Dans une semaine, la loi criminalisant le viol et la pédophilie va avoir une année d’existence dans l’armada judiciaire sénégalaise. Depuis le vote de cette loi, le 31 décembre, 2019, 414 procédures relatives à ces faits ont été enclenchées dans 12 des 14 tribunaux de grande instance du pays. L’autre constat est, jusqu’ici, aucune décision de condamnation pour viol n’a été prise par un juge.
VIOL ET PEDOPHILIE- Mais, il y a une recrudescence des cas dénoncés. Ce qui n’est pas mal, selon la présidente de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs). « Il y a plus de dénonciation. Parce qu’avant, il y avait une omerta très grave. Beaucoup de cas sont passés sous silence. Les associations de défense des droits de la Femme ont fait beaucoup de campagnes de sensibilisation des masses pour que ces faits soient dénoncés. Ce sont ces campagnes qui sont en train de porter leurs fruits », a déclaré Aby Diallo.
Certes, la loi criminalisant le viol n’est pas mauvaise, estime Abou Sy. Mais, le psychiatre pense qu’il faudrait aller au-delà. « Il y a un nombre de cas importants qui ne sont pas portés devant la justice », regrette-t-il. Pour lui, bon nombre de « violeurs » trainent d’autres pathologies psychiques qui nécessitent des traitements.
Après son adoption, cette loi criminalisant le viol avait suscité beaucoup d’espoir chez les associations féministes. Douze mois après, le sentiment le mieux partagé est que le viol est toujours là. Pour l’éradiquer définitivement, la présidente de l’Ajs demande : « une application rigoureuse de la loi. Il faudrait également une dénonciation systématique de ces cas. Parce que, si la dénonciation est faite et que la loi est appliquée, nous allons avancer. L’effet dissuasif sera nécessairement au rendez-vous. La loi doit être acceptée. Mais, on ne sent pas cette acceptation dans certains milieux. C’est ça qui n’est pas compréhensible dans une société où on dit que le droit des femmes est respecté ».
Maderpost / Emedia