Pour se débarrasser des bulles, il y a deux possibilités : Soit un changement de politique et un arrêt de l’inflationnisme. Les peuples en ont marre des inégalités et des crises, et ils exigent que d’autres politiques soient suivies. C’est un choix sanglant, douloureux et dangereux.
Par Bruno BERTEZ
Soit l’accélération de l’inflation – c’est le plus probable. Les élites, n’ayant pas de solution de rechange sans douleur pour elles, vont préférer l’inflation.
Les gouvernements ont maintenant réalisé que l’argent ne coûte rien ; ils vont donc le dépenser à toute occasion. Ils vont créer encore plus de dettes – et ce de façon accélérée, sans se préoccuper de leur remboursement. Sous cet aspect, la crise sanitaire est une aubaine car elle fournit une excuse toute trouvée et crédible.
Je soupçonne que l’inflation est ce qui va se produire, et cela pourrait arriver très bientôt.
Les banques centrales explosent la masse de monnaie de base pour financer les déficits, et en même temps, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont perturbées et en voie de remodelage.
Ce remodelage est peut-être profond et durable, compte tenu de la volonté exprimée notamment par Donald Trump de découpler d‘avec la Chine. Il y a chez les peuples une demande de relocalisation.
Inflation/Déflation
On peut avoir parallèlement un choc monétaire et un choc d’offre, ce qui constituerait les conditions idéales pour un emballement inflationniste.
Le contre-argument est que nous vivons dans un monde tellement financiarisé que tout ce qui fracasse le système financier est immédiatement déflationniste. Cela signifierait que si nous entrons dans l’inflation, les marchés pourraient facilement s’effondrer, ce qui serait très très déflationniste.
C’est à la lueur de cette possibilité/menace qu’il faut interpréter les annonces de Jerome Powell.
Comment comprendre les dernières initiatives de la Fed, qui a annoncé qu’elle examinait la possibilité de ne pas resserrer sa politique monétaire de façon préemptive malgré une remontée de l’inflation ?
Le choix de la Fed
Réponse : on peut considérer que la Réserve fédérale a implicitement fait un choix, le choix de la solution numéro deux, qui est celle de la destruction des bulles par l’inflation. Les autorités veulent poursuivre la recherche de l’inflation, continuer les politiques non conventionnelles le plus longtemps possibles – et pour cela, elles changent de doctrine.
En 2015, la doctrine était encore de préempter l’inflation, c’est-à-dire augmenter les taux puis les resserrer afin d’éviter un emballement de la hausse des prix 18 mois plus tard.
La Fed pense que c’est cette volonté de préempter qui a fait capoter la reprise à l’époque. Ce n’est pas vrai mais peu importe : elle le croit. A partir de cette croyance, elle est persuadée qu’elle va améliorer sa politique et gagner du temps en ne préemptant plus l’inflation, c’est-à-dire en la laissant filer au-dessus de 2%.
On voit peu à peu se dessiner un changement de régime en matière d’inflation.