Dans le numéro spécial du magazine panafricain Confidentiel Afrique paru ce janvier, l’éditorialiste annonce Ismaël Aidara brosse une Afrique qui « trottine » certes, mais « tient bon an mal an la barque ». Maderpost publie intégralement son édito.
Par Ismaël Aidara
Dérèglement
Une surchauffe économique tous azimuts s’est emparée de la planète. Ces deux précédentes années ont été extrêmement éprouvantes. Aussi bien chez les pays émergents que pauvres. Avec des effets dévastateurs à haute amplitude. Une croissance au ralenti et une inflation trop forte ont percuté et anéanti la robustesse des grandes économies du monde.
L’Afrique, en dépit de l’ampleur dévastatrice de la pandémie du Covid-19 et des répercussions économiques, énergétiques et alimentaires liées à la guerre russo-ukrainienne, n’est pas groggy. Elle trottine et tient bon an mal an la barque.
Toutefois, bon nombre de pays du continent ont étalé leurs insuffisances criardes en termes d’infrastructures sanitaires, de réseaux de distributions électriques et de chaînes d’approvisionnement en médicaments.
Une seule fausse note aux relents d’un uppercut mortifère, la « Covidgate ». Une série de scandales financiers aux montants astronomiques (on parle de plusieurs dizaines de millions d’euros) accablant des hauts dignitaires des régimes en place.
Les plus médiatisés restent des pays comme l’Ouganda, le Sénégal, Madagascar et les Îles Comores.
Rebond
La crainte des bulles dépressives de récession et de resserrement dus à la parité dollareuro sur la facture export-import des produits africains semble progressivement sortir de la zone de turbulences.
Globalement, selon plusieurs agences financières de renom, l’économie africaine devra connaître un rebond dans le premier semestre 2023 et faire monter crescendo le dynamisme de celle-ci dans principalement des secteurs hautement stratégiques tels que les hydrocarbures, les ressources minéralières et halieutiques, les services technologiques incubateurs.
Malgré le tableau sombre 2022, le rebond se profile en 2023 sur une partie du continent africain, « puissants marchés à forte croissance » aux yeux des investisseurs et partenaires multilatéraux.
Il est évident que les effets corrosifs engendrés par le ralentissement de la demande extérieure, la flambée vertigineuse des prix des denrées alimentaires et des produits énergétiques de base, l’instabilité du cours du dollar sur le marché, ont impacté négativement sur la robustesse de nos écosystèmes économiques et financiers.
Il est fort à parier que les dix pays les plus performants du continent devront être la locomotive de la croissance mutualisée vers le haut pour en arriver à 20 nations qui comptent dans l’économie mondiale.
Il faut juste s’y employer en mobilisant des investissements massifs et des filets de « protectionnisme prudent et maîtrisé ».
Leadership auréolé
Un temps clément soit peu, refait surface. Presque, s’éloignant de la face hideuse que l’on présente de l’Afrique, une constellation jaillit. Au premier peloton du sacre, des personnalités africaines. Leurs prouesses magnifiées. Le diplomate Tchadien, Moussa Faki Mahamat qui dirige depuis fin janvier 2017 la Commission de l’Union africaine, le Malien Cessé Komé, PDG de la holding KOIRA, Aliko Dangote, le magnat nigérian qui vient de lancer la plus grande raffinerie de pétrole et de fertilisants en Afrique, le Malgache Hassanein Hiridjee, parti de rien, s’est bien installé dans le cockpit des entrepreneurs émergents.
C’est aussi le printemps des startups africaines. La marketplace se lubrifie au Sud du Sahara avec la montée en puissance de Yassir Sénégal qui tend, lentement, mais sûrement de rejoindre les « Big 4 » constitués du Nigéria, du Kenya, de l’Ouganda, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte.
Ces startups qui font office de championnes de l’entrepreneuriat qui ont levé environ 1200 millions de dollars, continuent de capter le gros du capital-risque et d’autres formes d’investissements innovants et flexibles.
Au grand bonheur de ce compartiment financier stratégique
Plein pot de Paris
Niamey se frotte les mains. Son Président Bazoum Mohamed est aux anges. Pour financer son ambitieux Programme de développement économique et social 2022-2026, estimé à 29,6 milliards d’euros, présenté à Paris début décembre dernier aux investisseurs et partenaires, l’État nigérien en a récolté 45 milliards.
Un record exceptionnel qui atteste de la bonne signature du gouvernement. Le métronome de cette belle moisson qui garnit le panier s’appelle Docteur Rabiou Abdou, ministre du Plan.
Sous la direction éclairée du Chef de l’État et du leadership fort qu’il incarne, la communauté des bailleurs et du secteur privé ont mis le turbo. Le Niger ambitionne de réaliser un taux de croissance économique annuel moyen de 9,3%, un taux d’inflation inférieur à 3%. Un pari audacieux et réaliste. Surtout, profitant d’agrégats macro-économiques stables et consolidés d’ici à l’horizon 2027.