Après Banjul, le 13 mars 2018, Dakar a abrité la 2e réunion du Conseil présidentiel Sénégalo-gambien, ce jeudi, 12 mars, au King Fahd Palace. L’axe s’est enrichi de 5 accords signés par les autorités étatiques. Il s’agit de lever les blocages qui subsistent pour une meilleure coopération entre les 2 pays surtout dans un contexte où la coopération est éclaboussée par les révélations de BBC sur le trafic de bois.
COOPERATION – Des accords signés par les ministres concernés des deux États, à l’issue du Conseil, portant sur l’entraide judiciaire en matière pénale, le commerce, et transit, entre la Brigade nationale des sapeurs-pompiers du Sénégal, et la “Gambia fire rescue service” (GFRS), entre autres domaines-clés.
Le ton est donné par les chefs d’État. “Nous sommes certes 2 États mais nous constituons un même peuple”, dit le président gambien, Adama Barrow. “Une concession familiale sénégambienne”, relève, à son tour, son homologue sénégalais, Macky Sall, dans son allocution.
Ainsi, souligne le communiqué final sanctionnant la réunion, “la volonté commune des deux chefs d’État de hisser, à un niveau stratégique, la coopération entre les deux pays liés par la géographie, l’histoire, la culture, et une communauté de destin, et l’environnement. Elle traduit également leur souhait d’établir un dialogue confiant, direct et permanent, au niveau politique, sur toutes les questions d’intérêt commun pour les deux pays”.
Défense et sécurité
C’est dans ce cadre que deux feuilles de routes ont été déclinées. La première articulée autour de la défense, la sécurité, la gestion des frontières, et l’environnement, et lue par Amadou BA, le ministre des Affaires étrangères, et des Sénégalais de l’extérieur.
Sur ce volet, la partie sénégalaise a informé celle gambienne des patrouilles internes effectuées par les forces de défense et de sécurité, dans les régions de Kolda, et de Ziguinchor.
Des opérations qui ont abouti à la saisie d’une importante quantité de bois dont une partie est stockée par le contingent sénégalais à la frontière des deux pays.
Ainsi, “les deux parties s’engagent à rendre effective et d’intensifier les patrouilles mixtes ou conjointes y compris dans le cadre de la lutte contre le trafic illicite de bois, de stupéfiants, et le crime organisé”.
“Définir les modalités pratiques d’exercice du droit de poursuite transfrontalière, et le rendre effectif. Négocier un protocole opérationnel entre les forces de défense, et de sécurité des deux pays, pour régler plus spécifiquement le droit de poursuite transfrontalière, renforcer les formations au profit des forces de défense, et des services d’immigration de la Gambie.”
“Tenir en Gambie, avant la fin du 1er semestre 2020, la rencontre prévue afin de permettre aux différents commandements, et personnel opérationnel, de définir les activités à mener pour la mise en œuvre du protocole.”
En outre, “les deux parties ont retenu d’examiner des possibilités de mener des exercices conjoints entre les forces de défense et de sécurité des deux pays.” Et “l’application de la feuille de route adoptée par les deux commissions de gestion des frontières, à travers une reconnaissance technique conjointe de la frontière Nord (Fatick, Kaolack, et Tambacounda), et Sud du Sénégal (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda), la densification des bornes frontières, la sensibilisation des populations frontalières, la définition d’une politique de coopération frontière.”
A cet égard, elle recommande “fortement la tenue régulière des réunions statutaires des commissions nationales de gestion de frontières des deux pays, et de la commission mixte sénégalo-gambienne de gestion des frontières. Et l’échange de renseignements.”
Dans ce sillage, une rencontre est prévue entre le 19 et le 20 mars prochains sur la mise en œuvre des feuilles de route, élaboration d’un plan d’actions, et les questions diverses.
Sur le plan environnemental, chacune des parties a désigné son point focal, et coordonnateur au sein du comité mixte de supervision de la mise en œuvre de l’accord dans le domaine de la gestion des ressources forestières, et fauniques.
Ledit comité va se réunir au courant du premier semestre de l’année 2020. Vers également un cadre multisectoriel conjoint impliquant les forces de défense des deux pays pour lutter plus efficacement contre la coupe et le commerce illicite de bois.
La libre circulation des biens et des personnes
Le second tableau de bord concernant la libre circulation des personnes et des biens, et délivré par Mamadou Tangara, le chef de la diplomatie gambienne, annonce “la mise en œuvre d’une entente pour une assistance mutuelle administrative, accorder aux marchandises régulièrement dédouanées toutes les facilitations nécessaires de leur circulation entre les deux pays, harmoniser les procédures de transit, faciliter la reconnaissance des documents de transit, faciliter la circulation des marchandises en transit dans leur territoire douanier respectif d’un point de vue de la douane afin de réduire le temps et le coût de transit, renforcer la coopération sur la mise en œuvre du transport routier inter-État.”
Par ailleurs, sur les lenteurs “notées” dans la mise en œuvre du corridor autoroutier Praia – Dakar – Abidjan de 3500 Km, sur demande du Sénégal, en sa qualité de président du comité ministériel dudit programme, la Gambie étudie le passage du corridor à Banjul.
S’agissant des modalités de fonctionnement du pont de Farafégny, “la frontière doit rester ouverte 24 heures sur 24, afin de promouvoir la libre-circulation des biens et des personnes, conformément au protocole de la CEDEAO.”
Par ailleurs, la partie sénégalaise a exprimé “ses préoccupations quant au niveau de surcharge des véhicules en provenance de Gambie, avec 90% des surcharges sur son réseau routier.” D’où son souhait “de voir celle gambienne d’accélérer la mise en œuvre de la réglementation de la CEDEAO relative à la charge à l’essieu.”
Concernant le transport aérien, des commissions composées d’experts des deux parties en charge de l’aviation civile, au sujet de la domestication de la ligne Dakar-Banjul, ont transmis aux ministres compétents.
Autre axe de coopération envisagé, le partage de la destination sénégambienne dans le domaine du tourisme.
Maderpost – Emedia