L’autorité sanitaire de l’Union africaine s’en est pris jeudi aux dirigeants mondiaux qui n’ont pas honoré leurs promesses de partager les vaccins contre la Covid-19 avec les populations les plus pauvres, au moment où l’Afrique fait face à une résurgence de la pandémie.
CORONAVIRUS – Partout en Afrique, où le chiffre des 200 000 morts a été dépassé mardi, le nombre de cas augmente à un rythme alarmant. Plus de 40 pays connaissent une troisième vague, six sont déjà aux prises avec une quatrième, alors que la vie reprend son cours normal dans de nombreux pays riches grâce à des taux d’immunisation élevés.
Seulement 3,18 % des Africains ont été complètement vaccinés sur un total de 1,3 milliard d’habitants. Ces retards s’expliquent par la pénurie de doses disponibles, mais aussi par la défiance d’une partie des populations envers les vaccins. “Nous ne pouvons pas continuer à politiser cette situation en faisant des déclarations qui ne débouchent pas sur des engagements fermes”, a déclaré le directeur des Centres africains de Contrôle et de Prévention des maladies (Africa CDC), John Nkengasong.“Les promesses ne font pas pleuvoir les vaccins”, a-t-il dit lors d’un point de presse en ligne.
Inégalités d’accès à la vaccination
Les grandes puissances du
G7 se sont engagées en juin à partager
un milliard de vaccins contre la
Covid-19 avec les
pays en développement, au lieu des 130 millions promis en février, espérant faire les critiques sur les
inégalités d’accès à la vaccination. Le plan du G7 comprend également des engagements visant à éviter de futures pandémies, comme la réduction des délais de développement et d’homologation des vaccins, le renforcement de la surveillance mondiale et de l’
Organisation mondiale de la santé (OMS).
Mais selon John Nkengasong, l’arrivée des doses promises ne s’est pas encore matérialisée en Afrique.
“Nous n’avons pas vu un milliard de vaccins”,a-t-il asséné. Et de dénoncer une
“diplomatie des vaccins selon laquelle les gens tiennent des discours dans les médias qui ne sont pas reflétés par la réalité”.
L’OMS a exhorté mercredi les pays riches à distribuer en priorité des
premières doses aux professionnels de santé et aux populations vulnérables des pays les plus pauvres, plutôt que de fournir des rappels (doses
“boosters”) à leurs propres ressortissants. Selon ses estimations, l’Afrique aura besoin de
1,5 milliard de doses de vaccin pour immuniser 60% de ses habitants.
Doses de rappel
“Nous ne gagnerons pas cette guerre contre la pandémie si nous ne vaccinons pas rapidement tout le monde”, a insisté John Nkengasong. _”Sinon, nous devrons nous préparer à vivre avec ce virus comme une maladie endémique.” _Ce jeudi, le directrice Afrique de l’OMS, Matshidiso Moeti, a déclaré que pour diverses raisons, notamment le
déploiement des rappels,
“nous recevrons 25 % de doses en moins que prévu d’ici la fin de l’année”.
Les commentaires de Matshidiso Moeti aux journalistes sont intervenus alors que les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont déclaré qu’un peu plus de 3 % des personnes sur le continent africain ont été entièrement vaccinées. Cette couverture tombe à environ
1,7 % en Afrique subsaharienne, selon l’OMS.
Les responsables africains de la santé sont consternés par l’annonce faite mercredi que l’initiative mondiale
COVAX, qui vise à
distribuer des vaccins aux pays à revenu faible ou intermédiaire, réduit à nouveau ses prévisions de livraison. Cette révision est
“en partie due à la priorité donnée aux accords bilatéraux sur la solidarité internationale”, selon Matshidiso Moeti.
Problèmes de COVAX
Les problèmes liés à COVAX, ainsi que les
contrôles à l’exportation des doses de vaccin et l’introduction de rappels par certains pays,
“signifient réellement qu’à la fin, il faut faire un calcul, une projection selon laquelle nous recevrons 25 % de doses en moins que ce que nous avions prévu avant la fin de l’année”, a-t-elle déclaré. Et de faire ressortir que si COVAX a livré plus de cinq millions de doses de vaccin aux
pays africains au cours de la semaine écoulée,
“trois fois plus de doses ont été jetées rien qu’aux États-Unis” depuis mars.
“Chaque dose est précieuse”, a déclaré la directrice Afrique de l’OMS, ajoutant que les
pays à revenu élevé se sont engagés à partager un milliard de doses dans le monde, mais que jusqu’à présent, seules 120 millions ont été libérées. _”
Si les entreprises et les pays donnent la priorité à l’équité en matière de vaccins, cette pandémie serait rapidement terminée.” _
Les pays africains ont récemment connu une
forte résurgence des cas sous l’effet du variante Delta, alors que Matshidiso Moeti a signalé une diminution de près de 25 % des nouveaux cas la semaine dernière,
“la plus forte baisse en huit semaines depuis le pic de juillet.” Toutefois, la
couverture vaccinale étant la plus faible au monde, le continent reste vulnérable à une nouvelle poussée, voire à un autre variant du coronavirus, car le variant Delta, hautement infectieux, est déjà à l’origine de flambées dans de nombreux pays africains.
Maderpost / Africanews]]>
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