La question des 52 promesses de pêche à des navires chinois devant battre pavillon sénégalais débusquée récemment par le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes) est non seulement rejetée par les industriels, mais encore par l’Union nationale de la pêche artisanale du Sénégal (UNAPAS) et les ménages qui redécouvrent le bon Thiof et autres beaux poissons qui avaient disparu de leurs bols.
POISSON – Les Sénégalais redécouvrent le Thiof. Partout, de Dakar à Ziguinchor en passant par la Petite-Côte et Saint-Louis, le front maritime offre à ses populations les beaux et gros poissons qui avaient disparu des cuisines et pris l’ascenseur conformément à la loi de l’offre et la demande pour atteindre des prix hors de portée de la plus grande partie des ménages, même pour ceux de la classe intermédiaire.
Dimanche matin, Mme Soda Ndiaye, habitant Ouakam et vendeuse de poisson, est venue proposer son beau bol de poissons fraîchement pêché au fondateur de Maderpost. Une offrande au vu de la qualité des poissons. Un rapport prix largement en la faveur du consommateur.
Elle a traversé plus de 2km pour “montrer que le poisson et surtout le Thiof sont disponibles”. “Il y a bien longtemps que je n’ai pas vendu de Thiof”. Pas la peine de lui poser la question, il est clair pour elle que l’accalmie de la grande pêche causée par le Covid-19 permet au commerce traditionnel du poisson de revivre de sa denrée et aux populations de manger du bon poisson. Une aubaine. “Si l’Etat veut nous aider, qu’il nous serve alors et oublie les Chinois”, dit-elle. Histoire sans doute de faire comprendre qu’elle a suivi l’émission Jakaarlo Bi de vendredi dernier
Quid de l’argent dont a besoin le gouvernement et qu’il peut aller chercher dans la délivrance de licences ?
La création de sociétés de droit sénégalais avec de modiques sommes devant opérer avec des chalutiers coûtant des milliards relève du domaine du “grand n’importe quoi” déplorait vendredi dernier Boubacar Ndour, un des chroniqueur de la très suivie émission de TFM “Jakaarlo Bi”.
Le constat fait par Maderpost est que le bon poisson est vendu à bon prix le long de la corniche, dans les quartiers populaires et traditionnels lebu, sur l’île de Ngor au grand bonheur des pêcheurs, vendeurs et consommateurs, après qu’il eut disparu des étables au profit de l’exportation et populations européennes, russes, chinoises, etc.
La question de licences de pêche accordées aux grosses industries étrangères a toujours été débattue sans jamais être allée au fond quand bien même de grosses suspicions de corruptions auraient défrayé la chronique du temps du règne du Parti socialiste.
Arrivé en 2000 au pouvoir par le biais de la première alternance démocratique, Me Wade avait fait ouvrir des enquêtes. Des cadres hauts placés dans l’ancien régime avaient été convoqués à la police pour répondre aux enquêteurs.
Bien qu’étant une ressource importante de l’économie sénégalaise avec une recette à l’exportation de l’ordre de 135 milliards de francs CFA, soit moins d’un 1% du PIB estimé entre 13 000 et 14 000 milliards de CFA en 2018, le régime Wade avait tenu à assurer aux Sénégalais une “consommation abondante du poisson, compte tenu d’une disposition naturelle d’un littoral de 718 km réputées parmi les plus poissonneux du monde”, relevait en son temps Souleymane Ndéné Ndiaye alors Premier ministre.
Le gel de délivrance de licences et la mise en place de politiques pour la reproduction des espèces halieutiques va avoir des incidences favorables.
Et pour cause, les Sénégalais avaient une consommation de poisson supérieure à la moyenne mondiale annuelle en 2014. Pendant qu’elle était de 16 kg par personne et par an, les Sénégalais consommaient 26 Kg par an et par personne selon une étude sur l’offre, la demande et la consommation de produits halieutiques au Sénégal présentée en 2014.
Sur les 14 régions du Sénégal en 2014, sept avaient une moyenne supérieure à la consommation mondiale. Et sur 12 régions également, 5 avaient une consommation supérieure à la consommation normale du Sénégal.
Toutefois, pendant que des régions avaient une forte consommation de poisson, paradoxalement des régions comme Fatick, Sédhiou, Diourbel avaient des taux de consommation faible.
La préoccupation était alors de trouver des solutions pour que toutes les régions disposent de poissons. Parce que le Sénégal est justement un pays producteur, avec des ressources en quantité et en qualité, il était jugé “déplorable” que des régions aient une faible consommation avec moins de 16 kilos par tête d’habitant, alors que la moyenne nationale était déjà de 26 kilos.
L’étude recommandait alors au régime du Président Macky Sall de “corriger par la transformation des produits, la mise en place d’infrastructures de conservation, de transformation, et il faut qu’on arrive à combler ce déséquilibre au niveau national pour que les gens puissent consommer normalement du poisson jusqu’à hauteur de 26 kilos ou à la limite jusqu’à hauteur de 16 kilos qui est la moyenne mondiale”.
Avec le retour constaté de bons poissons et qualités prisées des Sénégalais pour le plat nation national, le riz au poisson (ceebu jën), il ne fait aucun doute que le retour des espèces est effectif autant sur les côtes que dans les bols sénégalais.
Le Sénégal qui plafonnait à 450 000 tonnes de poissons par an en 2014 alors que les projections de l’étude faite dans toujours dans la même année (2014) indiquaient pour 2020 des besoins estimés à plus de plus de 750 000 tonnes de poissons au niveau national et pour les besoins en exportation, ne peut que s’étonner de la promesse de 52 licences de pêche à des navires forcément étrangers dont on sait déjà la destination des captures. Partout ailleurs sauf dans les bols sénégalais.
Maderpost