A 28 ans, le rappeur Dip Doundou Guiss est la nouvelle étoile montante de la musique sénégalaise. Celui qui a grandi dans le quartier dakarois de Grand-Yoff, biberonné au son de l’Américain LL Cool J, ambitionne de réussir aussi bien sur le plan international que son idole et référence, Youssou Ndour. MUSIQUE – RFI Musique : Dip Doundou Guiss (Vivre et voir en wolof), votre nom d’artiste, c’est également votre façon de voir la vie ? Dip Doundou Guiss : On peut dire ça. DIP, d’abord, ce sont les initiales de mon véritable nom : Dominique Preira. “Doundou Guiss”, c’est un concept qui englobe dans ma musique, les thèmes que j’aborde. Doundou : “vivre, la vie” ; Guiss : “voir”. Tout ce que je vois, tout que je vis, tout ce que les autres vivent et que moi, je vois. Vous utilisez beaucoup le “je” dans vos chansons, c’est pour suivre la tendance ego-trip dans le rap… Non pas du tout ! Ce n’est pas un style ou une tendance que je suis. Quand je fais de la musique, j’ai tendance à parler de moi, mais en pensant aussi que je parle aux autres. Parce que je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui ont vécu ou vivent la même chose que moi. Donc, j’utilise beaucoup le “je” pour que celui qui écoute ma musique se sente concerné. Quand on parle de soi, en général, on parle avec le cœur. Quand une star internationale comme Youssou Ndour débarque à votre dernier concert (le 8 février 2020) pour chanter avec vous, vous le prenez comme un adoubement, une consécration ? C’est surtout un honneur. Cela fait très plaisir, Youssou Ndour montre qu’il s’intéresse beaucoup à ce que je fais. Il s’intéresse à la jeunesse aussi à travers moi, et son fils est fan de ma musique. Donc, c’était un honneur de l’avoir avec moi sur scène. Ce n’était pas notre première rencontre. Il a eu à me conseiller plusieurs fois et franchement, on a failli faire un duo dans mon dernier album. Il me suit et me conseille et notre relation commence à dépasser le cadre musical. J’ai fait une chanson intitulée Youssou Ndour. J’aspire à être le “Youssou Ndour” du rap au Sénégal. Je pense que c’est possible. Il faut juste travailler pour que cela se réalise. Vous citez Youssou Ndour, qui est d’un autre univers musical, le mbalax, mais très peu ou jamais de rappeurs sénégalais… Il y a beaucoup de rappeurs que je respecte. Il y en a plein que j’écoutais quand je débutais dans le rap. Youssou Ndour, je l’admire, je respecte beaucoup pour tout ce qu’il a réalisé en tant que chanteur, en tant qu’homme, en tant que professionnel. Si un rappeur avait la même dimension que Youssou Ndour, j’aurais sûrement fait un son au nom de ce rappeur. Cela ne veut pas dire que je ne respecte pas les rappeurs. Les pionniers du rap sénégalais comme PBS de Didier Awadi ou Daara J, comment vous inspirent-ils par exemple ? Quand je parle de Daara J, cela me rappelle mes débuts. Ils font partie des gens qui m’ont fait aimer le rap. Aujourd’hui, je ne me considère pas comme leur rival, mais plutôt comme leur héritier, et c’est un honneur. J’apprécie beaucoup ce qu’ils font et j’essaie de faire un peu comme eux ; exporter ma musique, faire en sorte que ma musique parle à toutes les générations, c’est-à-dire une musique “propre” sans clash, ni gros mots. Justement en parlant de musique “propre”, on a l’impression que dans la plupart de vos titres et à l’instar des Américains, vous aimez aller au clash avec les autres jeunes rappeurs comme Ngaka Blindé ou Omzo Dollar…. C’est normal ! C’est un peu l’univers du rap qui veut ça. Je dirais que même dans d’autres domaines comme la politique ou le sport, il arrive que les gens ne s’entendent pas. Parfois, cela peut devenir personnel, mais je ne l’ai jamais souhaité. C’est la vie. Un bon rappeur doit savoir se faire respecter d’une façon ou d’une autre. Cela ne veut pas dire que je ne m’entends pas avec d’autres rappeurs. Il y en a certains avec qui j’ai fait des duos ou assisté à leur concert. Votre but ultime est de devenir le meilleur rappeur du Sénégal ? Ce n’est pas un rêve de devenir le meilleur rappeur du Sénégal. Franchement, le plus important, c’est d’amener le rap sénégalais à un niveau où on parlera du hip hop sénégalais partout dans le monde. Aujourd’hui, mon ambition c’est faire comme Burna Boy (ndlr : chanteur nigérian, nominé aux Grammys Awards) ou la jeune Koffee (artiste jamaïcaine) qui a eu un Grammy à 20 ans. Pourquoi pas le Sénégal aux Grammys ? Nous avons des jeunes capables de faire aussi bien. La scène internationale, on y pense, on y travaille ; j’ai fait mon denier concert en Europe (au Café de la Danse) à Paris en février, c’est une première étape, d’autres vont suivre cette année en Europe. Maderpost / RFI]]>
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