L’Organisation ouest-africaine de la santé déclare craindre “un détournement des ressources” destinées à la lutte contre le paludisme en Afrique de l’Ouest “au profit de la pandémie de Covid-19”.
CORONAVIRUS – La Journée mondiale de lutte contre le paludisme est célébrée le 25 avril de chaque année dans le but de “maintenir le paludisme en bonne place” dans les politiques publiques et de “mobiliser des ressources supplémentaires” destinées à l’élimination de cette maladie, rappelle un communiqué de l’OAAS, une institution spécialisée de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
La journée dédiée chaque année à la lutte contre le paludisme, célébrée samedi, sur le thème “Zéro palu, je m’engage”, permet aussi de “donner aux communautés les moyens de s’approprier (…) la prévention et les soins en matière de paludisme”, ajoute l’OAAS.
“Cette année, ces objectifs sont devenus particulièrement urgents compte tenu de la possibilité d’un détournement des ressources et de l’attention au profit de la pandémie du Covid-19, ainsi que de la menace imminente d’une réduction, par les Etats-Unis, de leur financement à l’Organisation mondiale de la santé”, s’inquiète l’OAAS.
“L’attention accrue portée à la pandémie de Covid-19 risque de menacer les investissements nécessaires pour lutter contre le paludisme”, avertit, dans le communiqué, le professeur Stanley Okolo, directeur général de l’OAAS.
Une baisse de la contribution financière américaine aux fonds destinés à la lutte contre le paludisme “aura un impact négatif majeur sur notre région”, l’Afrique de l’Ouest, prévient l’OAAS.
En 2018, rappelle-t-elle, 228 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, et 93% de ces cas se trouvaient en Afrique, et près de la moitié (48 %) en Afrique de l’Ouest.
“Bien que notre région, la CEDEAO, ait enregistré une réduction des cas et des décès [causés par le] paludisme de 6,6% et 36% respectivement entre 2010 et 2018, la situation reste critique puisque nous représentons la moitié de la charge mondiale du paludisme alors que nous ne constituons qu’un dixième de la population mondiale”, souligne l’OAAS.
Elle estime que les taux élevés de mortalité maternelle pendant la grossesse et l’accouchement, ainsi que les décès d’enfants de moins de 5 ans dans la région, sont aggravés par l’incidence élevée du paludisme. Les femmes enceintes et les enfants sont les plus touchés par la maladie.
Pour éliminer le paludisme en Afrique de l’Ouest, “l’OOAS se joint donc aux partenaires internationaux dans leurs efforts visant à promouvoir un monde sans paludisme d’ici à 2030”.
Et pour y arriver, souligne-t-elle, “il est important que nous maintenions et améliorions les acquis récemment obtenus dans notre région de la CEDEAO”.
Selon le communiqué, le renforcement de la lutte contre cette maladie va se traduire “notamment [par] une meilleure gestion des cas, une utilisation accrue des moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée et une plus grande utilisation de la chimio-prophylaxie contre le paludisme saisonnier”.
L’OAAS rappelle que le Cap-Vert est en bonne voie pour l’élimination du paludisme d’ici à 2030, tandis que le Sénégal et la Gambie sont en voie de pré-élimination de la maladie, avec moins d’un cas pour 1.000 habitants.
Elle appelle les gouvernements, les organisations, les partenaires internationaux, le secteur privé, les organisations de la société civile et les communautés à redoubler leurs efforts pour surmonter les difficultés liées à cette lutte.
Selon l’OAAS, les 15 pays de la CEDEAO ont “plus que jamais besoin d’un engagement multisectoriel accru, d’une amélioration des mécanismes de gouvernance, d’une mobilisation accrue des ressources nationales et internationales, d’une collaboration transfrontalière et d’une surveillance renforcée de la maladie pour vaincre ce fléau”.
Maderpost / APS
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