DIPLOMATIE -Joe Biden a prononcé son premier discours de politique étrangère en tant que président jeudi 4 février devant le personnel du département d’État. L’intervention était retransmise en direct à la télévision à une heure de grande écoute.
Le président a déclaré à ces diplomates américains qu’ils étaient « le cœur et l’âme des États-Unis ». Marie-Cécile Naves de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) relève « cet hommage au personnel du département d’État, qui tranche avec l’attitude de son prédécesseur ».
« L’Amérique est de retour, la diplomatie est de retour », a martelé Joe Biden. « Nous allons rebâtir nos alliances ». Il a défendu les « valeurs messianiques de l’Amérique, comme la promotion de la démocratie et des droits humains », poursuit Marie-Cécile Naves. Pour illustrer ce « retour » du « leadership moral » sur la scène internationale, il a annoncé que les États-Unis accueilleraient dès l’an prochain 125 000 réfugiés dans le cadre du programme de réinstallation, soit une multiplication par huit par rapport aux 15 000 acceptés cette année, un plus bas historique.
Le président s’était aussi engagé à travailler pour effacer « une honte morale et nationale » héritée de son prédécesseur : la séparation de milliers de familles de migrants à la frontière sud des États-Unis en 2018, dont certaines n’ont toujours pas été réunies.
► Sur la Russie, Joe Biden veut-il opérer un vrai changement ?
« J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les États-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de la Russie était révolu » a affirmé Joe Biden dans son discours.
Les États-Unis doivent « être au rendez-vous face à l’avancée de l’autoritarisme », a lancé le président américain évoquant « la volonté de la Russie d’affaiblir notre démocratie ». Citant l’interférence dans les élections américaines, les cyberattaques ou encore « l’empoisonnement de ses citoyens », en référence à l’opposant Alexeï Navalny, il a multiplié les mises en garde. « Les mots sont forts, mais ils sont dans la continuité de ce que Joe Biden a dit pendant la campagne quand il déclarait : “les États-Unis vont conduire le monde” », rappelle Marie-Cécile Naves.
Le Kremlin a réagi vendredi 5 février. « C’est une rhétorique très agressive et pas constructive, nous le regrettons », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe. Il a cependant dit espérer qu’il reste « une base pour de la coopération, malgré l’énorme quantité de différends et de différences sur des sujets clés ».
► Quels sont les autres chantiers diplomatiques de Joe Biden ?
Le président américain a exhorté les généraux birmans, qui ont renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, à « renoncer au pouvoir » sans conditions alors que Washington et Bruxelles font planer la menace de nouvelles sanctions sur le pays.
Il a retiré son soutien à la coalition saoudienne au Yémen. « Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen qui a créé une catastrophe humanitaire et stratégique », a-t-il déclaré, confirmant la nomination du diplomate Timothy Lenderking, comme émissaire pour le Yémen. « Et pour souligner notre détermination, nous mettons fin à tout soutien américain aux opérations offensives dans la guerre au Yémen, y compris aux ventes d’armes. »
Joe Biden a par ailleurs confirmé qu’il allait « stopper » le retrait partiel des troupes américaines d’Allemagne annoncé par Donald Trump.
→ ANALYSE. Joe Biden face au défi chinois
Concernant la Chine, il a dit peu de chose. « Il ne faut pas en tirer de conclusion hâtive. Il aura une politique de fermeté à l’égard de la Chine, comme il l’a dit pendant la campagne, ce qui ne l’empêchera pas de coopérer avec elle sur l’économie ou le climat », conclut Marie-Cécile Naves.
Maderpost/ LA CROIX