Pour mieux gérer sa masse salariale du secteur public, la Guinée-Bissau a adopté la technologie blockchain, un mécanisme numérique sécurisé qui permet de suivre et de rendre compte des dépenses salariales des fonctionnaires, informe le site du Fonds monétaire international visité jeudi 3 octobre 2024 par Maderpost.
GUINEE-BISSAU – La Guinée-Bissau a fait un bond en avant vers l’avenir en lançant avec succès en mai 2024 une plateforme blockchain dans le cadre du programme du pays avec le FMI, au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), conçue pour « révolutionner sa gestion de la masse salariale du secteur public ».
Après quatre ans de collaboration avec le Fonds et le conseiller technologique Ernst & Young, et avec le soutien financier de partenaires sélectionnés, la Guinée-Bissau « avance ainsi dans la mise en œuvre de cette nouvelle technologie », indique le document du FMI.
Cette initiative, l’une des premières du genre en Afrique, marque un bond significatif vers « une meilleure gouvernance et une meilleure transparence des finances publiques », relève l’institution financière de Bretton Wood, affirmant que l’initiativesouligne « l’engagement du pays à relever les défis de gouvernance et à améliorer la prestation des services publics ».
Dans une interview, IMF Country Focus s’est entretenu avec le chef de mission de la Guinée-Bissau, José Gijon, et la responsable du projet blockchain, Concha Verdugo Yepes, à propos de cet outil innovant.
C’est ainsi que sur la nouvelle plateforme blockchain de la Guinée-Bissau, Verdugo Yepes a déclaré qu’elle « propose un registre numérique sécurisé et transparent pour la gestion des données de la masse salariale de la fonction publique, permettant un suivi en temps quasi réel de l’éligibilité aux salaires et aux pensions, de la budgétisation, des approbations de paiement et des versements des salaires et des pensions ».
« Elle améliore considérablement l’intégrité des données et permet la production de rapports fiscaux opportuns et précis à l’usage des décideurs politiques et du public.
C’est l’une des premières plateformes d’Afrique subsaharienne à utiliser la technologie blockchain pour améliorer les opérations gouvernementales, notamment dans la gestion des salaires et des pensions.
En pratique, la plateforme fonctionne à l’aide de la technologie blockchain, qui est un registre virtuel. Ce registre stocke et échange des informations de manière sécurisée et inaltérable.
Chaque transaction est enregistrée en temps quasi réel sur un registre inviolable.
La solution blockchain identifie les écarts et déclenche des alertes en cas d’informations salariales incohérentes. Elle réduit également la charge des rapports d’audit et de rapprochement, et fournit des données fiables, opportunes et de haute qualité aux modèles d’intelligence artificielle (IA).
Bien que la solution ne soit pas actuellement intégrée aux modèles d’IA, elle dispose des données nécessaires pour former des modèles d’IA prédictifs afin de prévoir des informations clés pour la prise de décision, telles que l’estimation des paiements injustifiés ou mal dirigés.
L’avènement de l’IA générative pourrait conduire à de nouvelles avancées à l’avenir liées à l’analyse des données et à d’autres domaines. »
Sur les avantages que cette plateforme apportera à la Guinée-Bissau et à ses citoyens, José Gijón est d’avis que le « soutien du programme par l’ECF et la solution blockchain jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la stabilité fiscale et économique de la Guinée-Bissau ».
« Lorsque la conception du projet a commencé en 2020, la masse salariale totale équivalait à 84 % des recettes fiscales, le ratio le plus élevé de la région. En d’autres termes, pour cent dollars collectés en impôts, quatre-vingt-quatre dollars étaient dépensés en salaires.
« Ce ratio est désormais tombé à 50 %, ce qui représente une amélioration considérable, mais reste élevé par rapport aux critères de convergence budgétaire régionale de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) selon lesquels les salaires ne dépassent pas 35 % des recettes fiscales.
« Cette solution blockchain s’inscrit dans la lignée des priorités politiques du pays visant à améliorer la transparence et la gouvernance budgétaires, conformément au programme soutenu par le FMI.
Plus généralement, l’initiative contribuera à accroître la responsabilisation et à réduire toute perception de corruption publique, ce qui contribuera à renforcer la confiance dans les institutions budgétaires.
En améliorant et en automatisant la gestion des salaires, elle rendra les opérations gouvernementales plus efficaces. Et en identifiant les incohérences dans les informations sur les salaires, elle déclenchera des alertes en cas de fraude potentielle. »
Concernant l’avenir de l’initiative blockchain de la Guinée-Bissau Verdugo Yepes indique que l’équipe blockchain « a déjà commencé à étendre le projet à d’autres ministères et agences de Guinée-Bissau ».
« D’ici novembre 2024, la plateforme numérique pourrait potentiellement suivre les informations de l’ensemble des 26 600 fonctionnaires et 8 100 retraités.
Les principaux objectifs du projet pour l’avenir sont de continuer à améliorer la transparence de la gestion de la masse salariale, en veillant à ce que les fonctionnaires ne soient embauchés que s’ils sont éligibles pour le faire conformément au cadre réglementaire de la Guinée-Bissau, que les paiements de la masse salariale soient tous correctement budgétisés et approuvés, et que les paiements aux fonctionnaires soient suivis.
Le Fonds et ses partenaires restent déterminés à soutenir la Guinée-Bissau dans l’extension de cette technologie à d’autres ministères.
Cette collaboration continue met en évidence l’objectif commun d’améliorer la gouvernance et de favoriser le développement économique durable dans la région.
L’histoire de la Guinée-Bissau n’est pas seulement celle d’un progrès technologique, mais aussi un témoignage du pouvoir de la collaboration, de la résilience et de la vision d’un avenir meilleur. »
Maderpost