Si nous sommes contents de nous, pourquoi faisons-nous tout pour ressembler aux autres, jusqu’à leur teint. Alors que nous crions à longueur de journée, qu’ils nous bassinent les oreilles. Avec leur prétendue et soutenue suprématie, affirmée et réaffirmée à vague d’invitations à tout va, aux prétendus sommets pays/Afrique !
La traite négrière et la colonisation ont laissé des traces. La perte de confiance en soi. La fuite de responsabilité. Une chaîne de formatage bien encré en nous, au point de sublimer, par les contraires cutanés, la douloureuse mémoire de jours anciens, sauvegardée dans notre disque dur incompressible.
Des générations entières y passent, percevant la supériorité blanche, consommant, par conséquent le complexe d’infériorité vis-à-vis du clair.
Et c’est dit chez nous. La femme claire est belle. Moralité de nos goûts et couleurs : le beau est dans le clair. Le teint pour lequel, nos femmes et pas seulement elles, se donnent du mal, en espèces ou en nature.
Pourvu seulement qu’elles soient Xess ! A tout prix ! Pour notre grand plaisir phallocrate, la dépigmentation vaut bien qu’on brade la mélanine. Ce trésor qu’ignorent nos tendresses, pour lesquelles la peau noire est la tâche existentielle d’une vie rêvant en clair.
Si ce n’est l’expression d’un mal-être profond. Enfoui dans la tourmente d’une peau désavouée, dont l’affranchissement se mue à la dépigmentation, pour répondre à dame nature, déjà peu généreuse en nous localisant dans le continent de la pauvreté.
Normal alors, que la résultante du superficiel bien-être se traduise par un cocktail d’artifices : à l’hydroquinone, au méquinol, ou au corticoïde, si ce ne sont les dérivés mercuriels ou la rétinoïde.
Pauvre déesse mélanine, vendangée au marché du cosmétique et de l’esthétique, au nom du libre choix dermique, dicté par la pathologie du moi en désamour avec la beauté naturelle.
On me dira que les blancs se bronzent ! Et alors !
Cela ne fera pas d’eux des noirs et nous des blancs. Quelle que soit l’illusion.
N’est-ce pas Dakar ? Ma belle dénaturée par tes immondices jonchant tes artères et rues sablonneuses. Sevrée de ta mairie plus fictive que jamais, xassalisée à pics de panneaux publicitaires, vantant les mérites du cancer de la peau. Il est beau l’enfer éclaircissant.
Donnons une médaille au CNRA !
Jummah moubarack et bon week-end à tous
Charles FAYE/RFM
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