L’immunité n’est pas éternelle, la protection conférée par les vaccins anti-Covid diminue avec le temps. Les données analysées par des scientifiques israéliens permettent d’en apprendre plus sur l’effet de la diminution de l’immunité sur les paramètres de l’épidémie.
CORONAVIRUS – Dès décembre 2020, Israël a lancé une grande campagne de vaccination contre la Covid-19. En trois mois, la moitié des adultes éligibles a reçu les deux doses du vaccin de Pfizer. En conséquence, le nombre de cas a drastiquement diminué dans tout le pays, jusqu’à la mi-juin 2021 où il est reparti en flèche.
Cette recrudescence des infections s’inscrit dans un contexte particulier marqué par l’arrivée du variant Delta, contre lequel les vaccins perdent un peu de leur efficacité, dans le pays. Au 14 juin, il représentait 68 % des infections en Israël, puis 98 % seulement quinze jours plus tard.
Mais le variant Delta à lui seul n’explique pas les plus de 8.000 infections confirmées dans le pays fin août contre seulement 40 en mai de la même année. L’autre paramètre à prendre en compte est la disparition progressive de l’immunité vaccinale.
Cette question est encore sujette à débat. De précédents travaux ont conclu que l’immunité vaccinale pourrait durer plusieurs années, voire des décennies. Toutefois, les données analysées par des scientifiques israéliens dans une publication de The New England Journal of Medicine suggèrent que l’immunité vaccinale s’évanouit progressivement en l’espace de quelques mois.
La vaccination à l’épreuve du temps
Cette conclusion est tirée de l’analyse des données des Israéliens de plus de 16 ans et ayant un schéma vaccinal complet avant juin 2021. Les incidences des cas positifs et des formes sévères de la Covid-19 chez les vaccinés entre le 11 et 31 juillet sont comparées à celles des mois passés (février, mars, et avril-mai). L’objectif est de suivre l’évolution de l’incidence au fil des mois. Voici les résultats pour le groupe d’âge des 60 ans et plus, les premiers à avoir été vaccinés début 2021.
Durant la période de l’étude (juillet), le taux d’incidence est de 3,3 cas confirmés pour 1.000 personnes complètement vaccinées en janvier, 2,2 cas confirmés pour 1.000 personnes vaccinées en février et 1,7 cas confirmé pour 1.000 personnes ayant reçu les deux doses de vaccin en mars. En d’autres termes, le virus circule plus facilement chez les personnes vaccinées depuis six mois.
Le même raisonnement a été fait pour les formes graves de la maladie. Les scientifiques ont répertorié 0,34 forme grave de la maladie pour 1.000 personnes vaccinées en janvier ; 0,26 forme sévère pour 1.000 personnes vaccinées en février ; 0,15 pour 1.000 personnes vaccinées en mars. Là aussi, les formes sévères sont plus fréquentes chez les personnes vaccinées depuis six mois.
Une dose de rappel indispensable ?
Le mécanisme biologique derrière ces observations pourrait être la disparition progressive des anticorps neutralisants issus de la vaccination. Néanmoins, le vaccin confère une protection significative – même après six mois – par comparaison avec les non-vaccinés, et cette étude apporte des arguments supplémentaires en faveur d’une troisième dose. Israël a sauté le pas depuis la fin de l’été et plus de 40 % de la population a déjà reçu une dose de rappel.
Maderpost / Sciences Fututa / Julie Kern (journaliste santé diplômée d’un master en infectiologie)]]>