La prochaine période de jeûne du Carême débute pour les catholiques le 26 février 2020, avec le jour du “mercredi des Cendres”, au lendemain de Mardi gras.
CAREME – Après Mardi gras, mercredi 26 février 2020 sera aussi le “mercredi des Cendres” chez une partie des chrétiens. Date clé du calendrier liturgique, ce jour de réflexion et de recueillement pour les catholiques (et non pour les orthodoxes), symbole de deuil et de pénitence, marque aussi le démarrage de la période de Carême.
40 jours de jeûne et de prière vont s’en suivre pour les croyants, jusqu’au fameux dimanche de Pâques. Une période qui commémore pour les fidèles les 40 jours passés par Jésus-Christ dans le désert et racontés dans la Bible.
Encore aujourd’hui, le Carême reste pour les catholiques une manière de se préparer à la plus grande fête chrétienne : Pâques. Les dates de début des carêmes catholique et orthodoxe (deux courants de la religion chrétienne) sont différentes. Il débute ainsi à la date du “Lundi pur”, fixé au 2 mars 2020 chez les orthodoxes et les catholiques de rite byzantin, soit dans les Eglises d’Orient.
Quelle est la signification du carême
Le Carême tire ses origines d’un épisode biblique : la tentation du Christ. D’après les Evangiles, peu après son baptême (vers l’âge de 30 ans), Jésus a passé quarante jours de jeûne dans le désert de Judée, à l’est de Jérusalem. Là, le Diable lui serait apparu pour le tenter.
Ce sont les textes de Matthieu et Luc qui donnent le plus de détails sur cet événement supposé. Après avoir passé cinq semaines de jeûne parmi les bêtes sauvages, Jésus Christ est visité par Satan, qui lui fait trois propositions. D’abord, changer les pierres en pain pour soulager sa faim. Ensuite, le malin aurait proposé à Jésus de prouver sa nature divine en sautant du haut du Temple de Jérusalem et en se faisant rattraper par des anges. Enfin, au sommet d’une montagne, le Diable propose à Jésus de lui offrir tous les royaumes du monde en échange de sa soumission… Dans les trois cas, Jésus refuse de se laisser tenter.
L’Eglise catholique résume cet épisode et la tradition du Carême ainsi : “L’Eglise s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus dans le désert” (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 540).
Toutefois, historiens et théologiens demeurent divisés sur la nature de l’événement : retraite réelle dans le désert ou parabole des tourments moraux du Christ ? Quelle que soit la “réponse”, la période du Carême invite les chrétiens à se souvenir de cet épisode dans un esprit de retraite collective pendant un mois.
Et ladite réflexion se poursuit jusqu’à la Semaine Sainte, période du souvenir de la mort puis de la résurrection du Christ pour les chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants…).
Le Carême représente donc aussi pour les pratiquants l’occasion de se préparer sereinement à célébrer les solennités pascales, via une purification de leur coeur ; ce qu’ils considèrent comme une bonne pratique de la vie chrétienne et une attitude de pénitence.
Pour les chrétiens pratiquants, la période du Carême est marquée par une consommation réduite d’aliments qui contraste justement avec les carnavals, beignets et autres réjouissances qui précèdent traditionnellement le mercredi des Cendres.
Mais le Carême correspond aussi et surtout à une recherche spirituelle. Car il va, pour les chrétiens, au-delà du simple jeûne alimentaire. Il s’agit d’une période de présence à soi, à Dieu et aux autres s’ajoutant à une nourriture frugale. Date de pénitence, le Carême commémore en effet des épisodes bien précis de l’existence de Jésus Christ tels que décrits par les évangiles (comme expliqué ci-dessus).
Quelle est l’étymologie du mot carême ?
Le mot Carême tire ses racines de “Quadragesima”. En latin, ce mot signifie “quarantième” : il rappelle la durée de cette période qui démarre au lendemain de Mardi Gras pour se terminer le Samedi Saint, veille de Pâques… Il dure ainsi, pour rappel, quarante jours, sans compter les dimanches. Chiffre revenant souvent dans la religion catholique, le 40 y symbolise le recommencement.
A quoi correspond le mercredi des cendres ?
Le Carême est marqué par plusieurs dates importantes pour les chrétiens. A commencer par le mercredi des Cendres, lendemain sévère de Mardi gras. Le mercredi des Cendres est ce jour mystérieux lors duquel le prêtre dessine une croix sur le front des fidèles et déclare : “Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière”. Cette évocation symbolique de la mort existe depuis le VIe siècle. Dans leur représentation, les Cendres se rattachent toutefois à plusieurs phases de la relation du croyant au Christ :
- la condition vulnérable de l’homme, en d’autres termes sa faiblesse, sa vanité et sa propension à commettre des pêchés ;
- la prière intense de l’homme à Dieu pour que ce dernier lui vienne en aide ;
- la résurrection à laquelle participe tout homme dans le cadre du “triomphe du Christ”.
Le 4e dimanche du Carême – dit dimanche des Lætare (du latin “se réjouir”) – est un autre de ces temps forts. Il s’agit d’un temps de pause dans l’austérité du Carême, où les célébrations retrouvent un aspect plus festif (fleurs, cloches, vêtements…). Objectif : laisser entrevoir aux fidèles les joies de Pâques.
Qu’est-ce que la Semaine sainte (et le Vendredi saint)
En fin de Carême se produit un troisième moment clé : la Semaine Sainte, commémorant la Passion du Christ. Elle s’ouvre une semaine avant Pâques, lors du Dimanche des Rameaux. Ce jour-là, dans le rite catholique, les fidèles apportent des rameaux (branches), qui sont bénis lors de la messe. Cette cérémonie est un hommage à l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem : selon la Bible, le peuple l’avait alors salué en recouvrant son chemin d’un tapis de vêtements et de palmes.
La Semaine Sainte se poursuit lors du Jeudi Saint : dans les Evangiles, ce jour est celui de la Cène, dernier repas partagé entre Jésus et ses apôtres et première Eucharistie. Vendredi Saint est le jour de commémoration de la mort de Jésus-Christ. Il est d’usage de ne pas célébrer de messe, mais de suivre un chemin de croix (une procession rappelant les épisodes de la crucifixion). Samedi Saint est le dernier jour consacré au jeûne et à la réflexion. Le soir, les catholiques pratiquants se réunissent pour la veillée pascale. Cette nuit-là marque la fin du Carême et le début des célébrations de Pâques.
Pourquoi et comment jeuner pendant le carême ?
Les règles du jeûne du Carême ont perdu de leur vigueur au fil des années, y compris chez les chrétiens. Il s’agit encore pour les plus pratiquants de moins se nourrir et de se limiter à des aliments maigres (un repas par jour, frugal, à base de pain et de riz par exemple).
A défaut, ils peuvent aussi se priver d’aliments représentant leurs pêchés mignons et faisant appel à leur gourmandise. Avant de démarrer cette parenthèse de frugalité sur plus d’un mois, la tradition religieuse veut que les réserves de nourriture soient vidées pour éviter le gaspillage : crêpes, beignets et autres douceurs sont ainsi dévorées au moment du Mardi Gras, la veille du début du Carême.
Le jeûne du Carême se rattache aussi à une abstinence autre que strictement alimentaire : cigarette, alcool, café, smartphones ou autre écrans… Bref, les “efforts” doivent aussi concerner les addictions du quotidien. Objectif pour les pratiquants ? Consacrer davantage de temps aux autres. Des efforts qui prennent fin avec la Semaine Sainte, qui commémore pour les croyants la Passion du Christ.
Pourquoi mange-t-on du poisson le vendredi ?
La question de la viande est particulièrement importante pour les catholique pratiquants pendant le Carême, la pratique d’une consommation limitée voire nulle de viande s’étant installée dans certains foyers au fil du temps.
Le poisson est donc apparu comme une alternative pendant cette période de privation, bien que cette pratique ne soit liée à aucune règle formelle. Le Vendredi Saint étant une date particulièrement importante dans cette privation, l’interdiction de la viande en souvenir du jour de la crucifixion et la consommation de poisson s’y sont souvent imposées. La pratique dépasse d’ailleurs le Vendredi Saint et certains foyers ont pris pour habitude de remplacer la viande par le poisson chaque vendredi. Un usage qui demeure courant dans de nombreuses familles – y compris peu ou pas pratiquantes – en France comme ailleurs.
Le poisson a d’ailleurs une place symbolique importante chez les catholiques depuis le début de la chrétienté. Issu du grec Ichthus, il rappelle la vie et l’abondance promise par le Christ, qui a d’ailleurs joint le geste à la parole en multipliant les poissons lors de l’épisode de la Bible dit de la “Multiplication des pains”. Le poisson est aussi convoqué dans un autre épisode du Nouveau testament, celui de la “Pêche miraculeuse”. Dans la Rome antique, les premiers chrétiens furent également appelés les “pisci”.
Quelle est l’histoire du carême chez les protestants, les orthodoxes, les musulmans ?
Si dans la Bible les apôtres ne commémorèrent pas la mort de Jésus en se privant de nourriture, la pratique s’installa rapidement chez les premiers chrétiens.
C’est au IVe siècle que les célébrations de Pâques et du Carême seront formalisées par l’Eglise (pas encore découpée entre catholiques, orthodoxes et protestants) : dates et rituels se fixent progressivement dans l’Antiquité tardive et au Moyen-Âge. Beaucoup de croyants pratiquaient alors la xérophagie (consommation de pain et de fruits secs uniquement) et se privaient du repas du soir. Mais le jeûne est une pratique religieuse très ancienne qui ne concerne pas que les chrétiens.
Par exemple, elle est déjà signalée dans de nombreux passages de l’Ancien testament ou dans certains enseignement bouddhistes, et concerne aujourd’hui bien évidemment les musulmans lors du Ramadan, mais aussi les juifs, au moment de Yom Kippour.
Dès la Renaissance, le schisme protestant, suivi par la relative sécularisation de la société occidentale et la relaxation des consignes données aux chrétiens ont rendu les pratiques plus diverses.
Chez les catholiques, le jeûne peut être remplacé ou complété par des bonnes actions ou des prières. Les protestants, eux, considèrent cette période comme un moment de réflexion où l’on doit se tourner vers le Christ, sans pour autant recommander de pénitence alimentaire.
Chez les orthodoxe enfin, le jeûne reste en revanche un élément important dans ce qui est appelé le Grand Carême. Sa pratique doit être encadrée et définie avec son Père spirituel, généralement un confesseur.
Maderpost / Linternaute