Au Sénégal, les ressources halieutiques sont aujourd’hui surexploitées. La surpêche, la pêche, celles non déclarée et/ou non réglementée (Inn) et l’implantation des industries de farine et d’huile de poisson constituent des menaces pour notre écosystème entrainant ainsi une crise sans précédent des stocks. Selon les acteurs du secteur, la persistance de ces mauvaises pratiques de pêche est causée par un manque réel de politiques d’une gouvernance transparente de ces ressources.
PECHES – Les ressources halieutiques au large des côtes sénégalaises sont naturellement abondantes. Mais aujourd’hui, elles sont menacées par une pêche non réglementée caractérisée par de nombreux accords illicites avec des navires étrangers qui s’adonnent à de mauvaises pratiques de pêches. Ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire des Sénégalais. Les acteurs qui évoluent dans le secteur de la pêche artisanale relèvent un manque réel de politique d’une gouvernance transparente de ces ressources.
Il note ainsi un manque de transparence dans l’octroi des licences de pêches à des navires étrangers qui surexploitent nos ressources halieutiques.
L’IMPLANTATION DES FARINES DE POISSON, UNE GRANDE MENACE
Les acteurs de la pêche sont aussi indignés par la prolifération des usines de farine et d’huile de poissons au Sénégal. Selon eux, l’implantation de ces usines a des conséquences désastreuses sur les pêcheurs, les mareyeurs et les femmes transformatrices de produits halieutiques.
Un cri de cœur partagé par Dr Aliou Ba, manageur de la campagne Océan à l’Ong Green Peace Afrique. «On constate actuellement qu’il n’y a plus de ressources et les prix de ces ressources ont grimpé ces derniers temps. Nous ne comprenons pas pourquoi ces ressources sont utilisées pour produire de la farine et de l’huile de poisson pour aller nourrir d’autres animaux, alors que les populations de l’Afrique de l’Ouest et du Sénégal en ont besoin pour leur sécurité alimentaire. Nous sommes surpris de voir qu’il y a encore deux autres usines de farine de poisson qui sont opérées au Sénégal. Il s’agit de l’usine de Cayar et celle de Sandiara, alors que l’Etat avait promis de geler les nouvelles licences pour ces usines», a-t-il fait savoir.
A titre d’illustration, il informe que jeudi dernier, l’Ong Green Peace a intercepté un bateau qui a quitté l’Afrique de l’Ouest avec l’huile de poissons à destination de l’Europe.
Ces acteurs qui déplorent tous, la non application des textes réglementaires et des documents stratégiques appellent ainsi l’Etat du Sénégal à faire en sorte que ce pillage des ressources aux larges de nos côtes s’arrête le plus rapidement possible.
Toutefois, Mamadou Diop Thioune reconnait que l’Etat du Sénégal a mis en place des mécanismes qui favorisent la cogestion à travers la mise en place d’un Conseil national consultatif des pêches maritimes (CNCPM) et des Conseils locaux de la pêche artisanale (CLPA).
L’ETAT S’ENGAGE A TRAVERS LE PROJET «GOUVERNANCE DES PECHES AU SENEGAL»
Au mois de mai dernier le ministère de la Pêche et de l’Économie maritime, à travers la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP), en collaboration avec le Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine en Afrique de l’Ouest (PRCM), s’était engagé à œuvrer dans le cadre du projet «Gouvernance des pêches au Sénégal».
Ce projet est financé par la Fondation Oceans 5 à hauteur 1.163.944 dollars, soit plus de 763 millions de francs CFA pour une durée de 3 ans. Il vise à renforcer efficacement et durablement la capacité du Sénégal à lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée notamment en améliorant la transparence dans le secteur de la pêche, l’application de la législation liée à la pêche et le renforcement des capacités des parties prenantes présentes dans le pays.
Ce projet vient en appui aux efforts déjà consentis par l’Etat à travers les mesures prises pour réguler l’accès aux ressources halieutiques et faire face à la pêche illégale dans la transparence, en mettant un accent particulier sur l’implication des acteurs à la gestion des pêches.
Maderpost / Sudonline