La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-t-elle à la population ? La question mérite d’être agitée surtout que moins de 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale. La quasi-totalité de cette reluisante production tombe entre les mains d’opérateurs étrangers qui exportent le produit vers l’Asie. La transformation locale reste encore faible.
ZIGUINCHOR – La filière anacarde occupe une place centrale dans l’économie régionale. Elle se modernise de plus en plus car, de 56 mille tonnes en 2017, les exportations sont passées à plus de 90 mille tonnes aujourd’hui. Cette production d’anacarde a généré près de 95 milliards de francs CFA en 2023 selon les estimations officielles du Ministère du Commerce.
La réglementation de l’exportation du produit est passée par là. Dans la filière anacarde, les perspectives sont énormes rien que pour la chaîne de valeur, mais dans cette reluisante production, la transformation locale reste le maillon faible. La quasi-totalité de la production tombe entre les mains des opérateurs nationaux et internationaux qui l’exportent vers l’Asie, dans des pays comme l’Inde. La transformation locale des noix reste encore très faible et tourne autour de 5% même si on peut rapidement se retrouver avec plus de 200 personnes qui s’activent autour.
L’une des rares unités de transformation implantée à Ziguinchor, la société de commercialisation des produits locaux (SCPL) qui employait près de 150 personnes, des jeunes et une forte présence de femmes, a presque disparu de la chaine de transformation. De petites unités de transformation sont installées çà et là mais leur capacité de transformation sont encore faible, très faible même.
Les noix qui transitaient vers la Gambie éclipsaient beaucoup la quantité de produit exporté par le Sénégal car n’étant pas comptabilisées en faveur du Sénégal. Et l’interdiction d’acheminer le produit par le transport terrestre a beaucoup contribué à replacer le Sénégal dans le lot des pays exportateurs de noix d’anacarde, selon certains acteurs de la filière.
Toutefois, l’interdiction de cette décision d’exporter par voie terrestre a soulevé un levier de boucliers de la part de certains opérateurs qui avaient finalement réussi à acheminer les noix par la route. Pourvoyeur d’emplois, le secteur de l’anacarde booste l’économie régionale. En atteste la ferveur qui entoure cette campagne. Cette année, la production est estimée à plus de 90 mille tonnes pour un montant de 60 milliards de francs CFA investi par les opérateurs nationaux et internationaux.
Dans le département de Ziguinchor, la zone de fortes productions reste l’arrondissement de Niaguis. Mais, en Casamance c’est la région de Sédhiou qui mène la danse. « Aujourd’hui, il est nécessaire et urgent d’investir davantage dans les unités de transformation afin qu’elles aient un pouvoir d’achat colossal pouvant leur permettre d’aller acheter au même titre que les autres et organiser également les producteurs en coopératives», suggère un opérateur économique.
Il est important de s’attaquer à d’autres sous-produits de l’anacarde, notamment la coque et la pomme. Avec la pomme, on peut faire du jus et la coque, du lubrifiant mais aussi de l’électricité. Une chaîne de valeur qui a de l’avenir. Malheureusement, toute la production est exportée vers l’Asie. Les prix sont fixés par les étrangers (Indiens) qui s’activent dans la filière, aidés par les nationaux qui jouent le plus souvent les seconds rôles dans la campagne de commercialisation des noix.
L’anacarde, l’or noir de la Casamance qui génère des dizaines de milliards ; une manne financière qui retombe entre les mains d’exportateurs étrangers.
Maderpost / Sud quotidien