Julien Chambolle secrétaire général d’Africa 21 a répondu au journaliste burkinabé Hamidou Traoré, en marge d’une rencontre qui a mobilisé dix-sept journalistes du Sénégal et de la sous-région du 15 au 19 août dernier à Dakar, dans le cadre du développement des activités du programme son organisme intitulé Réseau des journalistes africains spécialisés sur le développement durable et le changement climatique. Quel est l’intérêt de cette formation pour les journalistes africains ? Cette formation s’inscrit dans le cadre du développement des activités du programme d’Africa 21 intitulé Réseau des journalistes africains spécialisés sur le développement durable et le changement climatique. Notre association souhaite à travers ce réseau sensibiliser, former et encourager le débat auprès des médias africains, sur les enjeux de la mise en œuvre du développement durable en Afrique (l’Agenda 2030 et ses 17 ODD). Chaque année nous choisissons un thème différent (2020 le changement climatique, 2021 la biodiversité et les services écosystémiques, 2022 les enjeux de l’eau). Il s’agit également de créer des ponts avec les experts des organisations internationales et de mieux faire connaître ce qu’est l’ONU, ses agences, leur fonctionnement et ses activités, afin de déconstruire des idées reçues et d’encourager la collaboration entre Etats sur des problématiques communes à l’humanité. D’ailleurs, de nombreuses organisations internationales avaient répondu à l’appel : la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, le GIEC, GEO, ONU Habitat, l’OIM, le Cadre des Nations unies pour la gestion des catastrophes, l’OIT, la CNUCED et le Centre international pour le commerce. Durant cette semaine de formation les journalistes sélectionnés ont pu renforcer leur connaissance et leur compréhension sur les dimensions de l’eau (environnementales, sociales, économiques, etc.) et débattre entre eux et avec les experts présents, mais aussi aller sur le terrain rencontrer des acteurs de la question de l’eau à Dakar (usine de traitement des eaux usées) et dans la réserve naturelle de la Somone (site Ramsar, rencontre des communautés de femmes, etc.). Ils ont pu avoir accès à des experts internationaux de pointe sur la question de l’eau, qui ont pris un grand plaisir à transmettre leur savoir et à échanger avec eux, comme le Dr Babacar Barry ou encore le Dr Tobias Schmitz. Grâce aux informations et analyses récoltées à travers les présentations, les échanges et les interviews, ils ont pu produire des articles et des reportages sur la question de l’eau et ainsi alimenter la question dans leurs pays respectifs (Sénégal, Niger, Burkina Faso, Togo, Bénin et Côte d’Ivoire). D’ailleurs, la formation était ouverte également en ligne aux journalistes d’Afrique de l’Ouest et Centrale, et en tout, 97 journalistes se sont inscrits pour y participer, en plus de 17 journalistes invités en présentiel. A noter que cette formation s’inscrit également dans le cadre du suivi du Forum mondial de l’eau de Dakar (du 22 au 27 mars 2022), dont des représentants étaient présents, et en préparation de la Conférence de la Décennie des Nations Unies de l’eau 2023 prévue à New York (du 22 au 24 mars 2023). Plusieurs autres activités sont prévues dans ce cadre cette année en vue de cet événement : un atelier à Nairobi pour les journalistes d’Afrique de l’Est, un atelier à Rabat pour les journalistes du Maghreb, les Journées des médias et du journalisme en Afrique pour les journalistes d’Afrique anglophone et un dernier atelier début 2023 en Afrique du sud pour les journalistes d’Afrique australe. Notre objectif est que les journalistes qui suivent ces formations deviennent des ambassadeurs de la question de l’eau dans les médias de leurs pays. Des concours journalistes sont d’ailleurs organisés pour pousser la problématique. Les meilleurs des journalistes issus de ces différentes formations, seront invités à New York en mars 2023. Après New York, une initiative sera lancée afin d’assurer la dynamique lancée dans les médias africains sur la question de l’eau. Pensez-vous que les hommes de médias pourront réussir là où les politiques africaines semblent échouer ? Les rôles des journalistes et des politiciens ne sont pas les mêmes. Les journalistes n’ont pas pour vocation de mener des politiques, mais d’informer, de sensibiliser et d’analyser sur les questions d’intérêt public, afin que les citoyens de leurs pays puissent se faire une idée éclairée des problèmes et des politiques publiques lancées. Leur rôle est celui du questionnement du politique. D’aller trouver des informations fiables et de qualité, d’être en capacité de les adapter à un public de base, de vulgariser et de faire œuvre de pédagogie. A ce titre, comme interface entre les scientifiques, les décideurs et le public, les journalistes ont un rôle fondamental d’intermédiation informationnelle et de structuration du débat dans l’espace public. En matière de développement durable et plus spécifiquement sur la question de l’eau, leur rôle est aussi de faire connaître la multitude d’idées, d’initiatives et d’innovations au plus grand nombre, afin que les bonnes idées et pratiques puissent être répliquées ailleurs et puissent servir à d’autres communautés, car l’un des grands problèmes en Afrique est le manque de circulation de l’information sur l’innovation liée à l’eau. Souvent les innovations et bonnes idées ont du mal à franchir les frontières. Un bon article ou un reportage peut ainsi susciter l’initiative et résoudre des problèmes quelque part. Selon vous que peuvent ou doivent faire les journalistes en Afrique pour espérer l’atteinte de l’ODD 6 sur l’eau et l’assainissement ? Ce qui est attendu du journaliste est qu’il fournisse à ses lecteurs ou téléspectateurs une information de qualité, bien documentée, chiffrée, contextualisée, équilibrée, et qu’il inspire les communautés par les exemples qu’il véhicule à travers son travail. Le journaliste doit aussi faire ce travail de suivi et d’évaluation des politiques publiques en matière d’eau et doit demander des comptes aux décideurs publics sur cette question. Si les journalistes respectent ces deux missions ils joueront alors un très grand rôle dans la mise en œuvre et le suivi de l’ODD 6 dans leur pays. Hamidou Traoré]]>
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