La filière anacarde (cajou) est complexe car étant constituée de plusieurs chaînes de valeur de produits, de co-produits et de sous-produits.
TRIBUNE – Prenons la chaîne de valeur « Noix Brutes de Cajou » d’Afrique (en anglais, Raw Cashew Nut), elle alterne en saisonnalité complémentaire entre la production de l’hémisphère nord (Afrique de l’ouest) et celle de l’hémisphère sud (Afrique de l’est).
Ces pays producteurs n’en sont pas consommateurs, mais c’est l’Inde (1er et principal consommateur de RCN) qui vient compléter ses besoins dans ces 2 hémisphères africains.
L’Inde se positionne dans la transformation de ces RCN derrière le Vietnam qui le leader Agro-industriel avec son génie équipementier de processing hautement performant.
La Côte d’Ivoire qui est devenu le 1er pays producteur mondial avec plus de 1,2 millions de tonnes bénéficie de la volonté de l’Etat qui a permis d’en faire le 3e pays transformateur du monde derrière le Vietnam et l’Inde pour la 2e chaîne de valeur qu’est l’Amande (en anglais Kernel) dont les pays consommateurs sont les États-Unis, l’Europe, le Moyen-Orient… en snacking…
La CEDEAO a fixé l’ambition d’une transformation d’au moins 30% pour des pays comme le Sénégal qui en a moins de 5%, un plafond de verre encore difficile à briser du fait de la mainmise indienne et vietnamienne !
S’y ajoute que les INCOTERMS de ces chaînes de valeurs de l’anacarde sont gouvernées par un Dollar US marqué par une volatilité.
Sans compter que le marché des Amandes (fruits secs, pour la plupart) est celui de succédanés alimentaires et substituts nutritionnels qui s’auto-regulent entre elles…
Nous pourrions en dire autant sur :
– le CNSL (Cashew Nut Shell Liquid),
– la pomme de cajou (faux-fruit ou réserve nutritive pour la noix quand l’arbre est vivant),
– la Coque (pour la production de biochar par exemple ou d’engrais organique…)
– les feuilles en Ethnobotanique
– l’arbre lui-même
– les exsudats et résines en cosmétologie et pharmacologie, en nutrithérapie, en bio-lutte et biocontrôle phytosanitaire
– etc.
Considérant la tendance lourde et récurrente de fermeture des entreprises et unités de transformation de l’anacarde, prenons le cas d’ETHICAJOU dont j’ai contribué au montage conceptuelle.
En réalité, ils n’ont pas voulu, ou si ni pu appliquer les recommandations que je leur avais faites tout en faisant fi de l’anticipation des risques inhérents à la transformation du cajou au Sénégal en particulier. À savoir les risques (géo)politiques et institutionnels mais surtout agronomiques liés au déficit de productivité du fait d’une têtue « écologie de cueillette » en lieu et place d’une optimale « économie de plantation » qu’il faut pour sécuriser un approvisionnement équitable, régulier et stable en Noix brutes de qualité qui soient disponibles et accessibles pour les unités locales. Un système de régulation par et avec le soytien de l’Etat selon des « quotas de sécurité » qui leur seraient dédiées et destinées.
De façon pragmatique, « le vin est tiré, il faut le boire », une piste de solution pour ETHICAJOU (voire pour les 13 unités en souffrance) est que l’Etat en soit repreneur stratégique pour recapitaliser avec un Pool de Champions, comme Boubacar Konta et Serigne Mboup, surtout de la région avec une ouverture du capital aux Acteurs que sont les Producteurs, les transformatrices et les exportateurs selon le principe d’actionnariat croisé permettant à ces acteurs d’en être à la fois actionnaires, administrateurs, fournisseurs et clients !
Juste dire que c’est à nos pays de travailler à choisir leurs produits stratégiques pour lesquels ils ont les avantages comparatifs, d’en développer les modèles économiques et réseaux d’affaires adéquats et de s’y positionner en leader mondial en se donnant les moyens de leurs politiques !
Nabi Rahma Ndene
Maderpost