Après sa disparition vendredi dernier à Paris suite à la maladie de coronavirus, Soumaila Cissé, ex leader de l’opposition malienne a reçu beaucoup d’hommages de personnalité de la sous-région en particulier et de l’Afrique en générale. Me Abdoulaye Wade n’a pas fait exception. Le Pape du Sopi a adressé, dans une lettre, ses hommages les plus émouvants au défunt opposant malien, “panafricaniste pressé”.
HOMMAGES – Il attend patiemment, fait le tour de ses amis, en Afrique et dans le monde ; il en a beaucoup.
Cette fois-ci tout le monde pensait que c’était la bonne lorsqu’au galop d’essai qu’est la campagne électorale législative il est allé se jeter dans la gueule du lion, courageux et téméraire, chevalier sans peur et sans reproche.
Il est pris en otage. On a cru d’abord que c’était une blague qui n’allait pas durer très longtemps. Puis on a compris. Les choses sont claires : c’est une prise d’otage et il faudra négocier et payer le prix. Il est retenu par les rebelles avec de nombreux autres maliens, africains, étrangers de l’immense foule de blancs et de noirs qui l’accompagne car les rebelles font leur choix et libèrent au compte-goutte.
Pendant sa capture sans nouvelles, ses partisans se battent et il est élu député au premier tour des législatives : ses militants ne l’ont pas oublié ; ils n’ont pas été tentés d’aller brouter dans d’autres prairies ; le peuple non plus ne l’a pas oublié aussi. Il attend patiemment et courageusement. Ses parents et ses amis s’inquiètent mais des informations de source sûre rassurent : il est vivant.
L’attente est longue : le chapelet du temps dévide et égrène ses perles.
Le 3 avril des otages sont libérés mais Cissé n’y est pas. Parents et amis sont déçus et soucieux pour sa vie. Que veulent faire les rebelles ?
Le Président I.B.K. rassure, suivi de la Croix Rouge qui assure que l’otage Cissé est vivant, en bonne santé et a pu écrire des lettres à sa famille. Toutes les nouvelles rapportées attestent de son courage et de sa propension à rassurer les autres. Tout le monde est rassuré mais on ne sait toujours pas ce que veulent les rebelles.
Ce dont on est sûr c’est que les négociations entre les rebelles et le gouvernement se poursuivent. Les rebelles imposent d’abord la confidentialité. Ils ont la force. Ils imposent des conditions dures pour la libération des otages qui restent. Nul doute ces rebelles sont des experts mais les négociations se poursuivent. C’est rassurant.
Le 9 octobre on apprend que les rebelles ont libéré Soumaïla Cissé, la journaliste française qui avait été capturée avec lui, Sophie Pétronin et 2 otages italiens. On apprend aussi que les rebelles ont obtenu en contrepartie : la libération de plus de 200 djihadistes et combattants par les autorités du coup d’État du 18 août 2020.
Soumaïla a retrouvé sa famille, ses alliés mais on le sent affaibli. Les plus perspicaces sont quand même un peu inquiets.
Deux mois après avoir recouvré sa liberté, on apprend qu’il est frappé par la terrible épidémie, la Covid-19. Évacué d’urgence sur Paris, mais sait-on où est l’urgence ? Lorsque les européens eux-mêmes pas ne savent pas. On choisit finalement de l’évacuer sur Paris où de gros progrès ont été réalisés sur le traitement de la covid19. On n’est pas sûr mais il y a l’espoir. On en était-là aux supputations lorsqu’on apprend son décès le 25 décembre 2020. Comme s’il y avait donné rendez-vous avec la mort.
Les Maliens, Les Africains, ses camarades de Parti, les panafricanistes qui comptaient sur le courage, la lucidité de Soumaïla Cissé à faire avancer le projet d’États-Unis d’Afrique ont été comme foudroyés par la nouvelle.
Alors que les éternels optimistes comme moi,
Qui avons connu le multidiplômé Soumaïla Cissé,
L’avons connu et apprécié, après sa longue traversée de l’espace politique,
Chef de parti, plusieurs fois ministre au haut de l’espace national, tenant entre tes doigts d’orfèvre sûrs les finances du Mali,
Gardions l’espoir de le revoir vigoureux, le visage toujours illuminé par un éternel sourire reprendre la marche devant ses troupes et ses amis,
la Nouvelle est vraie qu’un grand Africain est parti
C’est l’Afrique qui a perdu un de ses meilleurs bâtisseurs.
Lui était arrivé sur le chantier, la truelle à la main.
C’est les autres qu’on attendait.
Maderpost / Mamadou Ba