OPINION – « La confiance peut tout, la défiance ne peut rien », disait Emile de Girardin et il n’avait peut-être pas si tort que ça. En effet, il suffit de voir les murs qui se sont effondrés près de chez nous, ou plus loin, pour s’en convaincre. Mais, il faut certainement croire que le propre de l’homme, et en particulier du politique de chez nous, est de penser que c’est par la défiance et sa mécanique qu’il se réalise, pose et pérennise son action politique. Qu’il soit de l’opposition ou du pouvoir, le modus operandi est identique. Sauf les moyens ! Le rapport de force, toujours convoqué à des fins personnelles, sert la cause matérielle offerte par le pouvoir et ses privilèges. Rarement au profit des masses populaires, le dindon de la farce. Depuis quelques jours, des mois, voire des années, pour brasser plus large, le Sénégal a versé son énergie dans un feuilleton infecte de rebondissements judiciaires, par la faute de son personnel politique. Comme par le passé, il n’y a rien de nouveau sous nos cieux, me dira-t-on. Il en a toujours été ainsi. De Senghor à Me Abdoulaye Wade. De Abdou Diouf à Macky Sall. Comme une constante obsessionnelle. Alors, pourquoi nous alarmerions-nous si nous connaissons suffisamment la musique pour savoir qu’elle ne nous fera pas fausse note, même si, s’emballant de plus en peu plus, elle nous prévient de l’évolution d’un rapport de force progressif, provocateur, agressif, bagarreur. Pourtant, au regard des discours politiques, de la défiance à la Justice, le rétablissement de la confiance s’impose pour notre bien. L’avertissement pour l’heure est certes sans frais, mais rien ne dit que son évolution vers une affirmation plus conséquente et aboutie, n’est pas une question de délai. Il nous faut percevoir les dangers non pas en termes de calcul, mais par devoir d’inquiétude et de responsabilité aussi bien pour le pouvoir, l’opposition, la société civile. Les violentes attaques envers les juges de certains leaders politiques du pouvoir et de l’opposition, exprimées selon les intérêts et postures engagées, ne peuvent prospérer, quand bien même nous nous accorderions pour dire qu’elles reposeraient, hélas, sur l’idée grégaire que l’homme politique sénégalais a de son discours et de son action, et sur les développements ambivalents découlant de ses postures, selon qu’ils soient, ou pas, sur le tapis rouge. Beaucoup pour ne pas dire tous, ont signé des piges avec le pouvoir, une fois au moins dans leur carrière politique. Aucun, installé dans les fauteuils moelleux du pouvoir, n’a milité pour le discours qu’ils tiennent aujourd’hui, sur l’indépendance de la justice, que nous savons tous improbable, du moins tant que nous n’aurons pas opéré des ruptures et entrepris les réformes nécessaires dans les différents segments de nos institutions et politiques de bonne gouvernance, sociales et économiques. Pour s’être plus servi de la Justice plus qu’elle ne devait servir le Sénégalais, le personnel politique est tout aussi responsable. D’abord par ses contradictions de circonstance qu’il véhicule au gré de ses intérêts du moment. Ensuite par la rupture de confiance et la défiance qu’il a construites vis-à-vis de la justice, au point d’emmener les Sénégalais à prendre des distances d’avec les hommes politiques, parce qu’ayant compris que le mécanisme ne sert qu’à les identifier, les crétiniser, avant d’en faire des stocks options au service des carrières politiques sans état d’âme. De ce point de vue, il est regrettable que le Président Macky Sall, élu par 65% des Sénégalais, n’ait pas entrepris les ruptures et réformes auxquelles le conviaient pourtant ces mêmes électeurs qui lui avaient envoyé un message suffisamment clair et précis sur ses attentes sociales, économiques, culturelles, sportives mais aussi politiques. Cela nous aurait éviter aujourd’hui ce marketing ou branding national bas de gamme que son administration et l’opposition font porter à notre pays, à notre justice qui admet et reconnaît tout de même et ce n’est pas si mal, à travers son ndëpp comme l’écrit « Enquête », que les magistrats ont une part de responsabilité dans les attaques contre eux, que la plume serve prenne systématique le dessus sur le commentaire libre du parquet, et que la gestion des dossiers politiques se fasse à grande vitesse. Si ce n’est un coup rudement porté à l’image de cette justice, dont on entend plus ses membres évoquer statut et gestion de leur carrière, que poser des actes qui ne puissent laisser libre à une perception globale défavorable à la justice. Le Sénégal ne mérite pas ce que lui font vivre, pouvoir, opposition et justice. Les leaders politiques doivent savoir que quand on se défie de la justice, on finit aussi par se défier des murs. OGM ]]>
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