Doit-on immédiatement après la prise de fonction du duo Sarr – Diba, l’économiste en chef et le nouvel argentier, retourner à l’assemblée nationale pour une loi des finances rectificative ou une refonte de la loi des finances initiale déjà arrêtée et votée mais non encore exécutée.
TRIBUNE – Ce questionnement trouve toute sa pertinence dans la consolidation et le regroupement en grappes avec cinq super ministères du nouveau gouvernement. Initialement le budget 2024 fut adopté pour les 39 portefeuilles ministériels de l’équipe Amadou BA. Aujourd’hui nous avons un resserrement de l’équipe gouvernementale avec des périmètres élargis et verticaux, et bien – sûr la ventilation et l’ordonnancement des crédits et dépenses budgétaires s’en trouvent affectés. La LFI 2024 est déjà un casse- tête heureusement que l’argentier entrant comme sortant sont issus de la bureaucratie de Peytavin.
Quel que soit l’option retenue, les orientations précises de la nouvelle feuille de route ne seront déclinées que devant l’assemblée nationale par le nouveau Premier Ministre dans les prochaines semaines, en attendant du pré – requis essentiels sont à prendre en compte dans la refonte de la LFI de 2023 arrêtée à 7003 milliards de Fcfa.
1 – le premier poste de dépenses constitué de la masse salariale s’est gonflée au moins de 3% entre novembre 2023 à Mars 2024 à cause d’une frénésie de recrutements en masse à tous les niveaux de l’administration en violation des règles qui régissent la procédure dans la fonction publique. A ce jour nous pouvons projeter de manière non exhaustive que la masse salariale va dépasser 1 300 milliards pour le budget 2024. En trois mois seulement c’est 30 milliards qui se sont ajoutés à la masse salariale brute de l’État pour un effectif qui frôle 178 000 fonctionnaires. C’est inédit……….
2 – la budgétisation correcte de l’amortissement de la dette intérieure, surtout des emprunts hors budget contractés par le secteur parapublic qui suit une courbe exponentielle. Toutes les sociétés nationales, les agences et les entreprises publiques ont pris toutes sortes d’engagements auprès des banques locales et sous – régionales à tel point que nous pouvons projeter ces encours entre 600 milliards à plus de 1600 milliards de F CFA . Ce fut la course à l’endettement comme une manière pour les DAF et DG d’empocher des commissions. La cour des comptes doit être mise en contribution pour un inventaire exhaustif de tous ces flux de dettes adossées à l’État. Certaines pratiques peuvent relever même du pénal tant elles sont opaques et illégales. L’amortissement et le paiement d’une partie de ces ardoises conditionnent la relance de l’économie avec des secteurs stratégiques comme le BTP et les services. Une bonne partie de ces engagements hors- bilan se confondent à avec la dette intérieure. Sur cette question Peytavin à une obligation de transparence. Un mémorandum sur cette problématique gravissime est urgent si le pays veut s’inscrire dans les meilleures pratiques de gouvernance publique.
3 – Le montant des services de la dette extérieure exacte ; sa monographie précise et surtout l’amortissement de cette dette avec notamment l’impact des taux de change et des taux d’intérêt variables sur le stock de la dette – notamment les eurobonds. Le stock global de la dette publique ressort à 13 230,6 milliards de FCFA à fin décembre 2022. II représente 76,62% du PIB. L’encours global de la dette publique est constitué à 67% de dette extérieure et à 33% de dette intérieure d’où la vulnérabilité de notre pays durant la prochaine revue de sa notation par FITCH or MOODY’S.
4 – la comptabilisation pour le budget 2024 de l’OPEX du pétrole et du gaz avec la production imminente du first baril et du first gaz dans les champs gaziers de GTA et Sangomar. Le duo SARR – Diba doit urgemment modéliser pour la présent budget les revenus issus des premiers versements reçus des opérateurs aux titres des 10% qui nous reviennent dans les schémas de partage de revenus du pétrole et du gaz. Les revenus du pétrole et du gaz sont essentiels pour la structure actuelle et future du budget en revenus directs comme en revenus indirects.
Les futurs revenus du pétrole pour lesquels aucun montant n’est connu peuvent légitimer une refonte totale du budget de l’équipe sortante de Peytavin. D’ailleurs dans le livre Solution du Premier Ministre O Sonko offre des pistes intéressantes pour l’optimisation des recettes issues du pétrole pour peu que les nouvelles autorités clarifient leur ligne de conduite entre audit des contrats ou renégociation de ces contrats.
5 – Enfin il est essentiel de s’aligner sur les meilleures pratiques pour les meilleures projections des taux de croissance. Trop souvent les niveaux de croissance du PIB retenus par les techniciens de Peytavin – 9% pour la LFI de 2024 – sont surestimés par rapport à notre croissance effective d’où des révisions in extremis à la baisse qui entament la sincérité et la fiabilité du budget. Aujourd’hui au sortir d’une période pré- électorale incertaine il est presque établi que notre pays qui entame le 2eme trimestre de 2024 ne peut plus réaliser 9% de croissance de son PIB, même la BCEAO table sur 5,7 % en moyenne dans la zone UEMOA, encore que pour le Sénégal il faut ajouter l’impact négatif du retard de la livraison des premières productions de nos hydrocarbures d’où l’urgence de revoir le cadrage macro – économique sous-jacent de nos budgets.
Au vu de la météo économique et de l’environnement des affaires, il est presque évident que la LFI de 2024 dépassera les 4% de déficit budgétaire chiffrés à quelque 800 milliards de FCFA avec une croissance trop en deçà des prévisions pour ce premier trimestre 2024, heureusement que l’ordonnancement budgétaire a un peu attendu l’issue des élections. L’amortissement de la dette à 1 250 milliards annuels et la masse salariale de l’état à 1 300 dépasse de loin la trésorerie de l’état en glissement annuel. Les salaires et le paiement de la dette extérieure c’est presque 75% de la trésorerie publique.
Les priorités sur la vie chère, l’emploi des jeunes, l’éducation et la sante’ risquent de chambouler les schémas de PEYTAVIN, un vrai baptême de feu pour le duo SARR – DIBA qui hérite d’un pays exsangue abonné presque mensuellement aux appels publiques à l’épargne sur le marché financier sous -régional. Les choix budgétaires de PEYTAVIN seront une indication sur les vraies priorités retenues pour le quinquennat qui commence en attendant bien sur le discours de politique générale du PM Ousmane SONKO.
Moustapha DIAKHATE, Ex Conseiller Special PM et Consultant en Infrastructure
Maderpost