Qui a dit qu’il n’y a ni morale ni éthique en politique ? Il suffit de voir la mise à mort politique orchestrée pour envoyer ad-patres le leader de Pastef Ousmane Sonko pour savoir qu’on ne recule devant rien pour abattre un adversaire même s’il faut laisser au passage quelques plumes.
POLITIQUE – Tout est parti d’un point de presse du tout puissant ministre et beau-frère du Président Macky Sall. Mansour Faye appelle les journalistes, envoie sa bombe, sans réponde à aucune question. Il n’était point question de conférence de presse avec la traditionnelle partition questions/réponses, mais plutôt question de donner une info.
“La suite coule de source”, comme le dit quelques jours plus tard Yakham Mbaye, directeur général du quotidien Le Soleil et membre du Secrétariat exécutif de l’APR. Le bagarreur intervient mercredi dans un entretien accordé à Dakaractu, dans lequel il balance l’audio d’un monologue. La seule voix entendue est dit-il de Sonko qui interpelle le magistrat Cheikh Issa Sall sur rencontre vieille de 7 ans, elle a eu lieu en 2013, entre lui, ledit magistrat et Mansour Faye.
Il n’est donc pas question d’une bande audio qui aurait été enregistrée en 2013 et donc à l’occasion de cette rencontre et encore moins entre Sonko et Mansour Faye, mais plutôt de cet appel dans lequel ont entend la voix de Sonko.
Mansour Faye aurait-il parlé d’un audio qui n’existait pas auparavant ? Sonko serait-il tombé dans le piège en appelant le magistrat qui l’aura enregistré pour ensuite balancer l’audio ? Allez savoir !
Ce qui est patent, c’est que le magistrat qui a joué un rôle d’intermédiaire pour l’audience entre l’opposant Ousmane Sonko et le beau-frère du Président, Mansour Faye, brisé le silence.
Dans cet entretien exclusif accordé au groupe E-Media, l’actuel Directeur général de l’Agence de développement municipale (ADM) livre sa part de vérité dans cette histoire qui nourrit la polémique, quelques heures après la divulgation d’un élément sonore faisant étant d’une conversation téléphonique récente entre Sonko et un témoin de l’audience.
« Depuis un certain temps, on cite mon nom dans cette affaire. Je suis un haut fonctionnaire. Je suis magistrat à la Cour des comptes. Lorsque le ministre Mansour Faye a déclaré qu’un haut magistrat était présent à cette audience, beaucoup ont pensé à moi. À l’époque, j’étais le Secrétaire général de la Délégation générale de la Protection sociale de la Solidarité nationale. Ousmane Sonko se trouve être mon ami et mon camarade de promotion. Il m’avait sollicité pour une préoccupation qu’il avait et pour laquelle seul le président de la République pouvait faire quelque. Et pour voir le Président, il y a des chemins officiels et des raccourcis. J’ai voulu l’aider à voir rapidement le président de la République et on est passé par Mansour Faye qui était (à l’époque) le Délégué général de la Protection sociale et de la Solidarité nationale.
C’était en 2013. Mansour Faye l’avait reçu en ma présence. Il avait enregistré sa préoccupation qu’il avait transmise au président de la République mais qui, malheureusement, n’a pas été réglée. La préoccupation, il faut la demander à Ousmane Sonko. Je suis là pour apporter la vérité sur l’audience. »
« Pour ce qui concerne l’audience, je peux confirmer qu’elle a bel et bien eu lieu dans les locaux de la Délégation générale de la Protection sociale et de la solidarité nationale en ma présence. Il y avait Ousmane Sonko et le ministre Mansour Faye.
En quoi un citoyen qui a une préoccupation se met à refuser, à nier sa possibilité ou non d’être reçu par le président de la République tout en sachant que le président de la République, ce n’est pas le président de l’Alliance pour la République, ce n’est pas le président de Benno Bokk Yakkar ?
C’est le président de tous les Sénégalais. Il reçoit des lutteurs, des chanteurs, des chefs d’entreprise, etc. Donc un citoyen qui voudrait le voir doit pouvoir être honnête avec lui-même et dire : “qu’à un certain moment, j’ai essayé de voir Macky Sall et il y avait Mansour Faye qui était là pour me le faciliter”. Il ne devait pas y avoir de polémique par rapport à cela. Par devoir de vérité, je me devais de venir dire, affirmer et confirmer que l’audience a bel et bien eu lieu ».
« La deuxième chose, c’est que je crois que dans ce pays-là, il faut qu’on arrête de terroriser intellectuellement les gens. Depuis le démarrage de l’affaire, sur les réseaux sociaux, beaucoup de responsables du Pastef se sont mis à m’insulter de manière extraordinaire simplement parce que j’étais le facilitateur de cette audience.
Je crois que cette manière de faire de la politique doit être bannie et ce terrorisme doit être combattu par tout le monde. Il n’existe pas au Sénégal des fonctionnaires vertueux parce qu’ils sont contre le pouvoir et des fonctionnaires malpropres parce que tout simplement ils sont avec le pouvoir.
Je crois que cette distinction doit être également relativisée. Sonko je le connais bien. On a fréquenté ensemble l’ENA. Je ne crois pas parce qu’il est de l’opposition qu’il est meilleur que les hauts fonctionnaires qui ont choisi d’accompagner le président Macky Sall. Cela, ses partisans doivent le savoir et arrêter de terroriser les hauts fonctionnaires qui choisissent d’accompagner le pouvoir. »
« À l’époque, Mansour Faye ne connaissait pas Sonko. Donc, la demande venait naturellement de Ousmane Sonko. Il faut que les gens soient honnêtes. Ce qu’il faut, c’est une honnêteté intellectuelle de tous les responsables politiques. Ousmane Sonko sait que l’audience a eu lieu.
Pourquoi il ne doit pas être honnête avec lui-même et avec les Sénégalais pour reconnaitre que l’audience a eu lieu ? Ce qui permet d’enterrer cette affaire, c’est que Ousmane Sonko reconnaisse que l’audience a bel et bien eu lieu.
Il peut être mal à l’aise devant ses partisans mais ça ne lui coûte rien de reconnaitre cette audience. À l’époque Ousmane Sonko n’était pas connu. Il n’avait pas d’aura donc, le déroulement de l’audience n’avait pas été enregistré. Mais il y a un élément sonore (récent) dans lequel Ousmane Sonko confirme l’audience. »
Sonko, “ami et camarade de promotion” du magistrat Cheikh Issa Sall est semble-t-il tombé dans la nasse de l’adversaire qui ne lui fera aucun cadeau. Il se peut qu’il tombe dans l’estime de beaucoup et perde du poil de la bête à quatre ans d’une présidentielle qui sent déjà le souffre, mais cela ne veut dire que l’adversaire gagnera plus en estime.
Maderpost
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