Après les restrictions place à l’ouverture, “apprendre à vivre en présence du virus” : le Sénégal entame ce dimanche une nouvelle phase, délicate, dans sa stratégie de lutte contre la pandémie de la Covid-19 avec la reprise du transport interurbain à l’arrêt depuis le 23 mars.
TRANSPORT – Selon les derniers chiffres, le pays dénombre à ce jour 4249 cas dont 2512 guéris, 47 décédés et 1689 sous traitement dans les 27 sites de traitement.
Dans un discours prononcé le 11 mai, le chef de l’Etat estimait que “nous devons désormais apprendre à vivre en présence du virus, en adaptant nos comportements individuels et collectifs à l’évolution de la pandémie”.
Macky Sall décide alors d’un “assouplissement” de l’état d’urgence comprenant une réduction de la durée du couvre-feu, la réouverture des lieux de culte et des marchés, la reprise des cours dans les classes d’examen, le 2 juin, et un réaménagement des horaires de bureau, fixés de 9 heures à 16 heures.
Si les marchés et certains lieux de culte sont ouverts, la reprise des cours pour les classes d’examen n’a pas eu lieu à cause des cas de Covid-19 décelés parmi les corps enseignants.
Mais les 2 et 3 juin, Dakar et d’autres villes du pays dont Touba sont en proie à des manifestations pour la levée des mesures de restriction des déplacements prises par l’Etat pour éradiquer la pandémie de coronavirus, notamment l’état d’urgence, le couvre-feu et l’interdiction du transport interurbain.
Dans ce contexte, le gouvernement décide de desserrer l’étau, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Adboulaye Diouf Sarr faisant état d’’’une très bonne maîtrise de la pandémie’’ à coronavirus, dont la courbe affiche désormais une “tendance baissière’’.
Ainsi, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, annonce plusieurs mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence sanitaire, dont la levée de l’interdiction du transport interurbain et un réaménagement de la durée du couvre-feu, désormais fixée entre 23 heures et 5 heures.
A l’arrêt depuis le 23 mars, le transport interurbain reprend ses droits à partir de ce dimanche, non sans le respect de certaines conditions comme le nettoiement des véhicules, la tenue de manifestes de bord pour l’identification des passagers, le port du masque, etc.
Les horaires d’ouverture et de fermeture des gares routières seront fixés de concert avec les acteurs des transports.
Toutefois, avec la reprise du transport interurbain certains redoutent un allongement de la chaine de transmission du virus via ce secteur caractérisé par un manque d’organisation.
Outre le transport, les restaurants et les salles de sport sont désormais autorisés à reprendre leurs activités. Mais l’interdiction reste en vigueur pour les bars et des plages.
Le port du masque reste obligatoire, de même que le respect de la distanciation sociale.
A l’image de nombreux pays, le Sénégal s’inscrit à son tour dans la dynamique d’une levée progressive des mesures des restrictions.
Mais cette levée intervient au moment où la transmission de la Covid-19 est active et l’épidémie n’est pas encore terminée, a souligné, samedi le Directeur du Centre des Operations d’urgences, Dr Abdoulaye Bousso, lors du point de presse mensuel faisant le point sur l’évolution de la maladie.
’’Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge et on peut passer à une situation encore plus grave si on n’y prend pas garde avec plus de cas graves et une mortalité plus élevée’’, a-t –il mis en garde.
Dr Bousso a appelé à un plus grand sens de responsabilité des jeunes pour protéger les personnes âgées et vulnérables.
Avec les nouvelles mesures de libre circulation des personnes, a-t-il souligné, “les indicateurs devront être analysés différemment en plus d’une difficulté à suivre tous les cas contacts’’.
’’Si les mesures barrières ne sont pas respectées, il faudra s’attendre à une augmentation des cas parce que les gens vont bouger plus et nos hôpitaux ne pourront pas faire face pour la prise en charge’’, a-t –il relevé.
’’Il est extrêmement important qu’on puisse prendre en compte cet aspect et respecter les mesures barrières notamment le port de masques obligatoire dans les lieux publics, les transports, le lavage des mains et la distanciation physique si on veut arriver à mettre fin à la transmission’’, a-t-il insisté.
Le chef de l’Etat appelait à ’’apprendre à vivre avec le virus’’, mais pour le directeur du Centre des opérations d’urgence, c’est plutôt ‘’circulez et protégez-vous contre le virus’’.
Maderpost / APS