Reconnu comme l’activiste le plus en vue du pays, aimé, admiré par des Sénégalais dont beaucoup admettent qu’il livre bataille pour eux, détesté et méprisé par ses détracteurs et partisans du camp présidentiel, Guy Marius Sagna baptisé GMS par Maderpost est en train de devenir le Général de la classe sociale revendicative au point de faire de l’ombre aux politiques de l’opposition.
POLITIQUE – Excepté son “ami et frère”, Barthélémy Dias, l’autre “enfant terrible” de la scène politique sénégalaise, avec qui il partage la même confession et lequel s’est permis du reste, maladroitement, de secouer l’église catholique pour la “sortir de sa torpeur” et l’amener “à défendre son enfant” avec un objectif tout de même atteint, Guy Marius Sagna a pris du galon pour se tailler un uniforme sur mesure du général de la contestation sociale, devant la société civile et la classe politique.
Armé d’un discours intelligent, fort de son plaidoyer social, et capable de garder sa sérénité sur les plateaux de télévision même face aux attaques en dessous de la ceinture, GMS incarne la force de l’activisme pur et dur plus expressif et déterminé.
L’activisme se mondialise et au Sénégal, comme ailleurs dans le monde, les gouvernements sont tenus de compter avec, s’ils ne veulent pas en faire les frais et en payer le prix.
Pour l’avoir ignoré, Yaya Jammeh en a payé le prix. Avec la révolution digitale, se sont opérés des changements importants et de rupture en Gambie, qui ont entraîné de nouveaux comportements sociaux partageant, analysant, commentant, voire décidant de la marche à suivre dans des élans spontanés ou alors élaborés.
Au Sénégal, la sortie de dizaines de milliers de jeunes Sénégalais pour accueillir l’équipe nationale de football vaincue en finale de la CAN 2019 et célébrer la défaite, exprime tout aussi bien un malaise social et un ras-le-bol.
La naissance des “gilets jaunes” en France, la montée du repli identitaire soulevé par des activistes et accompagnés par des partis nationalistes, voire extrémiste, confirme la tendance.
Suffisamment instruit et cultivé pour en tirer les conclusions dans sa posture d’activiste et assez engagé pour aller au combat et par conséquent en prison “au nom des Sénégalais”, GMS ne peut que devenir ce “martyr” qui se “sacrifie” pour les siens.
Sa popularité s’agrandit davantage quand sa résistance au “mal politique et à la peine” est incontestable. D’où une résilience certaine, qui plus est favorisée et construite de toute pièce par un pouvoir hostile à l’expression démocratique et symbolique.
Il est vrai que le pouvoir a aidé GMS et peut-être même été le tailleur de son uniforme de général.
La lettre de GMS rendue publique avant sa mise en liberté provisoire, et les querelles d’avocat mises à jour par Me Kouraychi Bâ, membre du pool d’avocats défendeurs, évoquant des manœuvres du pouvoir via l’invité de la dernière heure, Me Amadou Sall, pour extraire l’activiste de prison, en disent long sur la « patate chaude » qu’était devenu le même activiste.
Encombrant, dangereux, GMS l’est devenu sans aucun doute, aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition et la société civile à qui il ravit la vedette.
Il faut en référer à son arrivée en fanfare en Casamance et à son appel du dimanche 8 mars à l’endroit des femmes d’Etomé et au-delà à tous les mécontents et frustrés et déçus du pouvoir Sall, pour mesurer le nouveau statut de Guy Marius Sagna.
Il va falloir désormais compter avec lui, de quelque bord que l’on soit, car la rue sait qu’elle a maintenant un général.
Maderpost / Charles FAYE