Courage politique requis. Les cadavres s’amoncellent sur nos routes mortifères, des vies sont définitivement brisées, et pourtant les accidents de la route continuent d’ensanglanter les pages de nos journaux.
Passées les émotions, les discours incantatoires sur la discipline routière, et parfois les condoléances télévisées du Chef de l’Etat aux parents des victimes, quand vraiment là, y’a trop de morts, et que ça fait voyant, le Sénégal retombe dans la chronique quotidienne des accidents de la route mortels.
Mais puisque nos vies ne valent pas tripette, les autorités de notre pays refusent de regarder les choses en face et d’évoquer puis de prendre en charge les véritables questions auxquelles il convient d’urgence d’apporter des réponses fermées à une coupable faiblesse.
Les autorités concernées par ce drame national, réajustent chaque jour leurs œillères, afin de ne pas regarder dans quelles directions il est impératif de sévir.
Le Directeur du CETUD, Monsieur Cheikh Oumar Gaye est apparemment tranquille lorsqu’il déclare un jour que «Plus de 90 pour cent des accidents incriminent le facteur humain la fatigue, l’indiscipline. C’est pourquoi l’Etat a mis en œuvre des projets dont le permis à points».
Sur ce point précis, il fait remarquer que beaucoup de documents de transport circulent au Sénégal. Par exemple il y a officiellement 996 000 permis de conduire qui ont été délivrés régulièrement par l’administration des transports routier alors qu’il y a plus de 3 millions de permis qui circulent dans le réseau. Ce qui fait qu’il y a près de 2millions de faux permis qui circulent au Sénégal . C’est pourquoi, dira-t-il nous allons numériser et sécuriser les titres de transport en introduisant la biométrie avec des cartes à puce ».
A la bonne heure !!! Il y aurait donc un Sénégalais sur quatre qui aurait le permis de conduire, vrai ou faux, pour le moment, c’est pas la question, ce qui tendrait à dire qu’ils sont sensés posséder une voiture… Cela fait sourire.
Mais avec plus de 2.000.000 de faux conducteurs, on s’étonne encore de convoquer le facteur humain. Mais la réponse est dans la question.
Comment, par quel circuit de corruption adossé un réseau d’influences, autant de faux documents ont-ils été délivrés ? Leurs détenteurs ipso facto ne connaissent rien au code de la route, ce qui nous offre à voir des charretiers emprunter l’autoroute à péage et se présenter tranquille à la file « Rapido ».
Puisqu’il pense que c’est juste un chemin !!! Comme au bled !!! Autre cécité de nos autorités, qui est à la base même du problème, c’est le contrôle technique.
Tâchons d’évacuer la question avec une métaphore : S’il était fait dans les règles de l’Art et sans pression de quelconque lobby, nos villes seraient-elles embouteillées ? Encore une fois, la réponse est dans la question.
Prenons nos cars rapides. Ils sont souvent immatriculés « DK A », ce qui date leur existence aux années 70. Refaits, soudés de partout, soudures qui en fait provoquent plus de dégâts que le choc lui-même, il était convenu de renouveler ce parc antique par de nouveaux véhicules de transports en commun.
C’était plus qu’un projet, c’est un programme, financé, piloté dans la douleur par le CETUD, mais qu’il est impossible de dérouler, parce que des lobbies veulent continuer à prospérer tranquillement dans le désordre actuel.
L‘ordre empêche les Sénégalais de prospérer, et cela n’arrange pas de réorganiser ce secteur aux milliers d’emplois informels… Mais silence… Ils peuvent continuer à tuer.
Ils achètent des bidons de liquide-freins, dont ils savent que ces bidons ne contiennent que du « Savon de Marseille » pilé, et alors ? Ils disent à haute voix « Bissimillah » avant de démarrer, ils ont convoqué par là-même Dieu, leur plus efficace, selon eux, « Garçon Commissionnaire », ils ont en réassurance absolue, collée sur le pare-brise, la photo de leurs marabouts, si par extraordinaire ils devaient commettre un accident mortel, c’est que vraiment Dieu n’est pas dans un bon jour !!!
Cela dit, des infrastructures ont été réalisées, les routes sont bonnes, mais cela prouve juste que l’on ne peut parler des Infrastructures sans mettre à niveau la superstructure, l’éducation, la réflexion, la citoyenneté, le civisme et la probité. Mais rien ne sera possible sans la lucidité nécessaire pour le Pouvoir, de devoir s’attaquer au tréfonds de notre ADN et de nos habitudes qui a pour nom : CORRUPTION.
Le permis à points est la dernière histoire drôle. Comment ôter des points sur un faux permis ? Pliés en quatre de rire, nous attendons la réponse.
Jean Pierre CORREA
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