Après moult reports à cause de ses obligations professionnelles, le président de la Fédération sénégalaise de basket (FSBB) s’est finalement prêté aux questions de RECORD. Dans cet entretien de 20 minutes, Me Babacar Ndiaye fait le bilan de la saison 2020-2021, avant d’évoquer les chantiers du prochain exercice. L’avocat d’affaires s’est aussi prononcé sur les sélections nationales masculine et féminine.
Quel bilan faites-vous de la saison 2020-2021 jugée longue par les acteurs ?
BASKETBALL – J’ai une appréhension positive de cette saison 2020-2021, vu le contexte sanitaire dans lequel nous avons évolué. Mais nous avons pu organiser toutes les compétitions nationales, aussi bien en garçons qu’en filles, D1 et D2 réunies. Cela veut dire que nous avons exécuté toutes nos obligations. Il faut ajouter également les différentes périodes où nous étions obligés de surseoir aux compétitions à cause des Afrobasket ou la Basketball Africa League. Je pense que tout s’est bien déroulé et il n’y a pas eu de scènes de violence. La Coupe du Sénégal a été une apothéose. Les tournois de montée en D1 masculine et féminine ont connu un succès remarquable. Il reste un évènement pour clôturer cette saison en beauté, c’est le couronnement du «Roi» et de la «Reine». Nous avons décidé de nous reposer pour le mois de décembre. Nous verrons après sous quel format faire le couronnement. Dans l’ensemble, ça a été une très bonne saison.
Comment faire pour une maitrise du calendrier des compétitions ?
Il n’y a pas eu 14 mois de compétition. À la limite, on n’a même pas joué pendant 12 mois et je l’ai dit aux équipes. On a démarré la saison en janvier-février (ndlr : précisément le 9 janvier 2021). On a clôturé la D1 au mois d’octobre. En D2, on a démarré tardivement. Il faut que les clubs de D2 s’adaptent au calendrier de la Fédération. Ce championnat commence vers les mois de mars ou avril jusqu’au mois d’octobre. Je demanderai aux clubs de s’adapter au calendrier fédéral. Pour la D1, il y a eu des compétitions internationales comme la BAL et les Afrobasket. Nous étions obligés de surseoir pour permettre aux équipes engagées de défendre les couleurs du Sénégal. C’est pourquoi je dis que la saison de basket ne dure pas 14 mois. La saison a continué jusqu’au mois d’octobre à cause des compétitions internationales. Maintenant, on va essayer de voir si on ne peut pas jouer deux fois par semaine pour aller vite. En 2022, il n’y a pas d’Afrobasket, mais il y a les fenêtres FIBA (février, juillet et août) sans oublier la BAL. Il y aura forcément des périodes de suspension qu’il faudra prendre en compte dans la programmation du championnat. Tout sera fait de sorte que si on suspend les compétitions, on jouera pendant les vacances. On va discuter de tout ça en Comité directeur pour voir la meilleure formule possible.
La saison pourra-t-elle démarrer en janvier, sachant qu’il y a les fenêtres FIBA et la BAL en février et mars.
Je pense qu’on doit démarrer en janvier dans la deuxième quinzaine du mois. Il y a une réunion du Bureau fédéral la semaine prochaine (mardi). Des propositions seront faites au Comité directeur pour le démarrage du championnat. Si on veut vraiment être dans le timing, il faudra démarrer la saison dans la deuxième quinzaine du mois de janvier.
Qu’en est-il de la D2 d’élite ?
Oui, c’est vrai que nous avions annoncé la mise en place d’une D2 d’élite. Je préfère que cette question soit débattue en assemblée générale. Je l’ai dit en réunion de Bureau fédéral. Cela nous permettra d’avoir l’avis de la majorité des clubs. La D2, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, n’est pas mauvaise. Cela permet la massification du basket et rend notre discipline populaire. Même si certains pensent que ce n’est pas une bonne formule (la D2 se joue en tournois régionaux, départementaux ou zonaux), j’ai constaté que certains clubs promus parviennent à se maintenir. Je peux citer en filles, CEMT Ziguinchor, ISEG, DBALOC, en garçons Ville de Dakar, la JA, entre autres… Cette formule de D2 de masse n’est pas si mauvaise. Les gens veulent une D2 d’élite et nous en discuterons en assemblée générale qui aura le dernier mot. Je crois qu’il faudra, dans tous les cas, une période de transition d’un ou deux ans pour avoir une D2 d’élite sous forme de conférence. On pourrait donc avoir une D3 de masse pour le développement du basket à la base.
La formation des cadres techniques occupe une place dans le programme de la Fédération. Avez-vous pris conscient de la nécessité d’avoir des entraineurs qualifiés ?
C’est le rôle de la Fédération de former des techniciens qualifiés et capables de développer le basket partout dans le pays. Nous venons de terminer le stage d’entraîneur de 2ème degré avec 45 admis sur 66. C’est une excellente chose. On va démarrer ce jeudi (hier) le stage de 1er degré pour mettre sur le marché et à la disposition des équipes des entraineurs qualifiés. Sur le plan international, le Directeur technique et le Secrétaire général de la Fédération ont fait une visioconférence avec les responsables fédéraux de la Lituanie. Il a été décidé une coopération entre les deux fédérations dans le domaine technique avec comme axe majeur la formation des coaches. Cela se fera dans un premier temps en visioconférence, mais les Lituaniens viendront à Dakar pour partager avec nos entraîneurs. La Lituanie est un grand pays de basket et ce sera bénéfique pour le Sénégal. Nous avons l’obligation de former nos techniciens et cela ne se limite pas à l’obtention du diplôme. Mais la formation doit être continue, en leur offrant des bourses pour aller aux Etats-Unis ou ailleurs en Europe. Aujourd’hui, le nombre d’entraineurs susceptibles de prendre nos sélections A se compte du bout des doigts.
Et le projet de l’Académie fédérale ?
Le projet suit son cours avec la Direction technique nationale. Il est prévu un tournoi national des jeunes pendant les fêtes de Noël ou de Pâques. On n’a pas encore fixé de date pour le moment. Le tournoi national des jeunes nous permettra de faire des sélections en petites catégories. Ces sélectionnés vont composer l’Académie fédérale. Il y aura des centres régionaux. C’est un projet en cours, mais ce ne sont pas des choses qui se font du jour au lendemain. Cela demande un travail à la base. On est en train de voir la possibilité de concrétiser tout ça dans les meilleurs délais.
Est-ce que la FSBB aura enfin son siège ?
J’ai réfléchi sur cette question. Je pense que la meilleure solution c’est de nous restituer notre siège au niveau de Dakar Arena. Des locaux ont été spécialement conçus pour servir de siège à la Fédération sénégalaise de basket. C’est mieux que d’aller louer ou de rester dans les locaux de Marius Ndiaye qui ne sont pas dignes du standing de notre Fédération. La Direction doit nous remettre nos clés comme ça se fait au Rwanda. On a écrit Fédération de basket sur les portes de ces locaux. Je ne comprends pas pourquoi ces locaux ne sont pas restitués au basket. Nous allons écrire officiellement pour la remise des clés et on verra après.
Le Sénégal est-il candidat à l’organisation de la fenêtre de février, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde masculine 2023 ?
Ce n’est pas exclu. Je crois qu’on a intérêt à organiser pour plusieurs raisons. La première, c’est d’ordre sportif, pour gagner nos trois matchs et avoir le maximum de points. Dans ces éliminatoires, les points engrangés seront comptabilisés pour chaque fenêtre. Du fait qu’on n’aura pas la meilleure équipe du Sénégal en février avec les absences des joueurs NBA et ceux qui jouent en Euroligue, donc on doit jouer à domicile pour maximiser nos chances. De ce fait, on pourra jouer à l’étranger au mois de juillet avec tous nos meilleurs éléments. Nous y travaillons et c’est un tournoi qui n’est pas trop cher. Si nous arrivons à avoir une prise en charge des officiels, le transport des équipes et une petite subvention étatique, la Fédération pourra faire le nécessaire. Si nous avons une enveloppe de 50 millions FCFA, le reste peut être pris en charge par la billetterie et la cotisation des équipes. L’Etat du Sénégal ne serait pas contre l’organisation d’une telle compétition. En principe, le tournoi pourrait même coûter 30 millions FCFA sachant que l’Etat ne va pas acheter les billets d’avion pour l’équipe nationale de basket. En tout cas, nous sommes disposés à organiser au mois de février. Nous pensons que ce tournoi pourra se dérouler à Dakar et ce sera les deux poules B et D. (Ndlr : Le groupe D est composé du Sénégal, du Kenya, de la RD Congo et de l’Egypte. La Tunisie, le Sud Soudan, le Cameroun et le Rwanda forment le groupe B). Le tournoi est prévu les 25, 26 et 27 février.
Donc, la Fédération a prolongé avec Boniface Ndong ?
Même si on avait renouvelé avec Boniface Ndong, il ne serait pas disponible à cause de ses obligations en NBA. Ce sera certainement avec Mamadou Guèye «Pabi», un autre technicien et le Directeur technique national. Cela a été défini et c’était la même chose lors de la fenêtre de février 2021 à Yaoundé. Pour les fenêtres de juillet et août, Boniface Ndong sera là. On n’a pas prolongé, mais le principe est retenu.
Pensez-vous à revaloriser ou revoir le traitement des entraineurs nationaux ?
Ce n’est pas une injustice. Je prends l’exemple de Boniface qui ne peut pas avoir deux employeurs. Il travaille en NBA (avec Denver) et fait des piges pour le Sénégal. On ne peut pas lui faire un contrat permanent. Je pense que ce n’est pas nécessaire d’avoir des entraineurs à temps plein. On ne joue pas tout le temps comme au football. Au basket, il y a des fenêtres. Je donne l’exemple des filles qui n’ont pas de compétition en 2022. Elles vont rester un an sans jouer. Est-ce nécessaire d’avoir un coach à temps plein ? C’est vrai qu’il faut préparer une équipe, mais on discutera de tout ça. L’argent qui doit être utilisé pour payer un coach permanent, ça peut servir pour le fonctionnement du basket. Aujourd’hui, les entraîneurs sont bien payés pendant les compétitions. On a triplé les piges des entraîneurs. Quand je venais, c’était 2,5 ou 3 millions. Maintenant, on avoisine les 10 ou 15 millions. Il faut, cependant, se battre pour que les assistants soient aussi bien traités. C’est un processus et j’espère qu’on y arrivera. Beaucoup de choses ont été faites, mais on va continuer à explorer d’autres pistes.
Selon certaines sources, Moustapha Gaye veut quitter le banc des Lionnes pour se concentrer uniquement sur la DTN. Qui sera le prochain sélectionneur de l’équipe féminine ?
Moustapha Gaye m’a toujours demandé de se libérer de son poste de sélectionneur des Lionnes. Il travaillait sur ça depuis longtemps. Je répète que je lui avais demandé de prendre les filles. On n’a pas encore parlé du sujet, mais ça ne saurait tarder. Aujourd’hui, je pense que la tendance est de le libérer de ces fonctions d’entraineur. Il pourra, ainsi, se focaliser sur la Direction technique nationale, où il abat un gros travail avec ses collaborateurs. Pour le futur entraineur des Lionnes, je n’ai pas encore d’informations concrètes. Il ne m’a pas encore fait de propositions. On verra le meilleur profil quand Tapha Gaye sera déchargé de ses fonctions de coach des Lionnes. Je ne peux donner un nom pour le moment. Cheikh Sarr est un bon entraineur. Aujourd’hui, il faut que je discute avec le Directeur technique national sur les profils. Entrainer une équipe nécessite beaucoup de choses, ce n’est pas seulement des qualités techniques et tactiques. Je n’ai pas de positions. Il y a des prétendants et la piste étrangère n’est pas à exclure. On fera le meilleur choix pour notre équipe nationale féminine.
Maderpost / Igfm