Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a estimé mardi qu’une nouvelle « phase » avait été « déclenchée par les terroristes », contre des civils, quelques jours après l’enlèvement d’une cinquantaine de femmes dans le nord du pays.
BURKINA FASO – « Aujourd’hui, une autre phase a été déclenchée par les terroristes. Du côté militaire, nos hommes sont déterminés à les affronter, alors ils commencent à attaquer des populations civiles innocentes, à les humilier, à les tuer », a déclaré le président.
Traoré lors d’une rencontre à l’Université de Ouagadougou avec des étudiants de tout le pays. Jeudi et vendredi, une cinquantaine de femmes ont été enlevées par des jihadistes présumés dans deux localités au nord et à l’ouest de la commune d’Arbinda (Nord), selon les autorités de la région.
Des recherches terrestres et aériennes sont en cours pour les retrouver. L’ONU a exigé leur libération “immédiate”.
Arbinda est située dans la région du Sahel, une zone sous blocus par des groupes djihadistes, difficile à approvisionner.
Selon une source sécuritaire contactée par l’AFP, « le ravitaillement d’Arbinda a commencé mardi matin », par voie aérienne. « Il y avait deux rotations d’hélicoptères ce matin pour le ravitaillement. Il était temps car nous n’avons rien eu à manger depuis des mois. Juste des feuilles qui se raréfient aussi. Ce matin quelques dizaines de personnes avaient commencé une manifestation pour réclamer ce ravitaillement avant de voir l’hélicoptère », a confirmé Souleymane, un habitant joint par l’AFP.
« Nous avions vraiment besoin de ce ravitaillement par voie aérienne. L’idéal serait d’avoir un convoi terrestre très rapidement car la population est nombreuse et ne compte que sur ces ravitaillements pour tenir et ne pas mourir de faim », ajoute Amadou, un autre habitant.
Mardi soir, l’état-major burkinabè a demandé « à tous ceux de bonne volonté de mettre à la disposition de l’armée, gratuitement ou à un prix social, des camions avec chauffeurs pour le transport des vivres et des produits de première nécessité », afin d’« assurer le l’approvisionnement des populations vivant dans des zones à forts enjeux sécuritaires ».
Le capitaine Traoré est arrivé au pouvoir fin septembre lors d’un coup d’État, le deuxième en huit mois, et a promis de s’attaquer aux violences jihadistes qui visent depuis plusieurs années des militaires mais aussi des civils.
« Depuis octobre, le nombre d’attentats s’est multiplié », a-t-il reconnu mardi.
Selon lui, les groupes jihadistes qui sévissent notamment dans le nord et l’est du pays se sont « mis au travail » pour « décourager d’emblée » les nouvelles autorités de la transition.
« Nous sommes déterminés à résoudre ce problème terroriste. Cette guerre, nous ne l’avons pas choisie. Le Burkina n’a attaqué personne. Nous avons été attaqués et nous nous défendons depuis », a-t-il insisté.
Le Burkina Faso, particulièrement dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 à la multiplication des attentats de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Ils ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés. Près d’un million de personnes vivent actuellement dans ces zones bloquées, dans le nord ou l’est du pays, selon les Nations unies.
Maderpost / Africanews