La pandémie du Coronavirus a impacté tous les secteurs de l’économie. Au Sénégal, le secteur de l’alimentation subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. Ainsi, pour que le Sénégal puisse remettre sur les rampes après la Covid-19, une politique alimentaire très performante doit être mis en place. C’est du moins l’avis de Dr Ibrahima Hathie, Directeur de l’IPAR qui a constaté un défaut de politique alimentaire au Sénégal.
ALIMENTATION – «On ne sent pas une politique alimentaire au Sénégal. Il y a une politique agricole d’une part qui n’est pas connectée à la politique industrielle, et d’autre part une politique commerciale qui n’est pas non plus connectée à cela», a constaté M. Hathie, l’un des invités de la matinale d’Iradio, s’exprimant sur le thème « transformation alimentaire et chaîne de valeurs ».
Pour lui, il faut une cohérence dans tout cela. Ainsi, il pense qu’il faut une réflexion globale qui mettra en œuvre les acteurs qui sont au niveau de la production, les acteurs qui sont au niveau du développement et de la transformation industrielle et ceux qui sont au niveau de la commercialisation. D’après le Directeur de recherche de l’IPAR, cette pandémie doit être une occasion pour lancer ce processus de la politique alimentaire c’est-à-dire de faire en sorte que ces différents types d’intervention soient cohérents.
Selon lui, la pandémie a montré que les systèmes alimentaires locaux sont extrêmement importants pour l’alimentation de la population. « On a vu, avec les mesures qui ont été prises notamment celles sur la mobilité que beaucoup ont souffert parce que simplement on compte plus sur l’extérieur pour nourrir cette population. Cette pandémie est une occasion pour redéfinir notre stratégie, notre politique alimentaire afin que cette politique alimentaire s’adosse sur notre propre production et puisse servir nos populations », a-t-il expliqué.
« Il va falloir que tout le monde milite pour promotion du consommer local »
Son Co-débatteur, Fallou Sarr, Directeur des relations extérieurs de l’Institut technologique alimentaire (ITA) abonde dans le même sens. A son avis, la solution unique : c’est le consommer local. Il va falloir, d’après lui, que tout le monde milite pour la promotion du consommer local.
« Si on parle du consommer sénégalais, c’est un système surtout en matière d’alimentation. Dans le système, il y a plusieurs acteurs et moi, je suis des acteurs de la recherche. Cette recherche a mis au point plusieurs innovations et technologies », a indiqué M. Sarr.
Etayant ses propos, il donne un exemple pour mieux asseoir sa thèse. « Vous savez que le Sénégal dépense à peu près 100 milliards de francs CFA par an pour importer de la farine de blé dur pour faire du pain et des produits pâtissiers. Lorsque nous avons analysé cette situation nos chercheurs ont mis au point un technologie qui permet aujourd’hui d’avoir une farine mixte de blé à 85% et de céréales locales (mil, maïs etc.) avec 15%. Et vous avez un mélange qui vous permet d’avoir un pain qui a trois avantages par rapport au 100% blé », explique-t-il.
Avant de poursuivre : « Le premier c’est qu’il est plus nutritif parce que plus riche en fibre alimentaire qui est un médicament pour tous ceux-là qui souffrent ou veulent éviter la constipation. Le deuxième avantage c’est la fraicheur. C’est-à-dire si vous prenez un pain 100% blé, comparé à du pain fabriqué à partir de la farine mixte, celui-là garde sa fraîcheur trois fois plus longtemps que celui du 100% blé. Et le troisième avantage est économique parce que des études ont montré qu’on économiserait sur la baguette entre 15 francs CFA et 25 francs CFA. Donc c’est un avantage pour la promotion du consommer sénégalais ».
Maderpost / Emedia