Nord, il devient alors otage du système qu’il a lui-même créé, en ayant cru qu’il était le seul joueur sur le terrain ; que s’il y a trou sur la chaussée, il n’y a que lui qui peut le voir et ; que d’autres n’ont pas de stratégie.
Cela défie toute sorte de bons sens.
C’est pourquoi des décisions de certains chefs d’état ou des actes d’éléments de leur système de déconcentration du pouvoir frisent l’absurde, tant il est évident pour tout analyste sérieux, que cela finira tôt ou tard par causer leur perte à tous.
Ce genre de conseillers constitue donc le plus gros danger pour la stabilité sociale et aussi, pour leurs maîtres.
Ils ne sont pas là pour penser, réfléchir, concevoir et conseiller.
Pourtant, même les syndicats du crime organisé les plus efficaces, se servent des meilleurs stratèges et avocats, pour prendre des décisions tout en se protégeant contre les rigueurs de la loi.
Mais en Afrique, une sorte de complexe de royauté, fait que des conseillers qui ne gagneraient pas leur vie autrement, confortent des chefs d’état dans l’idée qu’ils peuvent dévoyer des institutions républicaines pour instaurer des dictatures de fait, au lieu de faire du développement économique et social inclusif, pour servir leurs populations, gagner leur respect et vivre en paix en quittant le pouvoir.
Or dans n’importe quel pays du monde, le dévoiement prémédité et avéré des institutions républicaines est absolument constitutif d’actes de haute trahison.
Et quand on a affaire à des chefs d’états coléreux et violents, leur autre problème est que la limite de toute fonction de conservation pouvoir par le dévoiement d’institutions républicaines, est définie par la répression aveugle, qui finit par être sanglante et donc, passible de procès dans des pays qui sont dotés de juridictions à compétence universelle.
Alors leur nouveau problème est qu’ils finissent par être dans de l’improvisation, pour assurer leurs arrières en choisissant leurs successeurs.
Risqué, parce que la punition de la répression, de la prédation et de la fabrique de pauvreté devient alors une demande sociale pour leur successeur, choisi ou pas.
C’est bien comme cela que d’anciens chefs d’état et leurs familles se retrouvent poursuivis par ceux qu’ils ont espéré mettre à leurs places pour s’assurer leur protection.
Ils se disent tous trahis.
Mais peut vraiment s’accuser de trahison entre politiciens qui trahissent les intérêts de leurs peuples ?
N’est-ce pas que Jules César disait que Rome ne paie pas les traîtres
Dieu non plus, qui fait que Jupiter rend fous, ceux qu’ils veulent perdre!
Pape Demba Thiam
Maderpost