La croissance en Afrique subsaharienne, plombée par les conséquences de la pandémie de Covid-19, devrait chuter à moins 3,3% en 2020 et entraîner la région dans sa première récession économique depuis vingt-cinq ans, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale.
CORONAVIRUS – La pandémie risque aussi de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté, indique l’institution financière dans un communiqué, à la suite de la parution du rapport “Africa’s Pulse : Tracer la voie de la relance économique”.
Avec plus d’un million de cas de Covid-19 déclarés dans le continent, la pandémie n’apparaît pas encore maîtrisée en Afrique subsaharienne, hormis certains pays, dont le Sénégal ou l’île Maurice, qui ont su réagir à temps pour limiter la propagation des infections, relève le texte.
“La voie de la relance économique s’annonce longue et difficile, mais elle peut être accélérée, solide et plus inclusive si les pays africains accordent la priorité aux réformes et aux investissements qui permettront de relever le défi de créer davantage d’emplois inclusifs et de meilleure qualité”, explique le communiqué, citant l’économiste Albert Zeufack, de la Banque mondiale.
Au cours du deuxième trimestre 2020, observe l’institution financière, le Nigeria a vu son produit intérieur brut (PIB) réel reculer de 6,1% par rapport à l’année dernière, soit son plus bas niveau depuis plus d’une décennie. Sur la même période, l’Afrique du Sud, sous le coup de mesures strictes de confinement, a vu son PIB réel plonger de 17,1%.
Comme exemple de récession économique, l’Angola, le deuxième pays producteur de pétrole en Afrique subsaharienne après le Nigeria, a vu son économie reculer de 1,8% au premier trimestre 2020, par rapport à l’année dernière.
Le déclin de la croissance a été particulièrement marqué pour les pays exportateurs de métaux, pour lesquels on s’attend à une contraction du PIB réel de 6%, reflétant en partie la baisse importante de la production en Afrique du Sud.
Du côté des pays exportateurs de pétrole, après une croissance de 1,5% en 2019, le PIB réel devrait diminuer de plus de 4 points de pourcentage en 2020, en raison du recul de la croissance en Angola et au Nigeria.
En revanche, les pays dont l’économie ne dépend pas essentiellement des ressources naturelles ne devraient afficher qu’un recul modéré de leur croissance en 2020, selon la Banque mondiale.
“Si l’on s’attend à un ralentissement sensible dans ces pays – comme la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie ou le Kenya – la croissance devrait rester positive, du fait de la plus grande diversification de leurs économies”, relève l’institution financière.
Cependant, les économies dépendantes du tourisme, en particulier le Cabo Verde, l’île Maurice et les Seychelles, ont connu une forte contraction de leur économie, le secteur des services étant fortement affecté par la chute drastique du tourisme international.
Cette année, le ralentissement sensible de l’activité économique devrait coûter au moins 115 millions de dollars de pertes de production à la région. On s’attend à un recul de 6% du PIB par habitant, selon le communiqué.
Le rapport “Africa’s Pulse” indique que la voie de la reprise passe également par des investissements substantiels de la part des pays de la région, ainsi que par l’appui financier de la communauté internationale.
Il encourage notamment un programme de réformes audacieux, visant à dégager des marges de manœuvre budgétaires, ainsi que des politiques stimulant la création d’emplois.
Maderpost / Aps