Il paraît que tout ce qui est profond aime les masques. Le port obligatoire de ce tissu protecteur contre le mal de l’époque constitue de ce fait un indice tangible des «métamorphoses du monde.» Dans le fond ce monde change sans changer tout en changeant… Une pierre dans le jardin de mes chers amis philosophes qui s’étonnent et s’interrogent ! Par Mamadou NDIAYE TRIBUNE – Il n’est rien de dire que la mondialisation actuelle vacille, prise dans des tourments, des tourbillons, bref dans des mouvements alternatifs répétés qui en fragilisent, s’ils ne compromettent l’équilibre global, lui-même instable. Lorsque la crise sanitaire a éclaté en début d’année en Asie, l’Europe n’y voyait qu’un problème d’Orient. De l’Extrême-Orient même pour être plus précis. Elle ignorait qu’à son tour, elle allait, pour un moment, devenir l’épicentre de cette pandémie. Avant de passer le «témoin» à la grande Amérique de Donald Trump. Elle se gaussait de ce qui se passe ailleurs, s’interdisant de penser un seul instant que le coronavirus y élirait un jour domicile au point de détenir le record absolu du nombre de cas et de morts. En s’emparant de ces «citadelles imprenables», le virus couronné –par qui ?- savourait déjà sa victoire sur les hommes qui, pour échapper à l’hécatombe annoncée, émettent l’assourdissant message «restez chez vous» synonyme de «fermez les frontières». Reçu cinq sur cinq, le mot d’ordre place l’humanité sur la défensive avant de reconnaître sa défaite «provisoire» face à un ennemi certes commun mais invisible à l’œil nu. Plus grave, ce même ennemi mute, se transforme, se transmet à une vitesse effrayante et toise avec ostentation les portiques des points de passage. Dernier touché, Trump, l’œil rivé sur la prochaine élection présidentielle de novembre, a été plus prompt à réagir en invitant les Américains, «partout où ils sont» à geler leurs investissements et à rapatrier leurs avoirs au plus vite. La trésorerie logée à l’étranger représente «un butin» de guerre commerciale. Le Républicain, locataire de la Maison, va même jusqu’à brandir la menace de représailles en invoquant à l’appui, le «USA Patriot Act» pour sévir contre ceux qui n’obtempéraient pas. Curieux quand même ! Parce que justement cette loi, d’inspiration antiterroriste, est votée en 2001 suite aux inoubliables attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New York et Washington, la capitale. Le gel puis le retrait des investissements américains traduit, chez le 45ème Président des Etats-Unis, un désarroi, conséquence d’une méprise de l’ampleur de l’infection virale. Celle-ci révèle l’affligeante pauvreté du pays en matière d’infrastructures hospitalières, alors que Washington se vante d’être la puissance dominante du monde. Plus aucune logique ne gouverne la planète livrée aux caprices de dirigeants dépourvus de discernement. Certains, comme Trump et Erdogan en Turquie revisitent la géopolitique et les relations internationales sous le seul prisme de l’unilatéralisme, ne voyant dans les autres aires géographiques que des espaces de marchés. Lesquels, attractifs ou porteurs accueillaient massivement des dollars investis dans des projets de croissance. Les zones desquelles se retirent les investissements américains manquent cruellement d’idées d’injections de capitaux ? Pour ne pas la nommer, l’Afrique ne draine des flux que dans des secteurs à haute rentabilité. Peu importe qu’ils soient moins innovants que la nouvelle économie, l’essentiel étant de renflouer les firmes cotées en bourses où les rachats d’actions, les cessions et les rétrocessions d’actifs animent et enthousiasment les places financières. Cette dichotomie montre que les détenteurs de puissants leviers financiers ne donnent pas cher de l’avenir du continent alors que ses propres dirigeants acquièrent avec une frénésie infantilisante des biens en Europe. A cet égard, comme un axe de champ visuel, l’Afrique centrale présente une situation ubuesque : au Tchad, Idriss déby Itno est hors cadre avec sa dernière facétie de Maréchal. Au Gabon Aly Bongo est hors course, reclus à cause d’une maladie invalidante. Le Camerounais Paul Biya est hors du temps, puisqu’à plus de 88 ans, il subit les événements plus qu’il ne les influence. Le Congolais Sassou Nguesso se trouve hors jeu à force de tripatouiller les fichiers électoraux. Tandis que Mathias Nguéma est lui hors de portée, figé dans son insularité où, à répétition, il organise des bals populaire pour tuer l’ennui. Ils personnifient, à leur âge, l’immobilisme de l’Afrique. Ces opulences choquent. Des consciences citoyennes s’élèvent pour dénoncer une telle abondance de biens acquis en dehors du continent. Détail amusant : tous ces pays ont connu la malédiction du pétrole et du gaz. Pour avoir misé sur un baril en hausse continue, ils en attendaient des montagnes de recettes afin de financer des «éléphants blancs». Erreurs fatales en série. Car ils n’ont été ni prévenants, ni prudents. En d’autres termes, dans la prévision il y a toujours de l’incertitude… Résultat : les cours des hydrocarbures chutent. Vertigineusement. Les déficits se creusent. Les budgets fléchissent. Ils entraînent une diminution drastique des allocations de ressources, notamment dans les secteurs sociaux. Conséquence : perte de pouvoir d’achat et recours à l’endettement pour honorer les salaires de la fonction publique. D’où naissent les inégalités qui se perpétuent du simple fait de la gestion clanique des pouvoirs. Il n’est un secret pour personne que les enfants des chefs d’Etat africains contribuent au malaise ambiant par leur train de vie dispendieux, leur exubérance, leurs goûts immodérés de la luxure et des pratiques de plaisir qui frisent l’indécence. Etre fils de P… autorise toutes les extravagances. Ils délaissent le continent et prennent d’assaut les Palaces et autres lieux de villégiature européens ou américains pour s’y adonner à des actes que la morale réprouve. Nul n’ignore que ces comportements d’insouciance sont perçus comme agressifs et arrogants dans un contexte de rareté mais aussi et surtout de crise sanitaire aiguë. Ont-ils conscience que l’Afrique n’a pas voix au chapitre ? Savent-ils que par leurs facéties et autres bouffonneries, ces jeunes gens discréditent le continent tout en ruinant les efforts consentis par d’autres au prix d’un immense sacrifice pour relever la tête ? Certainement ont-ils la tête à la fête. Mais attention : l’étau se resserre.]]>
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