Le Premier ministre français Edouard Philippe a présenté ce mardi 28 avril la stratégie de déconfinement de la France à l’Assemblée nationale.
CORONAVIRUS – “Protéger, tester, isoler.” Ce sont ces trois principes qui présideront à la stratégie de déconfinement mise en oeuvre par le gouvernement à partir du 11 mai prochain, dont le Premier ministre, Edouard Philippe, a présenté les grandes lignes à l’Assemblée nationale ce mardi 28 avril. Il faudra, a-t-il indiqué, “vivre avec le virus, agir progressivement, et adapter localement“.
Edouard Philippe a cependant averti que “si les indicateurs n’étaient pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai” ou alors “plus strictement“. Les incertitudes sur le nombre de nouveaux cas journaliers ou les chaînes de contamination par exemple “doivent inciter tous les Français à la plus grande discipline” d’ici au 11 mai et “à lutter contre les risques de relâchement que nous sentons monter dans le pays“, a-t-il insisté. “Un peu trop d’insouciance et c’est l’épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c’est l’ensemble du pays qui s’enfonce.”
“La décrue est engagée”
La distanciation sociale a porté ses fruits : “Le confinement a été un instrument efficace pour lutter contre le virus. (…) Depuis le 14 avril, le nombre de cas de Covid-19 diminue. La décrue est engagée, lente, régulière“, s’est félicité Edouard Philippe. “Il sera à nouveau possible de circuler librement” – sauf pour des déplacements de plus de 100 km “qui ne seront possibles que pour un motif impérieux, familial ou professionnel” a annoncé Edouard Philippe.
Le déconfinement sera en outre différencié le 11 mai entre les départements “vert”, où il sera appliqué largement, et “rouge”, où il prendra une forme plus stricte. Pour cela, trois critères seront étudiés le 7 mai pour déterminer dans quel département “la circulation du virus reste active“, “les capacités hospitalières en réanimation restent tendues” et “le système local de tests et de détection des cas contacts ne soit pas suffisamment prêt“.
“Aux gestes barrières – la distanciation physique, le lavage régulier des mains – il conviendra d’ajouter le port du masque, dans certaines situations”, a expliqué le chef du gouvernement, assurant qu’il y aurait “assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai“. “Progressivement, nous parviendrons à une situation classique, où les Français pourront sans risque de pénurie se procurer des masques grand public dans tous les commerces“, a-t-il précisé, invitant les entreprises “à veiller à équiper leurs salariés” et les particuliers “à se confectionner eux-mêmes des masques“. Le port du masque sera obligatoire pour tous les passagers dans les transports publics pendant les trois semaines suivant la fin du confinement le 11 mai, mais les règles de distanciation imposeront d’en réduire drastiquement la capacité.
Tests massifs
“Les rassemblements organisés sur la voie publique ou dans des lieux privés seront limités à 10 personnes“, à partir du 11 mai pour le début du déconfinement progressif, a annoncé le Premier ministre mardi à l’Assemblée nationale. “D’une façon générale, il nous faut éviter les rassemblements qui sont autant d’occasions de propagation du virus. (…) En attendant des jours meilleurs, les mairies continueront à proposer, sauf urgence, le report des mariages“, a ajouté Edouard Philippe.
Le gouvernement compte faire tester massivement les personnes présentant des symptômes du Covid-19 et installer des “brigades” dans chaque département pour identifier leurs contacts, pour inviter à s’isoler toutes les personnes positives, a annoncé le Premier ministre. Ce dernier a réaffirmé son objectif de disposer de 700.000 tests par semaine à partir du 11 mai et souligné que les personnes testées positives seront invitées à s’isoler soit chez elles, ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, ou dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés.
Sur le projet sensible du traçage des données mobiles StopCovid, “le débat est prématuré” mais lorsque l’application “fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d’un vote spécifique“, a annoncé le chef du gouvernement. Les questions de libertés publiques “me paraissent fondées. Elles doivent être posées. Elles doivent être débattues“, a souligné le Premier ministre au sujet de cette application de traçage qui suscite des critiques jusqu’au sein de la majorité.
Poursuite du télétravail
Le Premier ministre a fait de la reprise de l’activité économique une priorité, mettant en garde contre “le risque de l’écroulement” de l’économie si le confinement venait à trop durer. “Un instrument ne vaut que si ses effets positifs ne sont pas, dans la durée, dépassés par ses conséquences négatives. Or, nous savons qu’un confinement prolongé au-delà du strict nécessaire aurait des conséquences gravissimes“, a-t-il reconnu.
Le Premier ministre a demandé “avec insistance” aux entreprises de maintenir le télétravail “partout où c’est possible, au moins dans les trois prochaines semaines“, afin de limiter l’affluence dans les transports et sur les lieux de travail. “Personne n’en ignore les contraintes mais celui-ci doit se poursuivre pour limiter le recours aux transports publics et pour limiter plus globalement les contacts“, a plaidé Edouard Philippe en présentant son plan de déconfinement à l’Assemblée nationale. Sur le télétravail, il n’y a pas “un avant et un après 11 mai“, a-t-il affirmé.
Dans les cas où le télétravail n’est pas possible, le Premier ministre a encouragé “la pratique des horaires décalés dans l’entreprise“. “Elle étalera les flux de salariés dans les transports et diminuera la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail“, a-t-il souligné. Enfin, “le dispositif d’activité partielle, qui est un des plus généreux d’Europe, restera en place jusqu’au 1er juin“, a annoncé le Premier ministre.
“Il nous faudra ensuite l’adapter progressivement, afin d’accompagner la reprise d’activité si l’épidémie est maîtrisée“, a-t-il poursuivi, assurant vouloir continuer “à protéger les personnes vulnérables et les secteurs professionnels qui demeureraient fermés“. Le chômage partiel, qui permet aux salariés de toucher 84% de leur rémunération nette, concerne actuellement 10,8 millions de salariés, soit plus d’un salarié du secteur privé sur deux.
Hormis les cafés et restaurants, tous les magasins, marchés de plein air et halles couvertes pourront rouvrir à partir du 11 mai à condition d’être en mesure de faire respecter les mesures de protection sanitaire. Les grands musées, les cinémas, les salles de concert et les théâtres resteront fermés après le 11 mai et tout évènement de plus de 5.000 participants est interdit jusqu’en septembre.
“La saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra pas reprendre“, a également annoncé le Premier ministre, douchant les espoirs des différents championnats interrompus depuis mi-mars en raison de la pandémie.
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