Un bulletin de sécurité de la DGAC recommande aux compagnies aériennes de demander aux passagers de passer en mode « avion » leurs téléphones 5G. Selon l’organisme, la nouvelle génération de téléphonie mobile pourrait perturber le fonctionnement des radioaltimètres des avions. Ne pas couper la 5G, est-ce vraiment dangereux ? AVIATION – Passer le téléphone en mode avion avant même les premiers tours de roue, c’est la consigne que donne systématiquement le personnel de bord depuis les débuts de la téléphonie mobile. Force est de constater qu’en pratique, ce n’est pas toujours vraiment appliqué par les passagers. Aujourd’hui, avec le déploiement de la 5G, cette consigne est « recommandée » aux compagnies aériennes par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Dans son bulletin Info sécurité N° 2021-01, l’organisme incite les exploitants à rappeler aux passagers de couper leur connexion cellulaire au réseau 5G sur les mobiles compatibles en raison d’éventuelles interférences qu’ils pourraient causer sur les radioaltimètres des avions de ligne. Une information qui vient également d’être confirmée par un porte-parole de la DGAC à l’AFP.
Utilisé en complément d’un altimètre barométrique, cet appareil mesure la hauteur de l’avion par rapport au sol en fonctionnant comme un radar. Il est essentiellement exploité pour les vols sans visibilité et notamment à proximité du sol.
L’autorité s’inquiète essentiellement des interférences qui pourraient avoir lieu lors de la phase finale d’un atterrissage, sous les 1.000 pieds (environ 300 mètres) de hauteur. Outre une potentielle altération des données relevées, l’autre souci c’est que ce radioaltimètre est lié à un système d’alarme de proximité (TAWS) qui alerte l’équipage.
Celui-ci pourrait alors se déclencher et perturber l’équipage au moment où sa charge de travail est importante.
Pour relever la trajectoire verticale, ce radioaltimètre émet des ondes sur une plage de fréquences allant de 4,2 à 4,4 GHz. Un spectre qui est suffisamment proche de celui de la 5G pour pouvoir être éventuellement perturbé, même si celles-ci sont cantonnées dans la bande 3,4 à 3,8 GHz. Il faut dire que ces antennes peuvent potentiellement émettre au-delà de leur spectre de façon temporaire.
Contrairement à l’altimètre qui renseigne sur une altitude barométrique, le radioaltimètre indique une hauteur. Cette donnée est relevée en utilisant un radar dont les ondes pourraient éventuellement interférer avec la 5G. © Capture Boeing 737, Flight SimulatorLa DGAC joue la carte de la prudence et appuie sa recommandation, sur un rapport du Radio Technical Commission for Aeronautics (RTCA), l’organisme américain chargé des fréquences radio du secteur aéronautique, datant du 7 octobre 2020.
Il concluait alors sur la possibilité de perturbations avec certains modèles de radioaltimètres. Mais, à l’époque, la RTCA avait limité son étude sur la bande de fréquences allant de 3,75 à 3,9 GHz. Du côté de la DGAC, les débuts d’étude technique sur le sujet sembleraient également confirmer ces éventuelles perturbations.
Dans les deux cas, rien n’est bien certain, mais le principe de précaution prévaut toujours en matière de sécurité aérienne. Plus que l’antenne 5G, ce qui préoccupe la DGAC c’est que la technologie active de la 5G vient pointer directement son faisceau sur les mobiles 5G à bord de l’avion.
En revanche, comme elle l’explique, elle ne peut pas véritablement confirmer ou infirmer les effets que cette 5G pourrait avoir sur les appareils à bord. C’est pour cette raison qu’il s’agit d’une recommandation et non d’une obligation réglementaire.
Maderpost / Futura]]>