L’amont pétrolier sénégalais a fait un bond de 30 ans au regard de la technologie sur le RSSF Sangomar offshore aux larges de Saint-Louis, constate Moustapha Diakhaté, expert en infrastructures et énergie.
PETROGAZ – De la base logistique au port autonome de Dakar jusqu’à 100 Km au Sud par hélicoptère sécurisé, le président de la République du Sénégal eut l’heureuse surprise d’interagir durant tout le parcours avec les techniciens et ingénieurs sénégalais de l’aviation civile avec un niveau de professionnalisme et de ponctualité très rares dans nos pays.
Certainement, un premier aperçu sur la complexité des opérations logistiques, technologiques et opérationnelles de l’industrie pétrolière surtout en offshore.
L’impressionnante torchère de gaz dégageant une fumée noire accueille le président Bassirou Diomaye Faye une fois l’aéronef posé sur le FPSO. A sa descente, avec l’apparat et l’uniforme, il est accueilli par le responsable HQSE qui le briefe (le Président et toute sa suite) éloquemment sur les règles et protocoles de sécurité à bord du navire.
C’est une industrie très méticuleuse sur les normes et standard de sécurité vu les enjeux assurantiels colossaux.
Après la base logistique du PAD, c’est encore l’expertise sénégalaise, dont le top management du RSSF Sangomar offshore, qui se relaie au fur et à mesure de la visite marathon du président sur l’immense plateforme d’extraction de pétrole et de pré-traitement où le vacarme des pompes et compresseurs ont été réduits grâce à la technologie dernier cri que MODEC (opérateur l’unité flottante) a installé.
Dans cette phase initiale qui va durer presque six mois, le FPSO Sedar Senghor fonctionnera à plein. Une centaine d’ingénieurs et techniciens vont y passer d’interminables journées pour assurer le fonctionnement des milliers de valves et de pompes avec les bugs, les réglages, les petites pannes, les coupures de toutes sortes jusqu’à ce que le débit d’extraction d’huiles brutes à partir des puits soit stabilisé.
Durant tout son parcours de plus de trois tours d’horloge sur l’unité flottante Leopold Sédar Senghor, ce 25 juin 2024 au matin, l’empreinte du workforce sénégalais est omniprésente à tous les niveaux de la chaîne de production du champ offshore.
Les ingénieurs et techniciens de l’opérateur public Petrosen aux côtés de Modec sont aux commandes avec un niveau d’expertise et de productivité que même le Nigeria et l’Angola n’ont pas expérimenté au début des premiers barils dans ces pays il y’a presque 50 ans.
C’est un bond d’une génération pour notre pays. Les fils du pays sur le FPSO nous rassurent que personne ne va siphonner notre pétrole.
L’école sénégalaise et notre diaspora ont presque fourni les meilleurs profils dans tous les postes en compétition ouverte pour ce projet titanesque et complexe qui a coûté 4 000 milliards de Fcfa (5,2 milliards de dollars US) en investissements d’origine étrangères, mais avec un capital humain bien sénégalais.
Les fils du pays sont ainsi au cœur de cette prouesse technique qui va rapporter pas moins de 600 milliards de Fcfa par année avec un baril à 65 dollars US.
Les CV des deux directeurs généraux : Petrosen EP et le nouveau patron de Petrosen Trading sont suffisamment illustratifs.
Notre pays doit ainsi tirer toutes les leçons de l’exploitation des phosphates, de l’or et du zircon afin de maximiser les gains pétroliers et gaziers en mettant l’accent sur leur transformation sur place. C’est ainsi que nous allons profiter adéquatement de nos ressources avec la valeur ajoutée et les emplois générés sur toute la chaîne de valeur.
Maderpost / Moustapha Diakhaté / Expert en Infrastructure et Énergie