Nous ne sommes pas dans un film soumis aux codes d’une fiction, viciée de l’industrie cinématographique américaine, mais dans une téléréalité politico-judiciaire, qu’Endemol envierait au Sénégal, tant les ingrédients dégoulinent de sensations funestes, absurdes, surréalistes.
El Phénoméno Sonko est dans le trou. C’est le moins qu’on puisse dire de l’homme politique, adulé par les jeunes et bon nombre d’adultes.
Transféré en réanimation à l’hôpital Principal, depuis le 17 août dernier, c’est-à-dire pris en charge maximale, pour une ou plusieurs défaillances, allant des viscérales aiguës réversibles, aux neurologiques, en passant par les respiratoires, cardio-vasculaires et rénales.
Autrement dit, une assistance par ventilation mécanique, épuration extrarénale, etc. avec surveillance continue, soins continus et intensifs, selon le cas.
Autant dire, un bulletin médical non enviable, causé par une grève de la faim vieille de plusieurs jours.
Mais là ne s’arrête pas le tableau noir pour Sonko.
Après son arrestation, fin juillet, son placement sous mandat de dépôt, la dissolution par décret de son parti, Pastef, les soucis de santé, voilà que l’Etat sort le coup de massue, pour en finir définitivement, au plus, au moins neutraliser le Ninja de la politique sénégalaise.
Il fallait s’y attendre.
C’est ne rien comprendre au Mortal Kombat, que de croire que l’affaire allait s’arrêter, sur de bonnes intentions, des prières et recommandations, sans que l’Etat ne se constitue partie civile, dans un dossier fracassé par des saccages et pillages des biens publics.
Sonko n’est pas sorti de l’auberge. Il faut lire quelques bribes de L’Observateur, en milieu de semaine sur la visite de membres de Yewwi Askan Wi à Touba, pour savoir, que le possible de la visite n’allait pas plus loin, qu’une invite religieuse en retour à l’observation et au respect de la vie humaine sacralisée par Allah lui-même.
La vérité légale, agitée réponse immédiate en conférence de presse par Me Ndèye Anta Mbaye, membre du pool d’avocats de l’Etat, ne laisse aucune marge à El Phénoméno.
Sinon, celle de se retrouver à la barre, pour répondre de ses « appels à la révolte et à l’insurrection », au « combat s’annonce mortel, le mot n’est pas de trop, c’est le prix qu’il faut payer aujourd’hui », ou encore, « prendre les armes pour déloger le président de la République ».
Il est évident, que l’Etat qui se réserve le droit, d’évaluer l’étendue du préjudice souffert, ne ménagera aucun effort, pour, à défaut de faire payer à Sonko, la réparation desdits préjudices subis, de le liquider tout simplement.
Le rouleau compresseur aura fait, ce qu’il sait faire de mieux, au terme d’une histoire sordide, de cris et chuchotements, estampillés par des viols et menaces de mort, par une jeune masseuse, Adji Sarr l’accusatrice, non sans que, des noms bien connus de la place, n’aient été cités dans l’affaire.
Trivialement dit, l’Etat n’a aucune envie de laisser filer Sonko chez lui.
Maintenant qu’il le tient, il n’est pas près de le lâcher. Un de ses avocats, ne dit-il pas déjà, que « demander à un procureur, de mettre des personnes en liberté provisoire, malgré la saisine du juge d’instruction, est une catastrophe juridique ?
Le vent semble avoir tourné pour El Phénoméno Sonko qui doit se demander, s’il n’est pas dans le coma, comment a-t-il pu se retrouver seul, neutralisé, sans que rien ne bouge.
Un parcours de combattant, en solitaire, se dessine pour celui que d’aucuns, notamment dans le camp présidentiel, appellent Icare.
Pendant ce temps, revient au-devant de la scène, avec force et sagesse, le pouvoir religieux, dont le geste du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, à l’endroit d’Ousmane Sonko, montre combien et comment ce pouvoir pèse, dans la vie de tous les jours, y compris dans le politique. Même s’il se garde d’interférer dans la vérité légale. Il faut savoir où finit son pouvoir.
C’est mal parti pour Sonko, il a du pain sur la planche !
Maderpost / Charles Faye