Le numérique a bouleversé le fonctionnement dans les tous les secteurs d’activités. Pour les banques, c’est un moyen pour innover financièrement et élargir leur clientèle.
DIGITALISATION – Le numérique est devenu un enjeu crucial dans le monde d’aujourd’hui. Le Sénégal, à l’instar de nombreux pays, veut saisir toutes les opportunités offertes par cette technologie au fabuleux potentiel, surtout avec l’intelligence artificielle. Dans ce mouvement, les banques ne sont pas en reste. Elles essaient de s’ajuster pour suivre le rythme. Cette nouvelle orientation devrait favoriser, entre autres, l’inclusion financière, autrement dit un accès équitable et abordable de toutes les personnes aux services financiers quel que soit leur niveau socio-économique ou géographique, et une meilleure gestion de la relation client.
« L’intelligence artificielle peut jouer sur la productivité des banques, avec le raccourcissement des délais de mise à disposition des fonds. Cela aura un impact sur l’économie nationale puisque la vitesse avec laquelle l’argent circule génère de la richesse, de la croissance. Le numérique est un levier fondamental pour le secteur bancaire », affirme Ibrahima Nour Eddine Diagne, administrateur général de GAINDE 2000.
La plupart des banques essaient d’exploiter autant que possible cet outil en se dotant d’une stratégie digitale, même s’il faut reconnaitre que le papier fait encore de la résistance, comme le souligne Dr Mor Gassama, économiste, enseignant chercheur à l’Institut National Supérieur de l’Education Populaire et du Sport (Inseps UCAD). Il estime que les banques sénégalaises n’exploitent pas assez le potentiel de cette technologie. « Pour ouvrir un compte bancaire, il faut aller dans une agence et remplir beaucoup de paperasse alors que ce service pouvait se faire en ligne », confie-t-il. Ailleurs comme en France, poursuit Dr Gassama, le numérique a permis le développement de produits financiers innovants tels que les prêts numériques et les solutions d’assurance accessibles via des applications mobiles.
Si le mouvement est encore timide comme le pense l’enseignant-chercheur, la situation peut s’expliquer par le fait que le régulateur financier, c’est-à-dire la banque centrale (BCEAO) n’a pas donné de ligne directrice en matière de digitalisation de la relation bancaire. « Lorsque la commission bancaire vient auditer les banques, elle s’en tient encore à des éléments factuels. Le régulateur doit donner une ligne directrice à l’ensemble des banques pour les pousser à aller plus loin dans la digitalisation jusque dans la signature électronique », note Ibrahima Nour Eddine Diagne. De l’avis d’Alexandre Guibert Lette, journaliste spécialiste en innovation média et Civic Tech, le numérique peut favoriser l’inclusion financière. « Les services bancaires et de microfinance en ligne permettent aux populations rurales et éloignées d’accéder à des services financiers de base tels que les comptes d’épargne, les prêts et les paiements. Cela réduit les déplacements coûteux vers les succursales bancaires », note-t-il. M. Lette ajoute que les transactions numériques sont moins coûteuses que les transactions en espèces ; ce qui profite aux clients en réduisant les frais et aux institutions financières en diminuant les coûts de gestion de trésorerie.
L’administrateur général de GAINDE 2000 va plus loin. Il indique que dans une société comme la nôtre où un segment important n’est pas alphabétisé en français, les bienfaits du numérique sont très importants. « Avec le mobile money, il y a déjà une inclusion exponentielle. Aujourd’hui, la relation bancaire avec la technologie mobile et surtout avec les interfaces vocales peuvent constituer un élément d’identité. Le client peut agir avec sa banque dans sa langue locale et avoir l’ensemble des services souhaités. C’est un grand potentiel qui va ouvrir aux banques une nouvelle catégorie de clientèle. Il y un réel potentiel d’élargissement de la relation clientèle », affirme Ibrahima Nour Eddine Diagne.
Aujourd’hui, le numérique a bouleversé le fonctionnement dans tous les secteurs d’activités offrant à la fois de belles opportunités à saisir et des défis significatifs à relever. Il permet certes, aux entreprises d’améliorer la qualité de leurs produits et ainsi mieux répondre aux besoins des clients. Mais il doit aussi anticiper dans la mise en place des politiques de reconversion professionnelle et de développement des compétences pour accompagner cette transition, Car il doit faire face à des défis autres tels que la destruction des emplois et la redéfinition des compétences requises sur le marché du travail. « Dans les cinq prochaines années, il risque d’y avoir un tassement dans le recrutement dans les banques. Le digital va remplacer l’homme dans certains domaines », alerte l’administrateur général de GAINDE 2000.
Maderpost / Lejecos Magazine