Alors que l’Assemblée nationale examine la levée d’immunité parlementaire du député Mohamadou Farba Ngom, accusé de blanchiment d’argent à hauteur de 125 milliards de francs CFA dans un rapport supposé de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), le collectif de ses avocats s’exprime avec fermeté. Dans une déclaration officielle, Me Jacques Pascal Gomis, Me Alassane Cissé, Me Baboucar Cissé et Me Doudou Ndoye ont exposé leurs inquiétudes face à ce qu’ils considèrent comme une procédure entachée de nombreuses irrégularités.
AVOCATS – Un processus accusé de manque de transparence
Selon ses conseils, Farba Ngom n’a jamais été informé des faits qui lui sont reprochés. Les avocats dénoncent une procédure menée dans le flou, sans qu’aucune convocation ou élément de preuve ne leur ait été présenté :
« Malgré la floraison des déclarations et publications, ni Monsieur Farba Ngom ni nous, ses avocats, n’avons connaissance des faits exacts du dossier judiciaire. Cette situation va à l’encontre des droits fondamentaux de tout citoyen, a fortiori d’un député élu par le peuple », déclarent-ils.
Le collectif souligne également que la demande de levée d’immunité, considérée comme la première étape d’une procédure pénale, ne respecte pas les principes d’une enquête préliminaire équitable. « Farba Ngom n’a jamais été convoqué ni interrogé par la CENTIF, ni mis en mesure d’apporter des explications sur les faits signalés. »
Le rapport CENTIF au cœur de la polémique
Le rapport supposé de la CENTIF, qui évoquerait des mouvements financiers suspects de 125 milliards de francs CFA, reste invisible aux yeux des avocats comme de leur client. « À aucun moment, la CENTIF n’a interpellé Farba Ngom pour l’informer de ces accusations ni pour vérifier l’origine ou la destination des fonds concernés », ajoutent-ils.
Cette absence de communication entre les autorités financières et l’accusé pose, selon ses avocats, un sérieux problème de légalité procédurale. « Nous ne sommes pas en train de défendre dans l’ombre d’un dossier, nous exigeons la transparence et des preuves tangibles, conformément aux lois en vigueur », martèlent-ils.
Une violation des obligations légales ?
S’appuyant sur l’article 677-98 du Code de procédure pénale, introduit par la loi n°2023-14 du 2 août 2023, les avocats rappellent que le procureur financier est tenu de diligenter une enquête préliminaire avant toute demande de levée d’immunité. Or, selon eux, aucune investigation approfondie n’a été menée, et aucune audition n’a été réalisée pour permettre à Farba Ngom de se défendre.
« Nous sommes prêts à collaborer pleinement avec les autorités compétentes, mais dans le respect des règles de procédure. Jusqu’à présent, ce respect fait cruellement défaut dans cette affaire », déplorent-ils.
Un dossier au parfum de controverse
Le dossier Farba Ngom dépasse le simple cadre judiciaire. Député influent et proche du pouvoir, il est une figure clé de la majorité parlementaire. Cette affaire, mêlant justice, politique et médias, suscite des interrogations quant à ses réelles motivations. Les 125 milliards de francs CFA évoqués dans le rapport CENTIF représentent une somme colossale, alimentant un débat national sur la transparence financière et la lutte contre la corruption.
Le poids de l’opinion publique et du Parlement
Alors que l’opinion publique suit cette affaire avec attention, la décision de l’Assemblée nationale sur la levée de l’immunité parlementaire pourrait être déterminante. Si le Parlement donne son feu vert, Farba Ngom pourrait être auditionné par le procureur financier et confronté à des poursuites judiciaires.
Cependant, pour ses avocats, cette démarche doit respecter scrupuleusement les droits de la défense. « Nous ne pouvons accepter que la justice devienne une chasse aux sorcières ou un outil de règlement de comptes politiques », avertissent-ils.
Un appel à la rigueur judiciaire
Le collectif des avocats de Farba Ngom reste ferme : leur client est prêt à répondre à toute question sur les accusations portées contre lui, mais exige que le cadre légal soit respecté. « Cette affaire ne concerne pas seulement Farba Ngom, mais la crédibilité de nos institutions et le respect des droits fondamentaux. Nous attendons que justice se fasse, mais dans la transparence et l’équité. »
Alors que la procédure avance, cette affaire pourrait bien devenir un test majeur pour le système judiciaire sénégalais et sa capacité à garantir une justice impartiale dans un contexte aussi médiatisé.
Maderpost / Dakaractu