Mort programmée du secteur de l’informel au Sénégal
Depuis l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir en 2012, on assiste de plus en plus à un redéploiement d’entreprises françaises dans des secteurs phares de notre économie nationale. Les entreprises françaises reprennent et renforcent leur mainmise sur des secteurs de l’économie sénégalaise, alors qu’elles avaient considérablement perdu du terrain, sous le règne du Président Abdoulaye Wade.
DISTRIBUTION – Aujourd’hui, non seulement la France reprend sa mainmise dans des secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise, mais ses entreprises bénéficiant d’avantages fiscaux attractifs, étendent leurs tentacules dans des domaines jusqu’ici chasse-gardée des nationaux, des Libanais et autres Maghrébins. Ce qui inquiète. Jusqu’ici, les entreprises françaises ne se déployaient que dans les secteurs de l’industrie, des télécommunications, des bâtiments et travaux publics (BTP) et dans les domaines aéroportuaires et portuaires. Dans ce qu’il est des miettes, dans le secteur du commerce, étant laissé entre les mains des Sénégalais et Libano-Syriens.
C’est que dans le domaine commercial, même si les grandes surfaces étaient laissées entre les mains d’entreprises françaises comme Printania devenues Score puis Casino et par des Libano-Syriens, et visaient une clientèle constituée d’une classe privilégiée. Quant à l’informel, il était entre les mains des nationaux et d’autres Libano-Syriens. Seulement, durant ces dernières années, on assiste au Sénégal, à la pénétration de surfaces commerciales visant à concurrencer le secteur informel national.
Dans ce contexte, Auchan est venu s’installer au Sénégal. Un groupe commercial qui dispute sa part de marché au secteur informel sénégalais. Pour ces raisons, Auchan, après quelques périodes d’implantation et des controverses suscités, a été expulsé du Maroc, de même qu’en Turquie. En France où il est originaire, le groupe Auchan est décrié par les producteurs nationaux. C’est que même en France, compte tenu de ses gros moyens, Auchan accapare de terres détenues par des producteurs nationaux, expropriés de leurs terres où il s’active dans le domaine de l’agro-industrie. Avec les moyens en sa faveur, Auchan peut ainsi exploiter non seulement avec moins de mains d’œuvres des domaines fermiers dans de grandes étendues, mais aussi mettre sur le marché des produits à bas prix. Ce qui explique qu’il peut vendre des produits à bas coût et qu’il peut même mettre dans des marchés étrangers à des tarifs concurrentiels. Tout en bénéficiant comme c’est le Sénégal d’exonérations exorbitantes.
Beaucoup de surfaces commerciales comme Citydia, l’exemple le plus patent, ont finalement mis la clef sous le paillasson. Les commerçants sénégalais regroupés au sein de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS) tirent la sonnette d’alarme et ne cessent d’avertir les autorités sénégalaises sur les dangers que constituent pour eux Auchan. De nombreuses manifestations ont été organisées par eux pour manifester leurs hostilités contre la présence d’Auchan au Sénégal. D’autant qu’Auchan se livre même à la vente par détails de produits ménagers comme dans les boutiques traditionnelles sénégalaises ou dans nos marchés.
Les autorités sénégalaises, manifestement ont choisi leur camp qui est d’octroyer plus de place ex-grandes entreprises françaises au détriment du secteur informel. Puisqu’ayant signé depuis belle lurette d’autres contrats avec d’autres groupes commerciaux français encore plus puissants qu’Auchan pour s’implanter au Sénégal. C’est le cas de Carrefour qui a commencé à ouvrir ses premières boutiques au Sénégal. Outre ses prix alléchants, Carrefour pour mieux attirer la clientèle, fournit dans laquelle, celle-ci a la possibilité de gagner des produits sans bourses délier. C’est dire que c’est toute l’économie de l’informel au Sénégal qui s’effondre sous le diktat des grandes surfaces commerciales françaises.
Thiémokho BORE