« Qui répondra en ce monde à la terrible obstination du crime si ce n’est l’obstination du témoignage ?» Albert Camus. Le 15 mai 1993, le Sénégal vivait une tragédie historique, l’assassinat de Me Babacar Seye. Un crime répugnant dont les auteurs (Clédor Sene et compagnie) ont reconnu les faits et ont été reconnus coupables après procès.
TRIBUNE – Les criminels avaient murement planifié leur coup, de l’achat des armes à feu à la mise en branle du plan, en faisant une filature minutieuse pendant des jours sur la victime. Et c’est sur ces entrefaites qu’ils sont passés à l’acte en criblant de balles la voiture du juge sur la corniche, l’atteignant mortellement.
Condamnés (la bande à Clédor), ils bénéficient de l’accession de Wade au pouvoir pour recouvrer la liberté à la faveur d’une loi ignoble d’amnistie, la loi Ezzan.
Une loi d’amnistie est injuste dès lors qu’elle ordonne à la conscience collective d’effacer le sang des mémoires, elle est aussi traîtresse à l’histoire elle-même qui, rappelons-le, sert de modèle rectificateur pour le futur.
Comment oublier tous ces morts que notre république a connu pour satisfaire le clientélisme politique de nos gouvernants ? Comment effacer de notre conscience l’injuste sort des jeunes manifestants tués dans le cadre de l’usage d’un droit garanti par la constitution ? Comment faire le deuil si justice n’est pas rendue à travers des procès équitables qui éclaireraient la population en soif de justice ?
Qui a tué ? Pourquoi ? Comment faire pour que demain notre nation ne connaisse plus pareille hécatombe ?
Ces questions sont légitimes ! Nous ne pourrons jamais vivre sans savoir !!!
Cette loi d’amnistie que l’assemblée veut voter est aussi criminelle que les mains qui ont versé le sang, tout député avec une âme doit refuser de la voter au nom de la justice et de la dignité humaine. Celui qui veut vous le faire voter veut gagner une alliance stratégique avec un parti pour la prochaine étape de son plan qui consiste à supprimer le conseil constitutionnel avant le 02 avril pour plonger le pays dans le gouffre, refusez !
NON à la loi scélérate d’amnistie, OUI à la traque des assassins et à leurs jugements !
Mamadou Ndiaye
Membre de la convention des cadres du Grand Parti
Auteur, écrivain
Conseiller municipal, chargé de la communication Mairie de Sam Notaire.
Maderpost