Cette question ne doit pas être abordée dans sa simplicité mais dans sa complexité et dans toute sa rigueur. L’article 25 de la Constitution du Sénégal ne dit-il pas très clairement « chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions, de ses choix politiques ou de ses croyances ».
Par Papis Samba
TRIBUNE – Que faire également de l’article 7 de la Constitution qui est pour un égal accès des femmes et des hommes aux mandats et aux fonctions. Ces deux articles règlent la question de la proximité de ces citoyens sénégalais qui font partie de la famille présidentielle, en voulant par le fait même respecter le droit de tous les citoyens sénégalais de quels bords qu’il se situent.
Et pour la jurisprudence sur cette question le frère du Président Abdou Diouf, Magatte Diouf a été un ministre de la République sous son magistère sans que cela ne dérange personne.
Comme c’était également le cas avec Adrien Senghor, un neveu du Président Senghor qui avait eu à occuper un poste ministériel sous sa gestion et il n’y avait pas encore de quoi fouetter un chat.
Le docteur samba Gueye qui avait occupé de hautes responsabilités dans ce pays a été marié avec Anna Senghor, Basile Senghor qui est de la famille du Président Senghor était procureur de la République, Pierre Senghor a été maire de Bambey.
On peut dire autant pour le fils de Abdoulaye Wade, Karim Karim qui avait occupé de très grandes responsabilités dans ce pays. Pour toutes les raisons que nous avons évoquées plus haut, on peut dire que cet argument qui a été brandi par la dame Mimi Touré manque de substance et de pertinence.
Il est vrai que le cas Karim Wade a été évoqué en son temps et il avait même servi de prétexte aux initiateurs des Assises nationales qui avaient trouvé utile de se pencher sur cette question, afin d’éviter une éventuelle succession au pouvoir entre un père Président, en l’occurrence Abdoulaye et son fils Karim et sans le dire ouvertement.
Et là au moins on peut bien comprendre quand il s’agit bien sûr d’une succession immédiate et par des moyens illégaux, anti-républicains ou anti-démocratiques. Encore que nous ne sommes pas sans ignorer qu’une loi dans son essence est générale et impersonnelle.
Donc toute action à ce niveau contre l’occupation de postes de responsabilité à l’endroit de la famille de Macky Sall peut bien faire désordre ou donner l’air d’une stigmatisation, d’une discrimination et porter un coup dur à l’égalité des chances et devant la loi.
On met en contexte la déclaration de Mimi Touré, car c’est sous la gestion de Macky Sall et après ses bisbilles avec le camp du pouvoir, qu’elle a trouvé utile de mettre sur la table cette proposition de loi.
Il faut dire que le moment choisi est suspect, s’il ne sent pas une odeur de règlement de compte. N’est-il pas dit que nous sommes tous égaux devant la loi et que nul n’est au-dessus de loi ? Il faut également y ajouter nul ne devrait être lésé par la loi.
Ainsi une loi qui exclut toute la famille élargie du Président de la gestion du pouvoir serait tout simplement un précédent dangereux pour ce pays. Ce qui enlèverait encore à la loi toute sa beauté et toute sa pertinence.
C’est pourquoi nous disons que sur les soi-disant incompatibilités et interdictions que l’on veut tirer d’une manière élastique en y intégrant les descendants du Président, et/ ou de son conjoint, ses frères et sœurs et leurs descendants, nous disons que ça manque vraiment de sérieux.
Et après on va certainement y ajouter les gendres, les cousins, les cousines, les beaux-pères, les beaux-frères et les beaux-fils.
Ainsi et par mesure de précaution nous ne devons prendre aucune décision qui entre dans ce cadre et surtout pour des causes légères et passagères. Donc ne serait-il pas plus judicieux de faire recours à d’autres critères de sélection, de nomination ou d’élection qui convoquent la compétence, le mérite ou la probité, plutôt que de s’appesantir sur les questions de parenté ou de filiation. Le débat n’est pas clos. Il reste ouvert et fait appel à la grande réflexion et à la responsabilité.
Babacar Papis Samba
Papissamba66@gmail.com