La gestion de la démocratie et des libertés du président Talon est décriée par ses opposants et les ONG internationales. Le climat est tendu et les exigences de l’opposition de prendre des mesures pour décrisper le climat politique sont restées jusqu’à présent sans suite. Mais mercredi, Patrice Talon a reçu au palais présidentiel son prédécesseur Boni Yayi pour la première fois depuis 2016.
BENIN – Jusqu’ici l’opposition formulait ses revendications à l’occasion des meetings, les points de presse ou via les réseaux sociaux. Boni Yayi a décidé de les porter directement au président Talon dans son palais et sans témoins. La démarche est nouvelle. Du coup, cette rencontre, inimaginable encore la veille, est interprétée par des observateurs comme le début d’un processus.
Une question : les deux hommes sont-ils maintenant prêts à tourner la page et à faire des concessions de taille ? Publiquement Patrice Talon n’a rien dit sur les réclamations de son prédécesseur : libération des prisonniers politiques et retour des exilés. Mais il n’y a pas que ça, le calendrier électoral prévoit des élections législatives en 2023, rappelle notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
Boni Yayi n’a pas évoqué cet enjeu-là, mais il compte beaucoup pour l’opposition qui souhaite que les verrous qui l’ont privé des législatives en 2019 et de la présidentielle en 2021 sautent. N’allons pas plus vite que la musique, tempère un observateur averti, attendons les signes de chaque camp politique dans les jours à venir.
La classe politique dans l’attente de la réponse de Talon
Du côté de la classe politique, les réactions étaient partagées suite à cette rencontre. Surprise pour les uns, frustration de ne pas avoir été conviés pour d’autres. S’il se dit satisfait des propositions de Boni Yayi, Antoine Guédou, vice-président du collectif de l’opposition, attend désormais la réponse de Patrice Talon : « Déjà la libération des prisonniers, le retour des exilés. Nous sommes en République donc le respect du droit, c’est tout ! Le respect des textes de la République. La classe politique attend la réponse du président Talon. »
Député de la mouvance présidentielle, Abdoulaye Gounou estime que Patrice Talon n’avait pas à répondre directement à Boni Yayi pour des raisons de protocoles et que pour l’ensemble de la classe politique, le principal est d’aller de l’avant : « Nous empêtrer dans des guéguerres et des querelles interpersonnelles, ça ne rapportera rien à notre pays. »
Reste donc à voir comment le président Patrice Talon répondra à cet appel de Boni Yayi. Certains dans l’opposition ne croient pas à cette main tendue : « Ils nous ont déjà fait le coup, ils ne sont intéressés que par leur agenda politique ».
Maderpost / Rfi