Pour cause de chaleur suffocante, dix des onze dossiers enrôlés à la chambre criminelle ont été renvoyés au 3 novembre prochain. Parmi ces dossiers, celle de la dame Aïda Mbacké poursuivie pour assassinat de son époux, Khadim Ndiaye.
TGI DE DAKAR – Pas plus tard que le 10 août dernier, Emedia rapportait un incident lié aux conséquences de la chaleur régnant dans les salles d’audiences du Tribunal de grande instance de Dakar.
La Procureure Adja Fatou Diouf s’était évanouie en pleine audience. Pour rappel, c’est lorsque c’était son tour de prendre la parole que ses collègues s’en sont rendus compte avant d’alerter les secours. Assise sur son fauteuil, la parquetière ne bougeait pas. C’est ainsi que l’assesseur est venu vers elle pour s’enquérir de son état. Le juge a suspendu l’audience et fait évacuer la salle lorsqu’on s’est rendu compte qu’elle était inconsciente.
Une syncope correspond à la perte complète de connaissance soudaine et brève, jusqu’à 30 minutes environ. Elle surgit à la suite d’une baisse de l’apport sanguin et de l’apport d’oxygène au cerveau.
C’est vers 13 heures que la victime a été acheminée à l’hôpital avant qu’un autre procureur ne la remplace.
D’ailleurs, les avocats, qui ont réagi, avaient pesté sur les conditions de travail au Tribunal en cette période de chaleur. A les en croire, la salle d’audience n’est pas aérée, parce qu’il n’y a ni de climatisation, ni de ventilation.
La même scène a failli se reproduire hier. Selon une photographie faite par L’Observateur : des détenus compactés dans le bloc des accusés, suant à grosses gouttes, des avocats et magistrats contraints d’utiliser leur robe pour s’essuyer constamment, entre autres objets de fortune utilisés par l’assistance comme éventail. La faute à un système de climatisation défectueux et qui peine à être rétabli.
Le ministère de la Justice évoque des cas de vols
Après concertation avec les magistrats, le juge a décidé du renvoi. “Il est inconcevable en 2021, au Sénégal, que des dossiers criminels, en état d’être jugés, soient renvoyés pour cause de difficiles conditions de travail. À cause de la forte chaleur qui prévaut dans les salles d’audience, souvent bondés de monde, nous sommes obligés d’utiliser nos documents comme éventail. Que dire du sort des accusés. Imaginez un détenu qui s’attend à être jugé et qu’on informe qu’il va devoir encore rester en prison parce que le système de climatisation est défectueux. C’est d’autant plus inquiétant que ces détenus ont des droits. La situation est pire au Tribunal départemental de Pikine – Guédiawaye, où plusieurs juges se partagent un bureau sans compter l’étroitesse des salles d’audience”, peste Me Aboubacry Barro, dans un sévère réquisitoire.
En face, le ministère de la Justice se dédouane, imputant la défaillance constatée à des cas de “vols”. “Il y a eu plusieurs cas de vols de pièces au niveau du système central de ventilation. Ceci a occasionné une défaillance du système. Le central qui ventilait la climatisation dans les salles d’audience a eu des soucis. Après enquête, on s’est rendu compte que c’était un acte de sabotage qui a occasionné cette panne. Pour pallier provisoirement à la situation, le ministère a acquis des armoires de climatisation. Dès demain (ndlr : aujourd’hui jeudi 7 octobre), toutes les dispositions seront prises pour que la situation revienne à la normale. Une enquête est d’ailleurs en cours pour identifier les auteurs de ce sabotage”, a expliqué la chargée de la communication du ministère, Binta Ndong.
Maderpost / Emedia