Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a tenu à faire le bilan de la Coupe du monde, ce vendredi, à Doha, lors d’une conférence de presse. Footmercato dévoile les grandes lignes.
FOOTBALL – Gianni Infantino ne semble pas avoir peur du ridicule, loin de là. Déjà lors de sa conférence de presse inaugurant la Coupe du Monde 2022 au Qatar, le président de la FIFA nous avait offert un florilège de punchlines pour répondre aux nombreuses critiques qu’avait subi l’instance du football mondial pour son attribution de cette compétition planétaire à l’Émirat, accusé de non-respect des droits fondamentaux humains, des questions environnementales ou encore de la consommation – interdite – d’alcool aux abords et dans les stades. A deux jours de la finale de cette 22e édition du Mondial entre l’équipe de France et l’Argentine à Lusail, le patron du ballon rond international a organisé une nouvelle conférence face aux journalistes pour faire un bilan de la compétition, et pas des moindres.
“La meilleure de tous les temps”
En effet, Gianni Infantino n’a pas tari d’éloges ce Mondial qatari, non seulement en termes d’organisation de la part des « organisateurs de cette Coupe du monde, qui a un pouvoir fédérateur », estimant même qu’il s’agit de «la meilleure de tous les temps ». Parmi les raisons qui le laissent penser à une réussite sportive, le dirigeant italo-suisse évoque notamment l’arbitrage, pourtant souvent contesté par plusieurs acteurs durant la compétition : « le temps additionnel était plus long que d’habitude. Un match dure 90 minutes mais il y a beaucoup d’arrêts de jeu, en moyenne dix minutes de temps additionnel par match. Cela veut dire qu’un match dure 59 minutes en temps effectif, et c’est quelque chose de très effectif», avant de saluer l’état d’esprit des joueurs, avec « très peu de simulations, très peu de cartons jaunes et rouges ». Si le nombre d’expulsions a largement baissé depuis 2010 (4 en 2018 et 2022 – ce dernier peut encore changer avec les petites et grandes finales, contre 10 en 2014 et 17 en 2010), c’est moins le cas pour les avertissements, avec déjà 213 biscottes distribuées (dont 17 lors de Pays-Bas – Argentine en quart de finale).
Le président de la FIFA est également revenu sur la polémique entourant le brassard One Love, dédié à la défense des droits de la communauté LGBTQI+, finalement écarté par l’instance. Une décision critiquée par le Danemark (menace de boycott de la FIFA, ministre avec le brassard dans les tribunes) et allemand (communiqué, geste de protestation des joueurs), qui n’ont pas hésité à protester de maintes manières dans les stades qatariens. «La FIFA est une organisation avec 211 pays membres. Beaucoup de préoccupations ont été émises. Nous devons nous occuper de tous les avis», a expliqué Infantino, avant de poursuivre sur la place des revendications dans ce rendez-vous planétaire. «Nous devons des valeurs, des droits humains, de tous et de toutes. Tous les supporters venus au stade et ceux qui regardent, les milliards de supporters devant la télévision. Tout le monde a ses propres problèmes. Les supporters veulent penser 90 ou 120 minutes sans penser à autre chose qu’au foot. Nous sommes responsables de donner cette émotion. Entre les compétitions, chacun est libre d’exprimer ses avis librement.»
Autre sujet qui avait fait grand bruit quelques semaines avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde : les nombreux décès des travailleurs étrangers pour la construction des stades. Une enquête révélée par le Guardian avait affirmé la mort de plus 6.500 personnes dans ces chantiers, avant que cette statistique ne soit démentie, non seulement par le Qatar lui-même mais aussi par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), qui devrait se reposer sur ce tournoi pour améliorer leurs conditions de vie et de travail : « chaque personne décédée est une personne de trop, c’est une tragédie pour les familles, pour nous. Les chiffres mentionnés sont différents. Trois personnes sont décédées dans la construction de stade. Les 300 ou 400 personnes décédées sont sur des constructions (autres que les stades, ndlr) depuis plusieurs années, depuis 2014. Il faut être précis sur les chiffres donnés et la manière dont nous les mentionnons. Nous sommes proches d’un accord avec l’OIT pour nous assurer que nous pouvons utiliser la Coupe du monde pour que la vie des humains soit meilleure. »
Des réformes à venir pour le Mondial des Clubs
Après avoir tenté de calmer toutes les polémiques ayant entouré cette compétition, Gianni Infantino a décidé d’aborder une réforme dévoilée il y a quelques années sur le Mondial prévu au Canada-Etats-Unis-Mexique en 2026 : le passage à 48 équipes. Alors qu’elle a été convaincue par le spectacle offert par l’édition qatarienne, l’instance planétaire devrait finalement réfléchir à une autre organisation de la phase de poules, abandonnant possiblement ses 16 poules à 3 nations. Pour le moment, le patron de la FIFA n’est pas encore sûr du format définitif, hésitant entre « 12 groupes de 4 équipes » (les deux premiers de chaque poule qualifiés, en compagnie des 8 meilleurs troisièmes, pour la phase à élimination directe – ou diviser la Coupe du monde en deux moitiés de 24 équipes, 4 poules de 6 équipes, et faire affronter le vainqueur de chaque tournoi en finale) et « 16 groupes de 3 » (les deux premiers directement qualifiés pour les 8es), avant d’avouer que la première option serait la plus plausible : « nous allons en discuter pour voir s’il n’était pas convenable d’avoir 12 groupes de 4. » La FIFA, avec l’ensemble des fédérations, devrait trancher lors d’un conseil prévu en 2023, alors que l’organisateur du Mondial 2030 sera quant à lui décidé en 2024, comme l’a dévoilé le natif de Brig (sud de la Suisse).
Enfin, la Coupe du Monde des Clubs, autre compétition intercontinentale organisée par la FIFA, devrait connaître une révolution : en effet, alors qu’elle n’accueille que 7 équipes depuis 2007, Gianni Infantino a annoncé sa nouvelle réforme pour cette compétition interclubs : « la nouvelle Coupe du Monde masculine des clubs aura lieu en 2025 et réunira 32 équipes, annonce Infantino. Ce tournoi à 32 équipes se poursuivra, ce qui en fera une sorte de Coupe du Monde. » Une décision largement contestée par l’ECA (Association européenne des clubs), qui a d’ailleurs décliné cette idée de la FIFA il y a de cela quelques jours, à en croire les informations du Daily Mail. Néanmoins, Infantino est prêt à tout pour convaincre le syndicat des clubs européens : « ça sera évidemment un peu plus long. Ça sera les meilleures équipes du monde qui vont participer. Tous les détails vont être élaborés dans les prochaines semaines, les prochains moins, en consultation avec tout le monde. Aujourd’hui le conseil de la FIFA a pris la décision de principe d’organiser cette compétition. (…) Nous sommes conscients de la santé des joueurs. (…) Quand on parle des 11 milliards de dollars de revenus, la Coupe du monde des clubs n’est pas incluse, cela veut dire que nous allons pouvoir en faire plus et redistribuer au football. » Avec cette nouvelle conférence de presse, Infantino n’est pas prêt de réhabiliter son image dans le monde du ballon rond…
Maderpost / Igfm