Le collectif citoyen pour la sauvegarde et la réhabilitation de la Langue de Barbarie et de l’Ile de Saint-Louis propose l’aménagement d’une écluse pour apporter des solutions aux problèmes engendrés par l’ouverture d’une brèche dans cette zone.
ENVIRONNEMENT – S’exprimant dimanche lors d’un colloque initié par l’imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé, khalife de Serigne Mame Madior Cissé, sur le thème “La brèche de Saint-Louis : actions imminentes”, l’expert Cheikh Tidiane Seck, coordonnateur du comité scientifique du collectif citoyen pour la sauvegarde et la réhabilitation de la Langue de Barbarie et de l’Ile de Saint-Louis, a exposé les solutions préconisées par cette structure.
Il a évoqué une étude réalisée par le collectif, de concert avec des partenaires hollandais, laquelle propose de mettre en place un exutoire sur 200 mètres de large, soit une écluse, pour permettre aux pirogues et embarcations de passer sur cette partie du fleuve ver la mer, sans danger.
Cheikh Tidiane Seck estime que la fermeture de la brèche serait la pire des solutions, bien que son ouverture en 2003, pour parer aux inondations auxquelles Saint-Louis était confronté, “a occasionné plus de mal que de bien”.
En 2003, une importante crue du fleuve inondait la ville de Saint-Louis, amenant les autorités à ouvrir un canal de délestage de 4 mètres de large dans la Langue de Barbarie, à quelques kilomètres au sud de la ville, capitale nord du Sénégal, afin d’évacuer cette eau vers la mer.
Un mois plus tard, sous la pression combinée du fleuve et de la mer, cette brèche s’est élargie de plus de 600 mètres. Elle fait aujourd’hui plusieurs kilomètres, et est devenue la nouvelle embouchure du fleuve Sénégal.
La Langue de Barbarie est une étroite bande de sable de quelques centaines de mètres de large sur 30 km de long, que longe le fleuve Sénégal avant de rejoindre l’océan Atlantique plus au sud.
Au nord de cette flèche sableuse, se trouve la ville de Saint-Louis, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000.
Historiquement située sur une île fluviale (pour la partie coloniale) et sur une portion de la Langue de Barbarie (pour les quartiers de pêcheurs), Saint-Louis est la ville la plus menacée d’Afrique par la montée des eaux.
Selon le coordonnateur de son comité scientifique, le collectif citoyen pour la sauvegarde et la réhabilitation de la Langue de Barbarie et de l’Ile de Saint-Louis propose également le dragage et le balisage de cette zone pour permettre aux pêcheurs de faire la traversée de la brèche avec sécurité.
Des solutions existent aux problèmes engendrés par la brèche, “mais cela demande du temps, pour régler définitivement le problème de la brèche”, a dit Cheikh Tidiane Seck, en présence notamment de plusieurs imams et oulémas et d’autorités locales.
Des membres de la société civile ont également participé à ce colloque, de même que le directeur de l’Office des lacs et cours d’eau (OLAC), Alioune Diop, par ailleurs adjoint au maire de Saint-Louis.
Cheikh Tidiane Seck assure que le collectif est disposé à mettre cette étude à la disposition des autorités du pays, “pour les appuyer sur les solutions envisagées afin de résoudre définitivement et de manière durable le problème de la brèche de Saint-Louis”.
Malgré les difficultés auxquelles la ville de Saint-Louis se trouve confrontée, la capitale nord du Sénégal a le potentiel pour devenir ’’le poumon économique du Sénégal’’, ce qui suppose “un engagement et une volonté commune de ses fils”, a par ailleurs assuré M. Seck.
“Grâce à son potentiel, avec l’agriculture, la pêche, l’élevage, mais aussi avec la récente découverte de gaz aux larges des côtes saint-louisiennes, la ville tricentenaire a tous les atouts pour sa réhabilitation et son développement économique et social”, ajoute-t-il.
A l’occasion de ce colloque, le secrétaire général du collectif citoyen pour la sauvegarde et la réhabilitation de la langue de Barbarie et de l’île des Saint-Louis, Kader Fall, a réaffirmé l’engagement des membres de cette structure “pour la prise en charge totale des préoccupations des populations” locales.
Au nom du président du collectif, Kader Boye, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, M. Fall a lancé un appel “à tous les fils” de Saint-Louis, les invitant “à prendre part activement’’ au développement de leur ville en vue de “lui redonner sa place d’ancienne capitale de l’AOF et du Sénégal”.
L’imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé, s’est réjoui du travail effectué par l’équipe d’experts du collectif. Il a appelé “tous les fils” de la vieille ville à se retrouver pour la défense des intérêts de Saint-Louis, “pour sauver la ville historique, qui a marqué toute l’histoire du Sénégal, voire même de l’Afrique.”
Maderpost / APS
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