Serigne Mboup, Directeur général de la SAR s’est prêté au jeu questions-réponses de Africa Oil & Power, il y a trois mois de cela, Maderpost revient sur l’interview qu’il reprend ci-dessous.
Quel est le rôle de la Société Africaine de Raffinage (SAR)?
La SAR a été construite en 1961 et a démarré ses activités deux ans plus tard. À sa naissance, la raffinerie avait une capacité de production de 600 000 tonnes par an, qui passait de 800 000 tonnes par an en 1983 à 1,2 million de tonnes par an aujourd’hui.
Le dernier investissement en date pour augmenter la capacité est une salle de commande centrale entièrement numérique, permettant d’optimiser le traitement tout au long du cycle de vie, du pétrole brut aux produits raffinés.
Le rôle de SAR est de fournir au marché intérieur quels produits liés aux hydrocarbures; la structure et la croissance des marchés locaux et régionaux nous ont permis de réaliser des investissements stratégiques tels qu’une unité de réception au butane et une ligne maritime.
Quelles sont les extensions pour la SAR à court et long terme?
SAR envisage d’accroître sa capacité à satisfaire les besoins du marché local et à augmenter ses exportations vers la sous-région, y compris le Mali, qui est déjà aujourd’hui un important importateur de nos produits. Nous avons élaboré un plan d’investissement de 2018 à 2020 comprenant trois piliers.
L’augmentation de la capacité de production à 1,5 million de tonnes par an, ce qui permettrait de satisfaire 70% à 75% des besoins du marché intérieur
Moderniser les équipements pour produire du pétrole brut plus efficacement
Procéder à un «Arret Metal» (arrêt temporaire au cours duquel une batterie de tests intensive est réalisée dans le but d’accroître la sûreté et la sécurité)
Après avoir atteint ces objectifs en 2020, notre prochain objectif sera d’atteindre une capacité de 2,5 à 3 tonnes par an. Ces chiffres nous permettront de satisfaire pleinement les besoins du marché intérieur tout en alimentant la croissance économique nationale jusqu’à 5%, ainsi que de réaffirmer notre position de partenaire stratégique des principales parties prenantes sur le terrain régional.
Ces augmentations de la capacité de production devraient aller de pair avec une forte augmentation des capacités de stockage du pétrole brut et des produits raffinés. L’investissement total pour atteindre ces objectifs est d’environ 70 millions d’euros.
Envisagez-vous de vous développer dans la zone actuelle de la raffinerie ?
Le «cercle du danger» (le cercle du danger est une zone déterminée autour de la raffinerie dans laquelle la population résidente pourrait être exposée à des risques industriels tels que la pollution ou des explosions), qui a été mentionné à plusieurs reprises dans la presse, n’est pas une question en tant que telle.
Aucune population n’est à risque en raison des activités de la raffinerie dans son secteur d’activité. Cependant, nous devons améliorer la logistique du port à la raffinerie. Le parcours traverse plusieurs zones très peuplées pouvant présenter des risques potentiels.
En termes d’expansion, la taille de notre terrain nous permet de construire de nouvelles infrastructures et d’atteindre les objectifs de capacité mentionnés précédemment.
De plus, notre plan à long terme est de nous conformer aux normes Afri4 et Afri5. Un investissement phare en ce sens consiste à acquérir un hydrocraqueur capable de traiter le pétrole brut avec une concentration plus élevée de soufre et de produire des produits pétroliers plus écologiques.
Cette stratégie s’inscrit dans la tendance mondiale en faveur d’une production d’énergie plus verte à laquelle le SAR entend se conformer pleinement. Des travaux de conception et de construction appropriés permettront à la SAR d’atteindre tous ces objectifs ambitieux tout en restant dans cet espace.
Le gouvernement envisage-t-il d’augmenter la capacité de raffinage du pays dans son ensemble?
Le Sénégal a récemment procédé à plusieurs importantes découvertes en mer, ce qui stimulera la production et les perspectives d’exportation. En outre, le Sénégal et le bassin de MSGBC sont relativement sous-explorés en ce qui concerne l’exploration en offshore profond et inexplorés en ce qui concerne l’exploration ultrade.
Compte tenu de l’expérience d’autres pays du continent, nous sommes très optimistes quant au potentiel de nouvelles découvertes à venir dans un proche avenir.
Le gouvernement du Sénégal a exprimé le souhait de faire de notre pays la plaque tournante énergétique de l’Afrique de l’Ouest, ce qui justifie donc la construction d’une deuxième raffinerie plus grande pouvant traiter entre 5 et 10 tonnes par an, similaire aux raffineries de Dangote au Nigéria.
Cette unité serait capable d’exporter massivement vers le continent et serait également à la portée de nouveaux marchés, compte tenu de la position stratégique du Sénégal vis-à-vis de la Méditerranée, de l’Europe et de l’Amérique latine. Ainsi, entrer en concurrence avec les raffineries asiatiques en Inde et en Chine.
Quel modèle de financement est envisagé pour les projets d’expansion de la SAR?
SAR a avant tout une mission de service public visant à fournir à la population sénégalaise des produits à base d’hydrocarbures.
Le Fonds de sécurisation des importations de produits pétroliers (FSIPP) a été créé en 2006 pour soutenir cette mission et mettre en valeur les ressources naturelles du pays.
Nous sommes en mesure de réinvestir une partie des flux de trésorerie provenant de ce fonds dans des projets de modernisation afin de maximiser l’efficacité de nos opérations. Ce modèle de fonds a considérablement accru la confiance de nos actionnaires en notre solidité financière.
Quelle est l’importance de la politique de contenu local pour le développement de l’économie du secteur des hydrocarbures dans le pays?
Le contenu local est un sujet clé au cœur de la stratégie pétrolière et gazière du gouvernement, étant donné que la véritable valeur de l’industrie pétrolière réside dans les services.
Les cadres de réglementation ont été élaborés au moyen de consultations publiques afin que les lois qui en résultent soient aussi proches que possible des souhaits du citoyen. La redistribution des revenus générés est apparue comme un sujet très important pour eux, car ils souhaitent voir l’impact des découvertes sur des secteurs clés, tels que la santé et l’éducation, à tous les niveaux de la société.
En outre, les nouveaux codes du pétrole et du gaz, qui devraient entrer en vigueur avant la fin de l’année, libéreront le potentiel du Sénégal grâce à des mécanismes de licence en bloc actualisés et à une transparence accrue.
Depuis que notre pays a rejoint l’Initiative pour la transparence des industries extractives, les entreprises doivent soumettre leurs bilans et leurs chiffres financiers publiquement. Ce type d’engagement témoigne de la volonté du Sénégal de rivaliser au niveau international avec les principaux acteurs pétroliers du monde.
La dernière pierre de la stratégie en matière de contenu local est la création de l’Institut national du pétrole et du gaz (INPG), qui a pour objectif de former et de former les futurs dirigeants et gestionnaires de l’industrie pétrolière ainsi que du personnel technique hautement qualifié. avec les normes internationales.
Il a été créé en partenariat avec des écoles canadiennes et américaines et des acteurs majeurs de l’industrie afin d’assurer le plus haut niveau d’éducation possible.
Les partenariats avec les majors et les petites et moyennes entreprises sont particulièrement importants car ils permettent aux étudiants d’acquérir une expérience de terrain et d’apprendre les meilleures pratiques avant la fin de leurs études, pour être pleinement opérationnels une fois leur diplôme obtenu.
Cet institut formera non seulement les travailleurs du secteur pétrolier et gazier de demain, mais contribuera également à l’amélioration des compétences des entreprises locales tout au long de la chaîne de valeur du pétrole.
En effet, pour atteindre l’objectif du gouvernement consistant à fournir 60% de contenu local dans l’ensemble du secteur, nous devons sensibiliser nos PME aux ateliers, séminaires de formation, formations techniques, etc. RS a récemment modernisé sa stratégie en matière de ressources humaines en organisant des sessions de formation internes, envoi de groupes de consultants aux sociétés de services et autres initiatives similaires.
Le Sénégal est réputé pour la qualité extraordinaire de ses ressources humaines. Le défi restant consiste à créer plus de spécialisation dans des domaines d’intérêt, tels que l’industrie pétrolière.
Nous pensons que la politique de contenu local basée sur le partage des avantages, l’inclusion et la transparence est le seul moyen pour le Sénégal de se lancer dans l’aventure fantastique à laquelle ces découvertes ont donné droit.
Africa Oil & Power