La troisième vague de coronavirus est marquée dans notre pays par une explosion des nouvelles contaminations, des cas graves et, hélas, des décès. Plus inquiétant, les cas communautaires métastasent dans le pays. En sept jours, sur les 4243 personnes infectées, les 3789 sont issues de la transmission communautaire. Soit 89,30 % des cas répertoriés entre le 05 et le 11 août dernier. CORONAVIRUS – Cette hausse des cas serait-elle liée à un défaut de communication entre les autorités sanitaires et la population ? D’après les explications de notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop de l’hôpital Ndamatou de Touba, il n’y a pas de changements de comportements notables au niveau de la population à propos du port de masque, de la distanciation physique et des rassemblements. Selon ce médecin, les cas qui grimpent sont liés à «l’évolution naturelle» de la pandémie. Il estime que le virus va continuer à se propager jusqu’à atteindre un taux d’immunisation collective qui freinera sa progression. L’atteinte de ce stade supposera au préalable une augmentation des hospitalisations, des cas graves et des décès. Quand le virus dicte sa loi «Quand vous ne faites rien ou quand les mesures sont insuffisantes, c’est le virus qui dicte sa loi», dit ce professionnel de la santé qui considère qu’il n’y a « pas mille solutions » à cette pandémie qui touche le monde entier. Sauf que, dit-il, chaque pays a choisi sa stratégie en fonction de ses moyens et de sa marge de manœuvre. Malheureusement, se désole-t-il, «nous n’avons pas de moyens dans ce pays et la marge de manœuvre des autorités se rétrécit de jour en jour. Conséquence, c’est le règne et l’individualisme, et à chacun sa voie». S’adressant à la population, le médecin légiste Dr Amadou Sow, pense que le seul moyen qui reste maintenant, c’est la prise de conscience. Qu’il faudrait donc travailler à avoir une prise de conscience individuelle. Autrement, estime-t-il, «on a péché dans la pédagogie de l’exemple. Les autorités de quelque bord qu’elles puissent être n’ont pas été exemplaires dans leurs comportements, et voilà le résultat. On ne peut plus se permettre des interdictions. Je pense qu’on doit plus que jamais — en tout cas ceux qui ont la chance d’être des leaders —, avoir des comportements exemplaires et travailler à avoir une prise de conscience individuelle par rapport à ce danger qui nous guette et, in fine, on aura peut-être la réaction voulue. A ce moment-là, les gens s’adapteront librement et individuellement, sans pour autant qu’on prenne des mesures restrictives. Lesquelles, quelques fois, ne sont même pas compatibles avec notre économie et nos réalités socio-culturelles. Il faudrait que les gens puissent adopter librement la bonne position ou la position voulue en adoptant notamment les gestes barrières. Pour moi, c’est ce qu’il faut faire actuellement au sein de la communauté. Mais on ne peut plus se permettre de prendre des mesures restrictives. Parce que, d’une part, ces mesures ne sont pas efficaces, d’autre part, l’autorité, qui devrait prendre ces mesures, n’a plus cette légitimité si je peux m’exprimer ainsi». Autrement dit, Dr Amadou Sow demande donc à tout un chacun de choisir sa voie. Continuer à prêcher la bonne parole Il demande aussi à l’Etat et aux acteurs de la santé de continuer à prêcher la bonne information dans le but de convaincre les populations. «On doit miser sur la capacité des Sénégalais à comprendre les véritables enjeux pourvu qu’on leur donne les bonnes informations. Que chacun suive sa voie, mais aussi que chacun fasse son job. Que le Gouvernement mette les moyens et fasse dans la transparence, que les acteurs de la santé continuent aussi à faire leur travail tout en contribuant faisant dans la sensibilisation dans une démarche pédagogique afin d’amener les sceptiques à changer de position.» Le médecin légiste Dr Amadou Sow a ainsi fait focus sur la nouvelle approche communicationnelle du ministère de la Santé. Une nouvelle stratégie qui serait à parfaire parce qu’il y aurait des manquements par rapport à la fréquence journalière assez rapprochée, au profil des personnes qui communiquent compte tenu des sujets qui sont abordés. « Il y a un jour, ce sont des directeurs d’hôpitaux qui sont venus pour nous parler de l’activité des centres de traitement épidémiologique en analysant même quelque part des données médicales. Ce qui me semble poser problème. S’il s’agit de l’activité du Cte, personne n’est mieux indiqué que le responsable de ce centre pour le faire, et il peut valablement présenter et commenter les chiffres médicaux. Le fait qu’on utilise un directeur d’hôpital qu’on n’a jamais vu parler de questions de médecine, ça peut nous amener à nous poser des questions», estime-t-il. Améliorer la communication gouvernementale De l’avis du Dr Amadou Sow, il y aurait un problème de cohérence globale et d’harmonisation des discours. «Il faut que ces gens parlent le même langage. Un jour, on a vu un des communicants donner des recommandations différentes de ce que semble dire le ministre. La preuve, ce matin, il y a un autre communicant qui est venu tenir le même langage que le ministre, contredisant son collègue de la veille». Tout ça, dit-il, parce qu’il y a un maillon manquant, c’est-à-dire le comité scientifique qui devrait être ce cadre d’échange entre les spécialistes de la santé, les médecins eux-mêmes pour parler le même langage. «Il faudrait qu’on offre à la médecine, à travers ses différentes spécialités, un cadre dans lequel ses composantes puissent échanger et harmoniser leurs positions. Il faut qu’on fasse l’effort d’avoir moins de contradictions entres les personnels de santé. Tant qu’on n’aura pas un cadre qui permettra aux uns et aux autres de confronter leurs idées et de se convaincre mutuellement, on aura toujours ces prises de position divergentes. Faute de quoi, on ne pourra pas empêcher quelqu’un d’aller au nom de la liberté — je ne sais pas si cette liberté est accompagnée de responsabilité ou non —, dire ce qu’il pense. C’est parce que cette personne peut être un médecin ou un agent de santé mais n’est pas spécialiste du domaine dans lequel elle s’exprime et n’a même pas fait l’effort d’aller chercher l’information et de comprendre ce qui se passe. Hélas, la population ne va pas la voir comme un citoyen lambda mais elle dira que c’est un médecin qui a prêté serment qui a dit telle ou telle autre chose. Or, Dieu sait que ce qu’a dit ce médecin ne tient peut-être pas la route du point de vue scientifique. Il faut qu’on fasse un travail dans le sens d’harmoniser les positions sans qu’il y ait une unanimité ou un complot sur le dos des Sénégalais. Pour cela, il faut un cadre qui permettrait aux acteurs de la santé de se parler et de confronter leurs arguments scientifiques », selon Dr Amadou Sow. « Hélas, on n’a pas un tel cadre jusqu’ici et les conséquences sont là. Dr Sow va sortir dans les médias dire ce qu’il pense quelques fois à tort. D’autres vont sortir … sans compter maintenant les accusations çà et là. Sur cet aspect, je pense qu’il faut qu’il y ait une transparence par rapport à la gestion et que, s’il y a des accusations ou des informations qui peuvent être vraies ou fausses, il faut que celui qui a la responsabilité de gouverner puisse éclairer la lanterne des Sénégalais sur ces questions parce que ça déteint aussi sur la campagne ou la politique qui est en train d’être menée», ajoute notre interlocuteur. Qui demande d’aller vers une proactivité. «Il faut être très proactif ou anticiper même. Par exemple, cette communication qu’on est en train de faire sur le vaccin, depuis janvier, on avait dit qu’il fallait que le ministre donne la bonne information dans un premier temps aux médecins, aux acteurs de la santé et que ces derniers puissent à leur tour parler aux populations. On ne l’a pas fait. On a attendu six mois après pour faire une communication sur cette vaccination. Le temps était largement suffisant pour les anti-vaccins, ceux qui développent les théories « complotistes » de semer le doute dans la tête des uns et des autres. Je pense qu’il faut qu’on soit proactif, et qu’on aille retrouver ceux qui véhiculent les mauvaises informations… Est- ce que le ministère a un dispositif qui permet de communiquer via Whatsapp ou d’être instantané, pour qu’à chaque fois qu’il y a une fausse information qui circule, dans la minute qui suit où dans les heures qui suivent, on puisse rétablir la bonne information ? Je pense que c’est une seule fois que j’ai vu un communiqué qui disait que telle information qui était distillée dans les réseaux sociaux était fausse». Selon notre interlocuteur, il faudra mettre à contribution les leaders religieux, coutumiers, communautaires en leur donnant les bonnes informations pour qu’ils puissent communiquer, parler avec les populations et ne pas axer le discours sur uniquement «aller vous faire vacciner», «le vaccin est bon»… Il propose d’aller au-delà de ces discours et essayer de savoir les véritables blocages afin de les lever. Maderpost / PressAfrik]]>
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