Nous sommes plus ou moins satisfait de la prestation des Gaïndés, mardi 28 septembre, face aux Iraniens au football bien pensé et au palmarès non comparable au nôtre. Trois victoires en Coupe d’Asie des nations, en 1968, 1972 et 1976. Quatorze participations en dix-sept éditions, seule la Corée du Sud a fait autant dans la zone. Enfin, en 2022, l’Iran disputera sa septième Coupe du monde, en novembre et décembre au Qatar. Ce n’est pas peu, même si nous pouvons lui rétorquer que nous sommes quand même 18e mondial, soit devant lui avec 5 rangs de différence.
FOOTBALL – Voilà ce qui est bon pour notre ego, mais là n’est pas le plus important. Ce qui l’est, c’est le rendez-vous vers lequel nous allons, son appréhension, les correctifs à apporter, aussi bien dans le jeu, le choix des hommes, ce qui relève de la compétence exclusive d’El Tactico et de la capacité de nos joueurs à transformer les occases quand elles se présentent.
Pour en revenir au match, ce ne sont pas les motifs de satisfaction qui manquent, même s’il y a dire, concernant la tenue collective et les prestations individuelles, mais aussi le choix des hommes.
Cissé cache-t-il son jeu ?
Précis, ambitieux et cartésien, le plan de jeu sénégalais se fait respecter même s’il n’est pas flamboyant. Les changements, 7 par rapport au match contre la Bolivie 96 heures plus tôt l’expliquent surement ! Pourquoi un tel choix. Seul Aliou Cissé peut nous le dire. On ne pourrait en vouloir à sa probable stratégie de vouloir cacher son jeu avant le Mondial. Ce qui n’empêche pas cependant de constater ses certitudes et son choix tenace pour ceux qu’ils considèrent comme ses hommes de base.
Difficile de lui donner tort parce que c’est avec eux qu’il a remporté la première CAN de l’histoire du Sénégal en février dernier au Cameroun et avec qui il a éliminé l’Égypte de la route du Qatar.
Le maintien du sénateur Idrissa Gana Gueye, le rappel du poumon vert de l’équipe Nampalys Mendu quelque peu essoufflé et l’entrée du vétéran et Cheikh de la tanière Kouyaté campent ses certitudes pour une pratique certes respectueuse de ses plans, mais également ronronnant en termes de productivités offensives.
Besogneux et rassurant, ce milieu l’est incontestablement, mais inventif et créatif certainement pas et c’est là que réside toute la complicité du jeu des GaÏndés. Faut-il assurer avec ces trois milieux défensifs ou prendre des risques Avec Pape Gueye aux longs châssis, au frêle Pape Matar Sarr au touché léché non musclé ?
Ces derniers n’ont pas le même impact sur l’adversaire en cas de perte de balle et débordement, mais il est aussi clair que leur potentiel offensif vaut des situations de buts plus constantes et variées. Avec eux, le Sénégal tient un football différent, c’est certain. El Tactico a tout le temps de voir venir pour trouver la bonne formule entre les deux profils de son milieu. Comme on dit au foot, celui qui maitrise le milieu, tient le match. C’est un chantier sur lequel Aliou Cissé va forcément réfléchir. Il a les hommes qu’il faut. La balle est dans son camp.
Cela est aussi valable pour les joueurs de couloir qui ont montré des facettes différentes lors des deux matches, contre la Bolivie et l’Iran. Les combinaisons sur les côtés, les sorties de balle en phases offensives, la gestion du ballon pour sa conservation et non sa vendange, démontrent un réel souci pour coach Aliou de ne pas voir ses joueurs se débarrasser du ballon et mettre en danger l’équipe par les contre-attaques qui peuvent en découler.
Il est à noter cependant des fébrilités dans le repli et le positionnement qui ont occasionné l’égalisation des Iraniens. La même remarque est valable pour les centraux. Le nombre de mauvaises relances de Kalidou Coulibaly et la mauvaise lecture de la trajectoire du ballon de Cissé a permis à Hajisafi l’Hsan d’ajuster Seni Timothy Dieng dont les sorties sur les balles aériennes présentent aussi des lacunes.
Entre un Edouard Mendy blessé, approximatif en ce début de saison, un Gomis mal à l’aise balle au pied et Dieng hésitant dans les airs, Cissé a du temps pour rassurer son beau monde et ramener la sérénité et la confiance dans les gants.
C’est en attaque cependant et sur les balles arrêtées que se situe le gros du chantier d’El Tactico. Nos GaÏndés ne sont pas des buteurs et sont loin d’être féroce devant les buts.
IsmaÏla Sarr jouerait actuellement la Ligue des champions, Boulaye Dia ne serait pas globe-trotter. Le premier à l’évolution mitigée a beaucoup à apprendre. De la réception du ballon, sa conduite et sa finalité, IsmaÏla Sarr, un diamant brut, manque d’être serti pour devenir un grand et se compter par les plus grands du monde. El Tactico pourrait l’aider à opérer ce shift psychologique qui fera éclore son énorme potentiel.
Pareil pour Boulaye qui doit structurer son jeu et l’imprimer sur sa puissance dont il fait usage maladroitement malheureusement.
Quant à notre héros national, il lui faut sortir de la mauvaise passe et prendre le dessus sur ses doutes. Locomotive de la tanière, Sadio Mané a deux mois pour inverser la tendance à Munich, retrouver la joie de marquer et performer et porter le Sénégal au Qatar. Les chantiers paraissent gros, mais ils sont à la portée aussi d’El Tactico.
Maderpost