L’Association des Éditeurs et Professionnels de la presse en ligne (APPEL) se démarque de l’avant-projet de loi portant code la publicité qui est dans le circuit de validation du gouvernement.
MEDIA – Ce texte conduit irrémédiablement les médias, qui sont déjà au bord du précipice, vers l’abattoir. Ce texte fait plus l’affaire des agences et autres acteurs de la publicité. L’expertise juridique et commerciale de nos différentes entreprises de presse qui ont pris le temps de bien l’étudier, ont à l’unanimité rejeté cet avant-projet loi.
Ils considèrent qu’il y a des articles qui manifestement confèrent un pouvoir hégémonique aux agences de communication. À preuve, l’avant-dernier alinéa de l’article 12 rend le passage obligatoire par une agence pour commander et diffuser de la publicité dans les médias. “(…) Aucun annonceur ne pourra disposer de supports publicitaires ni travailler directement avec un éditeur ou diffuseur”.
Une disposition qui mène les entreprises de presse du pays vers la guillotine parce que les agences ont des pratiques usurières et léonines tant en termes de commission qu’en solutions de paiement. L’APPEL se demande si ce texte doit créer et renforcer un Conseil supérieur de régulation de la publicité (CSRP) où sceller le destin de tout un secteur avec les agences de communication.
L’autre incongruité imposée par ce texte est que les éditeurs et diffuseurs doivent contractualiser avec l’annonceur pour tout type de publicité. Cela serait intenable pour nos administrations respectives surtout que dans notre sous-secteur les publicités sont si éphémères. Leur durée varie très souvent de trois (3) jours à une semaine.
Pire, sur un texte de 178 articles, il n’y a pas cinq articles consacrés à la publicité en ligne dans un contexte fortement marqué par une digitalisation de toutes les pratiques, de tous les secteurs de la vie courante. Cet avant-projet est caduc et cynique alors qu’il n’a même pas encore bouclé le circuit administratif.
La publicité est la première et la principale source de revenus des entreprises de presse en temps normal. Nous ne pouvons garder le silence et laisser passer un tel texte sans tirer la sonnette d’alarme. APPEL est d’avis et l’assume entièrement que les concertations autour de ce texte ont été bricolées, juste de façade. Il n’y a pas eu de véritables discussions sur un texte aussi important pour l’avenir et la survie de tout un secteur.
À l’atelier des 13 et 14 avril dernier, les représentants du gouvernement et les acteurs avaient convenu que le document final prenne en considération les observations qui sont apportées et la dernière mouture soit envoyée aux acteurs avant qu’il ne retourne au Secrétariat général du Gouvernement (SGG) qui devra le préparer pour le présenter en Conseil des ministres. Des précisions avaient été demandées sur certaines dispositions et jusqu’ici aucun retour, aucun éclairage.
Chat échaudé craint l’eau froide. L’APPEL ainsi que tous les acteurs de la presse vivent encore mal le jeu du gouvernement dans la validation du Code de la presse. Aujourd’hui, nous acceptons la mort dans l’âme de vivre, de faire avec un texte très liberticide et dont les entités devant permettre son application, sa mise en œuvre ont été totalement dévoyées.
L’APPEL prend ainsi ses responsabilités devant l’histoire et invite le Conseil des Diffuseurs et Editeurs de presse du Sénégal (CDEPS) à demander une dernière relecture de l’avant-projet de loi avant son passage en Conseil des ministres. Elle prend, en même temps, à témoin le SYNPICS, les autres acteurs des médias et l’opinion face à toute tentative de forcing.
Ibrahima Lissa FAYE, journaliste Bloggueur, Fondateur et directeur publication de PressAfrik
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