Le président de la Fondation des albinos du Sénégal est revenu hier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’albinisme, sur le parcours d’obstacles qu’est la vie des albinos au Sénégal.
ALBINISME – La Journée des albinos a été célébrée hier. Une journée qui a permis aux personnes atteintes d’albinisme de revenir sur leur dure situation.
Selon Mouhamadou Bamba Diop, président de la Fondation des albinos du Sénégal et d’Afrique, par ailleurs président de l’Anas et directeur du Centre pour la promotion et la réinsertion nationale des albinos du Sénégal, « les personnes atteintes d’albinisme constituent la catégorie sociale la plus vulnérable et font face à des obstacles multiples qui les empêchent de jouir pleinement de leurs droits à la santé, à l’éducation et au travail. Elles sont reconnues comme des personnes handicapées du fait de leur déficience visuelle, laquelle peut aller de grave à modérée ».
Il ajoute : « En outre, elles sont confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination liées au handicap et à la couleur, et sont souvent exclues des politiques publiques de santé et d’éducation. Il y a 10 500 albinos recensés dont 98% sont illettrés au Sénégal. Les personnes atteintes d’albinisme méritent que leurs droits à la vie et à la sécurité soient protégés, ainsi que le droit de ne pas être soumis à la torture et aux mauvais traitements tels que stipulés par l’Article 11 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique. » Parlant de discriminations, M. Diop va indiquer que les formes de discrimination auxquelles doivent faire face les personnes atteintes d’albinisme sont variables.
« Leur droit à l’éducation, par exemple, est affecté par leur déficience visuelle, qui les contraint parfois à abandonner l’école. Un niveau d’éducation faible peut à son tour déboucher sur le chômage et entraver leur droit à un niveau de vie approprié, les reléguant ainsi souvent à la pauvreté. L’albinisme est encore profondément méconnu, socialement et médicalement. Les personnes qui en sont atteintes subissent au quotidien les pires formes de discrimination et d’exclusion au Sénégal. Elles font souvent l’objet de croyances erronées et de mythes influencés par la superstition par rapport à leur apparence physique. Il en résulte une marginalisation et une exclusion sociale des personnes atteintes de cette maladie. » Sur certaines croyances, il souligne : « Nous menons au quotidien une campagne d’éducation et de plaidoyer pour éliminer les pratiques préjudiciables perpétrées contre les enfants albinos. Ces croyances mettent constamment en danger la sécurité et la vie des personnes vivant avec l’albinisme. Elles sont présentes dans les attitudes et pratiques culturelles ici au Sénégal. Ces pratiques néfastes qui découlent de ces croyances incluent : accusations de sorcellerie, meurtres, mutilations, viols, pillages de tombes. Malgré ces formes graves de persécution et de discrimination, la Justice fait souvent défaut aux personnes atteintes d’albinisme, qui se heurtent à des obstacles pour accéder à des recours efficaces en cas de violation des droits de l’Homme. Nous sommes marginalisés par la population, on souffre du fond du cœur. »
Maderpost / Le Quotidien