Plus qu’une semaine, cinq jours francs diront les puristes, pour que les électeurs se rendent dans les urnes pour décider de la majorité de la 14e législature, soit confirmer et conforter l’actuelle majorité Benno Bokk Yakaar (BBY) à l’Assemblée nationale ou la débouter et créer, pour la première fois au Sénégal, les termes de la cohabitation dont le Président Macky Sall ne veut entendre parler, mais qui pourrait bien arriver si les Sénégalais décidaient de sanctionner l’ambition d’un… troisième mandat qu’on lui prête. LEGISLATIVES – Tout indique que la dernière ligne droite, dans laquelle se sont engouffrées les 8 coalitions en lice pour les 165 sièges du parlement atteindra son paroxysme, quand les états-majors se retrouveront à Dakar, pour le dernier acte des empoignades électorales et tenue de leadership. Jamais BBY (Unis par l’espoir) en danger à Saint-Louis avec la démission de Mary Tuew Niane, ce lundi 25 juillet, ne s’est retrouvée aussi menacée par des adversaires qui ont décidé d’en finir avec elle, après 10 années de règne sans partage, dans l’exercice du pouvoir législatif et de contrôle de l’action gouvernementale. Les sept autres coalitions Naataangué Askan Wi, Yewwi Askan Wi (Liberez le peuple), Les Serviteurs, Wallu (Secourir le Peuple), Bunt-Bi, Aar Senegal, Bokk Gis Gis Ligguey, en ordre de bataille, non sans quelques bisbilles entre elles, notamment entretenues par le radical Ousmane Sonko, président de Pastef/Les Patriotes et leader incontesté de Yewwi Askan Wi (YAW) qui dit avec force et fracas, qu’elles sont à la solde du Président Macky Sall qui a trouvé en elles de futures alliés à travers une neuvième liste qui ne dirait pas son nom. Sonko n’est pas le seul à le dire. Boubacar Camara, ancien patron de la Douane reconverti dans la politique, l’a théorisé, récemment. A tort ou à raison. L’avenir nous édifiera. Le leader de Pastef ne se prive pas en tout cas pour en rajouter une couche, avec calcul, évidemment (nous y reviendrons). Le Troisième mandat, une épine dans le pied de BBY Si la coalition présidentielle mise sur une formule à plusieurs équations pour réassurer sa majorité et conserver une confortable majorité qui fixerait davantage chez son président dans l’idée éventuelle de briguer un troisième mandat, il n’est pas dit qu’elle lui servira à l’arrivée. Surtout, si les électeurs lui font payer ce qu’ils pourraient considérer comme un silence de trop ou une ambition coupable d’un candidat qui leur avait dit, dix ans plus tôt (2012), qu’il réduirait le mandat de sept à cinq ans. Dans un tel ordre d’idées, la question est de savoir si l’option de partir en rang serré, de mettre l’accent sur les réalisations présidentielles, de mobiliser les électeurs de la diaspora et enfin de placer davantage de jeunes sur les listes conduites par Mimi Touré, toujours nommée mais jamais élue, suffirait à BBY pour baliser la voie de la confirmation de sa majorité. S’il l’on peut constater que concernant les rangs, le patron des lieux s’est fait suffisamment entendre pour que tous tirent dans la même direction, afin que la coalition ne souffre d’aucune dispersion, il est à se demander si la baraque sera davantage résiliente, dans les prochains jours qui s’annoncent décisifs pour l’actuelle majorité, BBY, voire pour sa survie si jamais l’issue des législatives accouchait d’un séisme. Concernant les réalisations du Président Macky Sall, il est difficile de ne pas les voir, de ne pas les quantifier et les qualifier, même s’il ressort d’elles, des équipements, et sa volonté certaine de doter le Sénégal d’infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières, évènementielles, plusieurs interrogations sur leurs pertinences. Encore faudrait-il dire que se projetant sur l’avenir, Macky Sall aura travaillé pour les prochaines générations et on n’en attendrait pas moins de lui. La privation d’une génération au profit de la descendante étant inscrite dans la démarche historique et humaine de toute celle qui précède. Qu’en pensent les électeurs et quelle sera leur dernier geste une fois dans l’isoloir ? La question concernant ce registre est de savoir s’ils ne prendront pas en compte, aussi, le bilan immatériel de Macky Sall ? Ce dernier point pourrait peser sur la balance, eu égard aux émeutes de mars 2021 qui voyaient les populations réagir avec plan et détermination pour empêcher l’emprisonnement d’Ousmane Sonko, poursuivi pour une sombre histoire de viol dans un institut de beauté. En effet, pour la première fois, dans l’histoire du Sénégal, un homme politique bénéficiait d’un concours jamais égalé de la population. Ni Mamadou Dia sous Léopold Sedar Senghor, ni Me Abdoulaye Wade sous Abdou Diouf, ni Idrissa Seck sous le même Wade et encore moins Barthélémy Dias, Karim Wade, Ababacar Khalifa Sall, n’ont fait sortir les jeunes, en masse furieuses, parce qu’ils allaient en prison. La diaspora, mamelle importante du développement et de l’équilibre social du fait de ses transferts, près de 1500 milliards FCFA en 2020 (1493 milliards FCFA soit 2,276 millions d’euros, représentant 10,5% du PIB) a été largement prise en compte par le Président Macky au point qu’il décida qu’elle devait compter des députés issus de ses flancs. Certains avaient vite fait de relever que l’exercice n’était pas payant. Il n’empêche que le projet a prospéré, mais la diaspora est-elle pour autant sensible ? Et jusqu’à quel point l’est-elle de l’offre du Président Sall ? Le rendez-vous du 31 juillet sera déterminant. L’intégration de plusieurs jeunes dans les listes de BBY témoignent du dynamisme et de la vigueur que la coalition compte implémenter dans la nouvelle législature, mais la jeunesse de BBY est-elle aussi rayonnante pour parler á ses congénères et se faire entendre ? La création de plusieurs emplois et formation jeune, l’autonomisation des femmes portées par la dynamique direction de l’emploi met en évidence les efforts du Président d’apporter des solutions concertées avec les partenaires de développement à la problématique jeune, formation et emploi. Pour autant, la situation en termes de formation est assez complexe et ce globalement au Sénégal, qui a beaucoup de chemin à faire dans ce domaine. Cela dit, de gros efforts sont faits dans un pays où le secteur privé est encore loin de jouer le rôle de moteur de développement attendu de lui. Cela pour plusieurs raisons dont les plus importantes sont d’ordre politique. Pointue, la question voit une opportunité en cette occasion d’en débattre avec ces législatives et ce pas seulement au Sénégal. Tous les pays membres de l’UEMO sont interpelés. Mais pour revenir sur l’option jeune choisie par BBY, il se constate une jeunesse fatiguée, désœuvrée, désabusée, prête à affronter les océans pour d’hypothétiques migrations vers l’Europe. Quelle lecture feront les jeunes sur l’offre de BBY. Enfin, Mimi Touré, la championne choisie par le maître des lieux pour piloter le projet « confirmation de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale ». Connue des Sénégalais, qui voient en elle une femme de fer, elle a marqué les premiers jours de la campagne électorale par une forme étincelante et une légèreté qu’on aimerait certainement lui voir plus souvent arborer, avec moins de suffisance. Mais Mimi, on ne la refait pas. Intellectuelle pure et dure, meneuse d’hommes et leader certaine, il lui reste á franchir le palier supérieur qui consiste à se faire enfin élire et non plus seulement nommer. L’enjeu est de taille pour l’ancienne militante de gauche qui devra mener sa troupe à la victoire finale, avec toutefois une épée de Damoclès sur sa tête. Ce troisième mandat prêté à son leader Macky Sall, sur lequel les opposants, tous pratiquement vont surfer, pour liquider dès à présent une équation difficile qui s’annoncerait encore plus complexe si jamais BBY l’emportait le 31 juillet. Qu’en pensent les électeurs ? Que décideront-ils une fois dans l’isoloir ? Seront-ils traversés par cette question ? BBY est devant son destin. En plein début d’hivernage pour le moins problématique avec ses problèmes d’eau stagnante, ces maisons inondées sur lesquelles il faut rapidement s’arrêter afin de prévenir les risques d’effondrement. A quelques mois des premiers barils de pétroles et bonbonnes de gaz – et oui ça compte aussi et comment ! – à 19 mois de la présidentielle dont les primaires se jouent le 31 juillet, BBY joue-t-elle plus qu’on ne le croit un rendez-vous décisif pour elle ? Le combat de la majorité à l’Assemblée nationale est celui de sa survie aussi. A trop vouloir tout, Macky Sall n’aurait-il pas joué gros pour rien ? Charles FAYE]]>
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