Dans de très rares cas, le vaccin d’AstraZeneca est à l’origine de thromboses atypiques accompagnées de thrombopénie. Une étude de cas menée en Norvège permet d’en savoir plus sur les causes de ce phénomène nouveau et potentiellement mortel. CORONAVIRUS – Dans son dernier rapport de pharmacovigilance, l’ANSM dénombre trois nouveaux cas de thromboses atypiques liées à des thrombopénies associées à l’injection du vaccin d’AstraZeneca, portant à douze, dont quatre mortels, le nombre total de ces événements indésirables depuis le début de la vaccination. Un rapport publié dans The New England Journal of Medicine nous en apprend plus sur les signes cliniques des victimes de ces effets secondaires très rares.
Il s’agit de cinq personnes, travaillant dans le domaine de la santé, admises à l’hôpital d’Oslo en Norvège. Elles se sont présentées moins de dix jours après leur vaccination pour des douleurs persistantes à la tête ou à l’abdomen.
Les médecins ont procédé à l’analyse de plusieurs marqueurs biologiques pour essayer de comprendre les mécanismes qui sous-tendent ces cas de « thromboses vaccinales ». Les cinq cas étudiés ont un facteur commun : la présence d’anticorps dirigés contre les plaquettes.
Profil des patients victimes de thrombose liée au vaccin d’AstraZenecaLes patients admis à l’hôpital d’Olso étaient relativement jeunes, entre 32 et 54 ans, et majoritairement des femmes (quatre cas sur cinq).
La première patiente, âgée de 37 ans, a été admise à l’hôpital avec des maux de tête intenses et une thrombopénie sévère. Un scanner du cerveau révèle la présence d’une thrombose dans les sinus transverses et sigmoïdes dans le côté gauche du cerveau. Son état s’aggrave rapidement après son arrivée, notamment à cause de l’apparition d’une hémorragie cérébrale. Elle décède deux jours plus tard. La deuxième patiente, âgée de 42 ans, se rend à l’hôpital sept jours après sa vaccination avec des maux de tête. Les examens décèlent également une thrombose veineuse dans le cerveau, avec l’occlusion du sinus sigmoïde gauche. Elle décède après deux semaines de soins intensifs. Le troisième cas est un homme de 32 ans, se plaignant de douleur thoracique sept jours après l’injection du vaccin d’AstraZeneca. Les médecins identifient une thrombose dans plusieurs branches de la veine porte qui afflue vers le foie. Ce patient sort de l’hôpital en bonne santé après 12 jours d’hospitalisation. La quatrième patiente est âgée de 39 ans et souffre de maux de tête et de douleurs abdominales. Une thrombose massive des veines superficielles et profondes du cerveau est détectée suite aux examens d’imagerie. Elle sort de l’hôpital après 10 jours de soins. Enfin, la dernière patiente, âgée de 54 ans, s’est présentée avec les symptômes d’un AVC, à savoir une paralysie du côté gauche du corps. Une thrombose veineuse du cerveau est identifiée et son cas s’aggrave rapidement à cause d’une pression intracrânienne. Elle n’a pas survécu.Toutes ces personnes présentent également une thrombopénie, soit un taux de plaquettes en dessous des valeurs normales, sévère ou modéré. Les médecins ont également identifié des anticorps anti-PF4/polyanion dans leur sérum.
La thrombopénie thrombotique induite par le vaccinDerrière le nom PF4/polyanion se cache le facteur plaquettaire 4, CXCL4, qui est sécrété par les plaquettes activées. Les anticorps anti-PF4 sont observés dans une maladie rare, conséquence d’un traitement à l’héparine, la thrombopénie induite par l’héparine ou TIH.
Les symptômes de cette maladie sont similaires à ceux observés ici : la présence de thrombose veineuse ou artérielle, accompagnée d’une thrombopénie.
Dans ce cas-ci, les anticorps reconnaissent le complexe PF4-héparine et s’y fixent. Le fragment constant de l’immunoglobuline, représenté schématiquement par la queue du Y, est libre et peut s’ancrer sur une plaquette voisine. De cette façon, les plaquettes s’agrègent autour des anticorps et forment un caillot.
Parmi les patients hospitalisés suite à leur vaccin, quatre d’entre eux ont reçu de l’héparine de faible poids moléculaire pour traiter leur thrombose, le dernier n’a rien reçu. Les analyses de sang ont été faites après l’injection du médicament.
La majorité des humains en bonne santé possèdent une population de lymphocytes B programmés pour produire des anticorps anti-PF4-héparine, mais ces cellules sont gardées inactives par le système immunitaire. Néanmoins, la TIH peut avoir une origine auto-immune qui se déclenche en absence d’héparine. Selon cette étude de cas, l’injection du vaccin d’AstraZeneca provoque dans de très rares cas un syndrome identique à une TIH d’origine auto-immune. Les médecins ont choisi d’appeler ce nouveau phénomène « la thombopénie thrombotique immune » induite par un vaccin (TTIV ou VITT sous sa forme anglaise, pour vaccined-induced immune thrombotic thrombocytopenia). Maderpost / Futura Science]]>